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Actualités - OPINION

Carnet de route Déchets migrateurs


DÉCHETS MIGRATEURS


Les ordures qui s’amoncellent dans la banlieue-sud ne sont pas apparues par génération spontanée. C’est dire qu’elles ne sont pas non plus le fait du hasard. Mais le résultat d’un déterminisme transparent: elles étaient prévisibles dans un pays qui ne parle que de déchets et de dépotoirs depuis des années et dont les responsables ne pouvaient que prévoir le phénomène. Ils ne l’ont pas prévenu. Ils n’y ont pas remédié, en temps voulu (1). C’est qu’ils n’ont pas pu le faire, pas su faire. Car ils ne sont pas mal intentionnés, pas méphistophéliques. Ils ne sont tout simplement pas. L’ennui est que nous dépendons tous d’eux. Même, aujourd’hui, pour notre santé et contre les rats. Comment garder la tête haute, face à des pays occupants, quand on a le cul dans la pourriture et que l’on se fabrique ses propres microbes? Qui plus est, et c’est le pire sans doute, on ne peut même pas en vouloir aux ministres, tant qu’ils sont, d’être des zombies. Car on ne peut pas se battre contre des zombies, et faute de se battre, on demeure les bras ballants, impuissant à son tour. Mais ne parlons pas de malheur, ils ne nous auront pas au mimétisme. Nous continuerons d’exister, quitte à quadriller le pays d’associations à but non lucratif pour la sauvegarde de la betterave ou la protection des lauriers (mangeurs de moustiques); mieux vaut être ridicules qu’anéantis. L’un des plus grands poètes contemporains, Octavio Paz, toujours resté attentif à son pays natal, le Mexique, déclarait, il y a une quinzaine de jours, à propos d’une élection à la mairie de Mexico: «L’instabilité politique a pour corollaire deux dangers très proches l’un de l’autre qui peuvent ruiner la démocratie: l’anarchie ou la dictature». Là non plus nous ne risquons rien: le Liban, sous tutelle, n’est pas menacé d’instabilité politique. Il ne risque donc ni l’anarchie ni une dictature sui generis. Mais risquera-t-il un jour une véritable démocratie?
Amal NACCACHE


(1) C’est fort de toute sa souriante autorité que M. Murr a annoncé à la presse une solution tardive et provisoire. Promis, juré pour le 30 septembre (voir les détails dans les journaux). Sans lui faire de procès d’intention pour son projet définitif, de grâce ne parlons plus, d’ici l’automne d’ordures, de déchets, de détritus ou de dépotoirs. Sous peine d’une pollution cérébrale, tous hémisphères compris...
DÉCHETS MIGRATEURSLes ordures qui s’amoncellent dans la banlieue-sud ne sont pas apparues par génération spontanée. C’est dire qu’elles ne sont pas non plus le fait du hasard. Mais le résultat d’un déterminisme transparent: elles étaient prévisibles dans un pays qui ne parle que de déchets et de dépotoirs depuis des années et dont les responsables ne pouvaient que...