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Actualités - CHRONOLOGIE

Pour la première fois dans l'histoire de la justice au Liban Deux cents magistrats se rassemblent pour exprimer leur appui au CSM (photos)

Le malaise qui frappe depuis quelque temps le corps des magistrats s’est traduit hier par une grande manifestation de solidarité avec le Conseil supérieur de la magistrature et surtout, avec son dernier communiqué, qui avait lancé un appel pour que cessent les ingérences dans les affaires de la magistrature. La grande salle réservée à la cour de cassation — où se déroulent généralement les audiences des procès devant la Cour de justice — grouillait hier de juges, installés sur les bancs réservés généralement aux avocats, et même — ultime ironie du sort — dans le box des accusés. C’est que l’heure est grave. C’est la première fois, de mémoire de greffier, que se tient une telle réunion de magistrats. Il y en avait, selon certaines estimations, près de 200 (sur 348 que compte le Liban), venus exprimer leur appui au CSM et à son président, M. Mounir Honein, et parler de leurs doléances qui se résument en une seule phrase, énoncée par M. Honein: «Renforcer l’immunité morale et matérielle du magistrat». Peu habitué aux discours et surtout craignant les interprétations fantaisistes et les récupérations politiques, le président Honein a été très discret devant la presse, réservant sa parole aux magistrats eux-mêmes, qu’il a longuement rencontrés, à huis clos, en présence de tous les membres du CSM. Devant les journalistes, M. Honein, qui avait à ses côtés le bâtonnier Antoine Klimos et son prédécesseur, M. Chakib Cortbawi, venus exprimer leur solidarité et celle de l’ordre des avocats avec l’action du CSM, a insisté sur le fait que le CSM agit en silence et que son cri de protestation s’adresse à tout le monde, y compris la presse. Tout en niant le fait que la magistrature soit soumise à des ingérences politiques, M. Honein a laissé entendre que le CSM préparait des mémorandums exprimant les revendications des magistrats, qui seront transmis aux autorités. Mais tout se fera dans la plus grande discrétion, comme il est de coutume dans toute action du CSM. Selon M. Honein, tout ce qui devait être dit figure dans le dernier communiqué et la magistrature se contente de réclamer l’application de la Constitution (qui fait du corps judiciaire un pouvoir à part entière). De son côté, le bâtonnier Klimos a précisé qu’il tenait à exprimer sa solidarité avec le CSM. Il a ajouté que s’il peut comprendre que l’Etat dispose de moyens limités, il n’accepte pas son échelle de priorités. Selon lui, en effet, l’indépendance de la magistrature et le renforcement de son immunité morale et matérielle doivent être une priorité. Les avocats se considèrent donc très impliqués dans les revendications des magistrats. Au cours de la réunion à huis clos, les membres du CSM et à leur tête le président Honein ont expliqué leur action aux juges. Et, les journalistes postés dans les coulisses ont entendu à plusieurs reprises des applaudissements. Selon l’un des magistrats présents, les membres du CSM ont précisé qu’ils déploieraient tous leurs efforts pour que l’immunité du magistrat soit renforcée. Selon ce même magistrat, cela signifie d’une part une amélioration des conditions matérielles des magistrats, pour les placer au-dessus d’éventuelles tentations, et d’autre part, une législation qui donne au magistrat plus d’autonomie et d’indépendance. Toujours selon le magistrat, l’indépendance de la justice se réalise à travers deux points: le CSM doit être la seule autorité en matière de magistrature et ceux qui sont aux postes clés (les membres du CSM par exemple) ne doivent plus dépendre de l’autorité politique pour leur nomination ou leur éviction. En somme, il faudrait que le magistrat ne soit pas un fonctionnaire, mais un juge à part entière. Pour en arriver là, il faudrait que l’Etat comprenne d’abord qu’il y a un malaise au sein de la magistrature puis qu’il décide de le traiter. Le rassemblement d’hier n’est d’ailleurs que la concrétisation silencieuse de ce malaise. Celui-ci avait atteint un degré tel que le CSM avait réagi en publiant son fameux communiqué. Et hier, il s’est entretenu avec les 200 juges pour les contenir et éviter les débordements. Apparemment, les magistrats sont repartis satisfaits. Reste à savoir si le timing de cette action est adéquat, en cette période de crises à répétitions. et si les pouvoirs exécutif et législatif sont prêts à examiner le dossier.
Le malaise qui frappe depuis quelque temps le corps des magistrats s’est traduit hier par une grande manifestation de solidarité avec le Conseil supérieur de la magistrature et surtout, avec son dernier communiqué, qui avait lancé un appel pour que cessent les ingérences dans les affaires de la magistrature. La grande salle réservée à la cour de cassation — où se...