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Actualités - CHRONOLOGIE

Un grand tournant, estime la presse officielle Algérie : cessez-le-feu, décrète un groupe islamiste

«Un grand tournant», estime la presse officielle


Pour la première fois depuis 1992 — date du début des affrontements sanglants entre le pouvoir algérien et les groupes intégristes —, un mouvement, l’Armée islamique du salut, a annoncé un cessez-le-feu à partir du 1er octobre, appelant les autres mouvements à s’y joindre. Le quotidien gouvernemental «El-Moudjahid» a aussitôt jugé qu’il s’agissait là d’un «grand tournant», alors que le chef de la diplomatie française réagissait avec la plus grande prudence à cet appel.

Le communiqué, signé par l’«émir» national Madani Mezerag, est daté du 21 septembre, soit avant le récent massacre au sud d’Alger qui a fait entre 200 et des 250 morts, dans la nuit de lundi à mardi.
Pour «arriver à une solution juste et légitime, l’émir national de l’Armée islamique du salut ordonne à tous les chefs des compagnies combattantes sous son commandement d’arrêter les opérations de combat à partir (...) du 1er octobre 1997», souligne le texte.
Il «appelle tous les autres groupes attachés aux intérêts de la religion et de la nation à se rallier à cet appel afin de dévoiler l’ennemi qui se cache derrière les abominables massacres et d’isoler les criminels (...) du GIA (Groupe islamique armé) et ceux qui se cachent derrière eux», souligne le communiqué dans une version en français.
L’AIS ajoute qu’à travers ses «contacts qui se déroulent depuis longtemps», elle tente de «mettre devant leurs responsabilités les ennemis d’hier et d’aujourd’hui» pour «encourager les fils de l’Algérie à prendre l’initiative d’agir ensemble pour le retour de la sécurité et la stabilité afin de sortir le pays de la crise».
Selon l’AIS, les «quelques mesures d’apaisement dans le sens de la détente du pouvoir avec la libération du cheikh Abassi Madani (l’un des dirigeants historiques du FIS) a poussé les ennemis d’hier et d’aujourd’hui (...) à manipuler les pions pour attiser le feu de la discorde et faire échouer tout projet susceptible d’animer le pays et de motiver les citoyens».
Le communiqué dénonce ainsi «des carnages abominables, rarement vus dans l’histoire moderne de l’humanité (...), qui rappellent les scènes effroyables vécues par notre peuple à la veille de l’indépendance».
Le massacre de Bentalha a fait entre 200 et 250 morts, selon les quotidiens «Liberté» et «El Watan», citant des rescapés.
D’autres journaux ont également estimé le bilan du massacre supérieur au bilan officiel de 85 morts, mais sans donner de chiffres.

Détente

«El Moudjahid», qui reflète les positions du gouvernement, estime que «l’appel, s’il est suivi d’effets, constitue un grand tournant dans la situation sécuritaire et annonce une décantation politique majeure qui va accélérer à la fois la décomposition complète du terrorisme et le retour du pays, après six ans de souffrance et d’immenses sacrifices, à la double stabilité politique et économique».
«C’est une position sage, bien que tardive, qui risque d’ailleurs d’être altéree ou court-circuitée par ceux qui ne veulent pas que l’Algérie panse ses blessures et retrouve la paix», note cependant le quotidien.
Pour le quotidien privé «La Tribune», l’AIS «abdique devant l’échec de l’alternative d’un islamisme armé» (...) visant «à renverser l’Etat et à instaurer par la violence un Etat théocratique».
«La Tribune» espère que cet appel débouchera sur une «détente dans certaines régions». «Le GIA (Groupe islamique armé) va se retrouver isolé sur le terrain sécuritaire. Une véritable décantation dans les rangs des groupes terroristes va invariablement intervenir, surtout dans le GIA», estime le quotidien.
L’AIS est numériquement très inférieure au GIA. S’affirmant fidèle à la «ligne politique» du FIS, elle affirme n’attaquer que des objectifs militaires et des forces supplétives, et a condamné les massacres de civils.
Le GIA, qui possèderait quelques milliers d’hommes, a toujours refusé toute trêve et négociation avec la «junte».
Les membres du GIA pourraient désormais être tentés de se lancer dans une nouvelle surenchère pour contrecarrer cet appel, estimaient certains analystes.
C’est cette éventualité qui, semble-t-il, a poussé le chef de la diplomatie française Hubert Védrine à réagir avec la plus grande prudence.
«Nous sommes en train d’examiner ce texte pour savoir quelle est sa signification et sa portée exacte. Je ne peux pas vous en dire plus pour l’instant. Nous sommes ici à New York en relation avec les autorités concernées à Paris», a-t-il déclaré.
Le ministre qui participe aux travaux de l’Assemblée générale de l’ONU, n’a pas non plus voulu se prononcer sur une éventuelle médiation de l’ONU dans le conflit algérien, comme l’a souhaité son prédécesseur Hervé de Charette.
«Il faut poser la question à Kofi Annan (le secrétaire général de l’ONU)» a-t-il dit à la presse. Mais il a indiqué que contrairement aux apparences, le drame algérien était au premier rang des préoccupations dans les chancelleries. «La question de la tragédie algérienne est abordée chaque jour», a-t-il dit.
Ce sujet a d’ailleurs été évoqué lors de l’entretien qu’il a eu avec le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright mercredi matin, a-t-on appris de source diplomatique.
«Nous avons parlé de toutes sortes de sujets, de l’Afrique, du Proche-Orient, de l’Europe, de l’OTAN, des relations bilatérales et de beaucoup de sujets». M. Védrine a à cette occasion qualifié les relations Paris-Washington «d’excellentes».

«Un grand tournant», estime la presse officiellePour la première fois depuis 1992 — date du début des affrontements sanglants entre le pouvoir algérien et les groupes intégristes —, un mouvement, l’Armée islamique du salut, a annoncé un cessez-le-feu à partir du 1er octobre, appelant les autres mouvements à s’y joindre. Le quotidien gouvernemental «El-Moudjahid» a...