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Actualités - ANALYSE

Une réalité tangible : la parfaite immunité anti-attaques du système ..

Se penchant sur la racine du mal, un ancien ministre estime, en bon connaisseur de la vie comme de la nature humaine, qu’un «système que des circonstances déterminées ont installé sans que la volonté populaire entre en compte se soucie fatalement des critiques comme d’une guigne puisqu’il se sait inamovible, dépendant uniquement d’un décideur qui n’a aucun intérêt à ce que les choses s’améliorent. Les médias, les spécialistes, les syndicats, les jeunes, les députés ont beau s’égosiller en dénonçant la crise, les fautes de gestion, les abus, les inégalités criantes, la discrimination politique ou administrative, la corruption généralisée, le pouvoir en place n’en a cure. Et à la limite, il doit penser qu’il est très magnanime de sa part de répondre sur la place publique aux accusations dont il fait l’objet. Car elles s’apparentent pour lui à un harcèlement insignifiant et pour un peu il ferait sienne la devise orientale «les chiens aboient, la caravane passe» pour se réfugier dans un hautain silence, s’il n’était obligé de discuter le budget…» Ce vétéran, nostalgique par définition, souligne que «le Liban pratiquant actuellement une tout autre «démocratie» que par le passé, l’opinion sait qu’il ne faut attacher qu’une importance toute relative et aucune espérance aux campagnes de l’opposition qui ne donneront jamais rien. Malgré la gravité de certains thèmes évoqués rien, en effet, ne peut changer tant que se poursuit un fait accompli qui impose le statu quo. Les opposants eux-mêmes ne se font guère d’illusions et savent très bien que leurs remarques tombent dans l’oreille d’un sourd. Mais ils sont tenus de poursuivre leur action, pour faire écho à ce que pense la majorité des Libanais qui grogne de plus en plus. D’autant que ce peuple se trouve privé de volonté propre depuis des années et la cessation de l’état de guerre n’y a pas changé grand-chose, puisqu’à bien y regarder, le Libanais ne peut toujours pas désigner librement ses représentants à la Chambre, les élections se déroulant à l’ombre d’une loi injuste, inégale, déséquilibrée. Or, le recours aux urnes est la seule voie permettant au citoyen d’exprimer sa voix et à la démocratie d’exister. Si cette procédure est tronquée, alors tout le système est vicié dans son essence même. Dès lors, les gouvernements se trouvent également formés d’une manière arbitraire, malgré de fausses apparences consensuelles qui ne concernent qu’un camp sur deux. Et ils s’imposent facilement à des Chambres qui n’en sont pas, du moment qu’elles ne peuvent pas voter la défiance… Le pouvoir tout entier, Législatif et Exécutif confondus, tirant son existence même de la volonté du tuteur étranger et non de la confiance des Libanais, ces derniers n’ont rien à en attendre et ne peuvent lui réclamer de comptes. Encore heureux qu’on les laisse protester…» Et de répéter qu’il est «compréhensible au fond que ni la présidence de la République ni le gouvernement ne se considèrent responsables devant le peuple et a fortiori devant la Chambre puisqu’ils ne leur sont pas redevables de leur désignation dont tout le mérite revient aux décideurs. C’est compréhensible donc mais qu’on ait au moins la décence de ne plus nous parler de «démocratie» et de «régime parlementaire» là où on n’en trouve aucune trace. Ainsi, la perversion du système va si loin que même les ministres, ou du moins ceux d’entre eux qui sont des «figures imposées» comme on dit en patinage artistique, ne font aucun cas du président du Conseil, leur chef nominal et s’opposent publiquement à lui. Ces dilettantes de la vie publique qui n’ont qu’un sens relatif de l’Etat et de son homogénéité, ont eux aussi bien raison: il vaut toujours mieux, dit l’adage, s’adresser à Dieu plutôt qu’à ses saints et du moment que le tuteur est content, le reste leur importe peu. Ni le président de la République ni le chef du gouvernement ne peuvent se débarrasser d’eux et on les retrouve dans chaque combinaison ministérielle, inévitablement parachutés par la Sublime Porte. Est-ce cela un pays libre, souverain, indépendant, démocratique où le peuple est source de tout pouvoir?» Une question qui se répond à elle-même… E.K.
Se penchant sur la racine du mal, un ancien ministre estime, en bon connaisseur de la vie comme de la nature humaine, qu’un «système que des circonstances déterminées ont installé sans que la volonté populaire entre en compte se soucie fatalement des critiques comme d’une guigne puisqu’il se sait inamovible, dépendant uniquement d’un décideur qui n’a aucun intérêt...