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Actualités - CHRONOLOGIE

Irak-ONU Le Conseil de Sécurité très satisfait, mais Washington veut encore des éclaircissements La Russie et la France favorables à une levée rapide des sanctions contre Bagdad (photo)

Kofi Annan a réussi de toute évidence son pari. Accueilli hier en héros au Palais de Verre où il a été acclamé par ses collaborateurs, il s’est attelé, sans attendre, à défendre, devant le Conseil de Sécurité réuni, «son accord», arraché envers et contre tous à Bagdad. Au terme des premières heures de discussions, le Conseil s’est dit «très satisfait» de l’accord conclu entre les Nations Unies et l’Irak, malgré «les clarifications» réclamées, comme on s’y attendait, par les Etats-Unis. Profitant d’une pause dans les débats, l’ambassadeur US à l’ONU, Bill Richardson, a quitté le siège de l’Organisation tard en soirée (heure de Beyrouth) pour «faire le point» avec les collaborateurs du président Clinton à la Maison-Blanche. Cependant, à part «quelques détails qui restent à travailler», selon les propres termes de M. Annan, l’accord est quasiment en passe d’être avalisé par le Conseil de Sécurité dans les prochaines 48 heures. Dans la foulée, la France et la Russie espèrent également «aller plus loin» et convaincre la communauté internationale de lever, aussi rapidement que possible, l’embargo qui frappe l’Irak depuis sept ans. D’autres pays, comme la Grande-Bretagne qui généralement donne de «la» de la position américaine, estiment que le Conseil de Sécurité devrait travailler sur une nouvelle résolution tendant à clarifier les termes de l’accord et à prévenir de futures «sautes d’humeur» de la part de Bagdad dans le long processus d’inspection des sites qui va se mettre en place . Le Conseil de Sécurité a donc salué les «résultats très satisfaisants» de l’accord signé lundi à Bagdad entre le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan et le vice-premier ministre irakien Tarek Aziz, a déclaré le président du Conseil, l’ambassadeur du Gabon Denis Dangue Rewaka. Kofi Annan avait présenté un peu plus tôt au Conseil les termes de l’accord qu’il a conclu à Bagdad et qui prévoit des «modalités spéciales» pour les inspections des huit sites présidentiels. Cet accord assure également un accès libre et inconditionnel des inspecteurs de la Commission spéciale (UNSCOM) à tous les autres sites suspectés de receler des armes de destruction massive. Le Conseil de Sécurité «lui exprime sa gratitude pour l’action qu’il a menée à Bagdad qui a conduit à un résultat très satisfaisant, c’est-à-dire à un accord», a déclaré le représentant du Gabon à la presse à l’issue d’une réunion à huis clos du Conseil de Sécurité. Le représentant du Gabon, qui assure la présidence tournante du Conseil, s’exprimait au nom des quinze membres du Conseil de Sécurité. Mais les Etats-Unis ont réclamé «des clarifications» sur certains termes de l’accord. «Nous pensons que cet accord est un pas dans la bonne direction, mais nous avons besoin d’avoir des clarifications concernant les termes de l’accord», a déclaré l’ambassadeur américain à l’ONU, Bill Richardson. «Nous allons essayer d’avoir ces réponses dans les prochains jours», a-t-il ajouté. L’ambassadeur américain a souligné que «nous avons besoin de clarifier l’accord, nous avons besoin de le tester, nous avons besoin de le faire respecter». Le président américain Bill Clinton avait un peu plus tôt de nouveau averti l’Irak que les Etats-Unis observeraient «très attentivement» la manière dont ce pays appliquera l’accord qu’il a signé avec l’ONU. Kofi Annan, lors d’un point de presse, a affirmé qu’il avait «le sentiment général d’une approbation des membres» du Conseil à l’accord qu’il a conclu avec l’Irak, annonçant qu’il allait nommer un représentant spécial à Bagdad. L’ambassadeur chinois, Qin Huasun, lui a en tout cas apporté son soutien en affirmant que l’accord était conforme à toutes les résolutions du Conseil de Sécurité. «Il doit être mis en œuvre le plus tôt possible», a-t-il déclaré. L’approbation formelle du Conseil de Sécurité à l’accord devrait être donnée par une résolution «dans les prochains jours», a indiqué M. Weston. Il