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Actualités - REPORTAGE

Et soudain, les supporters envahissent le stade comme une mer en furie ...

Le Liban a sans doute perdu un match — certes important — mais il a gagné cette chose merveilleuse: l’unité de tous ses fils et filles, les musulmans et les chrétiens, les citadins et les villageois, les intégristes et les athées, tous vibrant comme un seul homme pour leur équipe nationale. A la demi-finale de foot — qui a opposé le Liban à la Syrie — on aurait presque dit que les gradins du nouveau stade étaient en plastique, tant ils semblaient bouger avec la marée humaine, prise de folie à chaque moment crucial.
Plus de trente mille personnes sont venues assister à ce match historique, puisque c’est la première fois que les deux sélections nationales s’affrontent depuis 1975. D’un côté les Syriens (presque un tiers des présents) avec force drapeaux et pleins de portraits de leur président et de l’autre, les Libanais ne brandissant que des drapeaux et de nombreux klaxons, tambours, sifflets et autres bruyants gadgets.
D’emblée, l’atmosphère est particulièrement tendue et pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir les multiples soldats postés tout autour du terrain et dans toutes les allées menant aux gradins.
D’ailleurs, Libanais et Syriens sont séparés par deux rangées demeurées entièrement vides afin d’éviter tout contact entre les supporters des deux équipes.
Dès 20h15, le match commence, la tension devient encore plus palpable et les soldats — qui ont les yeux sur la foule — lisent sur les visages des présents les détails de ce spectacle qu’ils ne peuvent pas voir. Lorsque les Libanais hurlent et se lèvent comme une houle qui monte, ils savent que les attaquants syriens se rapprochent du but, mais lorsque les klaxons et autres sifflets font entendre différents rythmes, ils comprennent que l’avantage est au Liban.

Tension
insupportable

Toutefois, ce n’est qu’à partir de la seconde mi-temps que les incidents commencent à éclater. La tension devient insupportable lorsque les entraîneurs syriens, qui protestaient contre le second «penalty» accordé à l’équipe libanaise, sont chassés du terrain. D’ailleurs, l’équipe nationale marque son second but. Et un Syrien, perdu parmi un groupe de Libanais, laisse éclater sa colère. Les soldats interviennent rapidement... et l’incident est vite circonscrit. Mais à partir de ce moment, tout se passe très vite. L’équipe syrienne marque un second but et ses partisans ne tiennent plus en place. Ils multiplient
les slogans à la gloire de leur président et commencent à vouloir descendre sur le terrain. Aussitôt, les équipes de pompiers de l’armée les aspergent d’eau.
Rien ne semble toutefois refroidir leur ardeur. Et lorsque l’équipe syrienne marque son troisième but, pendant la prolongation, ses supporters n’écoutent plus personne. Ils se précipitent au-delà des limites permises, hurlant leur joie, comme en plein délire. Les Libanais déçus, révoltés et qui avaient cru en la victoire, ne peuvent contrôler leurs nerfs et les rixes se multiplient. Les Syriens avancent en vainqueurs, détruisant tout sur leur passage, chaises, rampe et autres objets cassables, alors que les soldats tentent vainement de les arrêter. L’excitation est telle, dans la foule que l’armée est obligée de tirer en l’air.

Une violence
inouïe

C’est comme si ce match tant attendu avait soudain permis d’extérioriser une violence inouïe. Frustration de part et d’autre, provocations diverses, colère, il y a brusquement de tout dans cette foule déchaînée, qui, chassée du stade, s’en prend aux voitures stationnées dans la rue. Naturellement, les premiers partis sont les rares officiels venus assister à l’événement...
Et ce match, que l’on a longtemps cru impossible, a finalement eu lieu. En dépit des incidents qui l’ont marqué, il constitue malgré tout une grande victoire pour le Liban.

S. H.
Le Liban a sans doute perdu un match — certes important — mais il a gagné cette chose merveilleuse: l’unité de tous ses fils et filles, les musulmans et les chrétiens, les citadins et les villageois, les intégristes et les athées, tous vibrant comme un seul homme pour leur équipe nationale. A la demi-finale de foot — qui a opposé le Liban à la Syrie — on aurait...