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Actualités - ANALYSE

L'est politique sollicite à tout hasard le soutien actif de la France

Que peut donc faire la France pour redonner aux chrétiens du Liban sinon le goût de vivre du moins une meilleure place au soleil politique de leur patrie?
La question, pour marginale qu’elle paraisse sous certains angles, se pose après les entretiens que le patriarche Sfeir a pu avoir à Paris avec les dirigeants français, président Chirac en tête. Bien entendu, ces échanges sont qualifiés d’excellents et d’utiles des deux côtés. Mais seront-ils, pourront-ils, être vraiment fructueux?
Pour ce qui est du tout premier expatrié de poids, M. Raymond Eddé, tout le monde sait qu’il s’interdit de retourner au pays tant que les Israéliens n’auront pas quitté, leur retrait rendant possible qu’on demande à la Syrie de retirer ses troupes à son tour. Après quoi, le Liban pourrait recouvrer son intégrité territoriale, sa pleine souveraineté, son indépendance et son autonomie de décision. Le leader du Bloc national ne cesse donc d’insister pour que l’Amérique, usant d’une influence jugée déterminante, exerce des pressions efficientes sur Israël en vue de l’application de la résolution numéro 425, indispensable entrée en matière pour une normalisation effective au Liban. Il est donc plus que probable que lors de sa rencontre avec le patriarche, M. Eddé ait repris ce thème pour se faire confirmer que Mgr Sfeir allait demander aux autorités françaises de développer un effort diplomatique accentué allant dans ce sens. En soulignant que d’une manière générale les Occidentaux ne doivent pas se contenter de répéter leur attachement à la souveraineté libanaise mais doivent agir concrètement pour la promouvoir, par la libération du Sud-Liban et de la Békaa-Ouest, pour commencer.
De leur côté, le président Amine Gemayel et le général Michel Aoun ne retourneront pas au Liban sans des garanties extrêmement solides sur le plan de leur sécurité physique et... judiciaire. Ils pensent en effet que même si l’on ne devait pas attenter à leur existence on pourrait chercher à engager des poursuites contre eux, en rouvrant tel ou tel dossier (les Puma pour M. Gemayel, les fonds publics évaporés pour le général) si jamais ils développaient sur place une action opposante qui gênerait par trop le pouvoir ou les décideurs. Ils ne souhaitent ni l’un ni l’autre goûter aux joies de l’hospitalité accordée par l’Etat à M. Samir Geagea ou se retrouver assignés à résidence. Théoriquement, les deux hommes ne posent pas pour leur retour comme M. Eddé la condition d’un départ de toutes les forces étrangères. Mais en pratique les assurances qu’ils réclament reviennent à dire qu’ils ne sauraient revenir tant que la situation n’aurait pas changé du tout au tout dans ce pays, car ils affirment pareillement que pour leur part ils ne sont pas disposés à plier l’échine et à accepter un compromis quelconque avec le système. Ils savent en effet que le pouvoir ne peut pas traiter avec eux sans un feu vert des décideurs. Les bonnes relations de ces derniers avec Paris, qui interviendrait en faveur des deux exilés, peuvent-elles déboucher sur un véritable sauf-conduit? Peut-être mais objectivement, comme les choses peuvent évoluer, la confiance ne serait jamais totale et la prise de risque par les deux intéressés paraît a priori improbable... Comme du reste, il paraît improbable que l’on veuille, en permettant le retour de ces deux figures de proue, corriger un peu les déséquilibres politiques sur la scène locale. Nombre de parties résidentes, à commencer par leurs adversaires dans leur propre région ou dans leur propre communauté, s’emploieraient sans aucun doute à dissuader les décideurs de laisser MM. Gemayel et Aoun regagner leurs bases respectives. Surtout aux portes des présidentielles.
Encore que certains espèrent que justement à l’occasion de cette échéance, des contacts internationaux soient développés en vue d’une véritable réconciliation nationale au Liban.

E. K.
Que peut donc faire la France pour redonner aux chrétiens du Liban sinon le goût de vivre du moins une meilleure place au soleil politique de leur patrie?La question, pour marginale qu’elle paraisse sous certains angles, se pose après les entretiens que le patriarche Sfeir a pu avoir à Paris avec les dirigeants français, président Chirac en tête. Bien entendu, ces échanges...