Tribune Réflexion sur le cinéma

A l’issue du Festival du Film qui s’est déroulé récemment à Beyrouth, la cinéaste Randa Chahal Sabbag nous envoie la réflexion suivante:
«Le cinéma est de nature un art populaire, il s’expose de ce fait aux critiques de tout le monde, même les plus démunis, c’est la règle du jeu.
Mais être critique de cinéma est un métier, qui demande de la compétence et de la responsabilité comme tous les autres métiers.
Nous cinéastes, lorsque nous fabriquons un film, cela nous demande des années de travail, eh oui des années malheureusement!!
Entre la conception, l’écriture, le tournage, les répétitions avec les comédiens, il faut déjà compter des mois de préparation acharnée... Pour faire exister un personnage même secondaire, toute une entreprise à haut risque se met en route, tant la progression psychologique et l’évolution dramatique est délicate, fragile et peut être rompue à tout moment...
Ne pas le deviner est une lacune, ne pas en parler est une erreur, ne pas l’apprendre est une idiotie.
C’est seulement autour de considérations de ce genre qu’un dialogue est possible et en tant que cinéaste, je l’exige!
J’exige un minimum d’efforts, de décence, de compétence, de connaissance, d’éthique.
Le festival de Beyrouth a permis la projection de quelques films arabes et occidentaux de qualité, je n’ai pas souvenir d’avoir lu le moindre mot les concernant, et je peux affirmer que nos critiques ne se sont pas déplacés pour les voir, et si je me trompe je ne comprendrai pas l’excuse de ne pas en parler.
J’exige de moi-même et des autres avec qui je partage cet espace, ce domaine culturel, du respect, une liberté et une certaine curiosité».