Une colonie de Cisjordanie plus grane que Tel-Aviv ?

Israël prévoit d’agrandir une colonie de Cisjordanie sur une superficie plus importante que celle de Tel-Aviv pour aller de Jérusalem presque jusqu’à la frontière jordanienne, ont indiqué vendredi des experts israéliens.
Israël vient d’ordonner la saisie de 1.200 hectares de terres palestiniennes pour étendre la colonie de Maalé Adoumim qui est d’ores et déjà la plus peuplée de Cisjordanie, a souligné M. Shmuel Groag, un architecte israélien.
Aux termes du projet, la superficie allouée par la puissance occupante à Maalé Adoumim doit être portée à 6.000 hectares pour 17.000 habitants, à comparer avec 5.100 hectares pour 300.000 habitants à Tel-Aviv, a indiqué M. Groag.
L’architecte parlait à des journalistes dans la localité palestinienne d’Abou Dis, dans un camp de la tribu bédouine des Jahaline qui a été évacuée de force cette année des terres où elle campait pour permettre l’agrandissement de Maalé Adoumim.
M. Groad a montré des cartes officielles des futures limites municipales de la colonie qui ont été dessinées par l’administration militaire d’occupation. Maalé Adoumim doit s’étendre ainsi de la limite de Jérusalem-Est, annexée par Israël, jusqu’à 15 km de la frontière jordanienne.
Plusieurs localités arabes se retrouvent coïncées entre Maalé Adoumim agrandie et Jérusalem, notamment Abou Dis. La route palestinienne conduisant de Bethléem, au sud de Jérusalem, à Ramallah, au nord, traverse la zone de la colonie, isolant ainsi de facto le nord de la Cisjordanie du sud du territoire.
«La colonie est conçue comme un poing écrasant les villages arabes. Le plan ne prévoit aucun espace pour leur expansion», a affirmé M. Groag.
Actuellement, la zone construite à Maalé Adoumim ne couvre qu’une petite partie du terrain accordé à la colonie, qui est composé, pour l’essentiel, de collines pierreuses et désertiques.
En comparaison, Abou Dis, avec une population similaire, ne s’étend que sur 130 hectares.
«Les limites officielles d’une colonie sont toujours plus grandes que la colonie elle-même. De cette façon, Israël peut construire à l’intérieur de ces limites en affirmant qu’il ne s’agit que d’une «croissance naturelle et contiguë» de la colonie», a déclaré M. Groag.
Le processus de paix est bloqué depuis des mois sur la question de la colonisation, dont les Palestiniens réclament l’arrêt pour reprendre les négociations.
Les projets israéliens à long terme pour l’expansion des colonies comme celle de Maalé Adoumim ne sont cependant pas l’objet du débat sur le gel de la colonisation.
«Les Palestiniens ont tendance à attendre pour protester que les bulldozers commencent réellement à travailler. Mais c’est trop tard. Une fois que les plans ont été approuvés et que la décision de les mettre en œuvre a été prise, il est très difficile de revenir en arrière», a expliqué M. Groag.
Le projet d’extension de Maalé Adoumim avait été approuvé en 1992 par le premier ministre travailliste Yitzhak Rabin, assassiné en 1995. Mais il en avait suspendu la mise en œuvre. Le plan a été réactivé depuis l’arrivée au pouvoir de Benjamin Netanyahu, l’an dernier.
Les Palestiniens qui se sont vu dépouiller de leurs terres ont engagé une procédure judiciaire contre l’administration militaire d’occupation. Mais les précédents montrent que ce genre d’action n’a pratiquement aucune chance d’aboutir. Les Palestiniens prévoient déjà d’en appeler à la Cour suprême d’Israël si leur pourvoi est rejeté.
Selon M. Groag, sept architectes israéliens de premier plan se sont joints aux Palestiniens, affirmant que les projets de construction prévus sur les terres confisquées pouvaient être annulés en raison d’une mauvaise conception et d’erreurs techniques.(AFP)