a souligné que son pays prendrait une part active à la rédaction d’un texte qui pourrait «renforcer l’accord et lui permettre d’être concrètement appliqué». Ambiguités Pour sa part, le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright a affirmé que Washington se tenait prêt à frapper si Bagdad ne respectait pas les termes de l’accord conclu avec l’ONU sur les inspections des sites suspectés d’abriter des armes de destruction massive. «Si l’Irak se mêle des inspections (...) nous agirons fermement, avec force et sans délai», a affirmé Mme Albright lors d’une audition devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères. Mme Albright a estimé qu’il existait encore des «questions et des ambiguïtés« concernant l’accord conclu par le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, avec l’Irak. Et elle a estimé que le Conseil de Sécurité devait s’assurer qu’il n’y ait «aucune échappatoire» aux inspections. L’accord prévoit l’accès des inspecteurs de l’ONU «à tous les sites», a affirmé Mme Albright, ajoutant que les experts de l’ONU seraient accompagnés d’experts de la commission internationale sur l’énergie atomique et par des diplomates. les inspecteurs de l’ONU détermineraient toutefois eux-mêmes où aller et quand y aller, a-t-elle ajouté. La levée des sanctions dépendra de la volonté du régime de Bagdad de se conformer aux volontés de l’ONU plutôt qu’au départ du leader irakien Saddam Hussein, a par ailleurs indiqué Mme Albright, commentant ainsi le souhait exprimé par Paris et Moscou. «Saddam Hussein doit respecter toutes les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU», a affirmé Mme Albright, interrogée par la commission sénatoriale des Affaires étrangères sur le point de savoir si Washington exigeait le départ du leader irakien comme condition de la levée des sanctions. «A ce stade, la levée des sanctions est hypothétique», a-t-elle ajouté. Le secrétaire à la Défense William Cohen, qui participait à cette même audition consacrée à la question de l’élargissement de l’OTAN, a affirmé pour sa part que le gouvernement du président Bill Clinton accueillerait avec satisfaction une éventuelle résolution du Congrès appuyant le recours des Etats-Unis à la force en cas de non-respect de l’accord. Gains irakiens Côté irakien, le vice-premier ministre irakien Tarek Aziz a estimé que l’accord conclu avec l’ONU assurait à l’Irak des «gains importants», susceptibles de conduire à une levée des sanctions. «Nous avons obtenu des gains importants en signant (avec le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan) cet accord» sur l’inspection des sites présidentiels irakiens, a déclaré M. Aziz lors d’une interview diffusée par la télévision d’Etat irakienne. «Ces gains sont de nature politique et pratique, liés à la question de la levée de l’embargo» imposé à l’Irak depuis son invasion du Koweit en août 1990, a ajouté M. Aziz. Il a ajouté qu’«il y aura une résistance de notre part» si les inspecteurs en désarmement de l’ONU demandent à revenir dans un site qu’ils ont déjà fouillé sans rien trouver. Les inspecteurs «vont se rendre dans ces sites présidentiels et y effectuer toutes les vérifications techniques nécessaires», a-t-il toutefois assuré. «Ce genre de travail nécessite confiance et respect mutuels. Nous sommes sûrs que le secrétaire général a de bonnes intentions», selon le responsable. Estimant que Bagdad n’avait pas fait «marche arrière», M. Aziz a indiqué qu’établir «la vérité sur les sites présidentiels est une idée irakienne qui sert les intérêts de l’Irak». «En vérifiant que l’Irak ne dissimule pas d’armes chimiques dans ces sites et que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne mentent (...), le monde réalisera que l’Irak a raison de demander la levée de l’embargo», a conclu le responsable irakien. (AFP, Reuters, CNN)
Kofi Annan a réussi de toute évidence son pari. Accueilli hier en héros au Palais de Verre où il a été acclamé par ses collaborateurs, il s’est attelé, sans attendre, à défendre, devant le Conseil de Sécurité réuni, «son accord», arraché envers et contre tous à Bagdad. Au terme des premières heures de discussions, le Conseil s’est dit «très satisfait» de...