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Actualités - ANALYSE

L'affaire des postes vacants aux A.E. Le conseil de la fonction publique dessaisi de ses prérogatives


Le gouvernement a récemment approuvé la requête du ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, concernant la nomination dans le corps diplomatique — à titre exceptionnel — de fonctionnaires des deuxième et troisième catégories. Ces derniers doivent passer au préalable un examen supervisé par le ministère des AE. Le motif essentiel de cette requête est le manque considérable de diplomates au palais Bustros. Et pour cause: très peu de candidats ont réussi aux nombreux concours organisés par le Conseil de la fonction publique.
Evidemment, une telle situation se répercute négativement sur les activités des ambassades ou consulats libanais à l’étranger. C’est ainsi que la présence des diplomates se limite souvent au chef de la mission (ambassadeur, chargé d’affaires ou consul général), sans même un assistant pour le seconder.
Conformément à la loi, la présence de deux diplomates au moins dans chaque mission libanaise devient plus que jamais indispensable. En effet, un suppléant doit pouvoir remplacer son chef au cas où celui-ci est obligé de s’absenter pour une raison ou pour une autre. Or le concours organisé par le Conseil de la fonction publique traîne en longueur. Le pourcentage de réussite étant de surcroît minime, il devenait urgent de combler les lacunes au sein du ministère en recourant à une formule exceptionnelle, c’est-à-dire à l’examen préparé par les AE. Toutefois, ne peut être nommé à un poste de deuxième ou de troisième catégorie qu’un détenteur d’une licence en droit au moins, ou d’un diplôme équivalent. De plus, la commission formée par le ministère est censé consulter le Conseil de la fonction publique pour déterminer les questions de l’épreuve ainsi que les conditions de candidature.

L’opposition de la
fonction publique

Mais le Conseil de la fonction publique a désapprouvé ce projet pour les principales raisons suivantes: l’un des buts essentiels de la fondation de ce conseil en 1959 était de créer une seule instance indépendante chargée d’organiser les concours et examens pour la désignation aux postes de la fonction publique. En autorisant un ministère à organiser lui-même ses propres concours et épreuves, on dépouillerait de ce fait le conseil de l’une de ses principales raisons d’exister. Dans ce cadre, à quoi sert de restituer l’immunité au Conseil de la fonction publique si son rôle devait se limiter à donner des conseils?
Par ailleurs, ce conseil affirme accorder la priorité aux concours visant à remplir les postes vacants au sein du ministère des Affaires étrangères. Trois examens et quatre concours ont été ainsi organisés pour les candidats aux postes de deuxième et troisième catégories: le 24 juillet 1991, un premier concours pour les postes de troisième catégorie, auquel personne n’a participé; le 30 septembre 1991, un deuxième concours pour les nominations au sein du corps diplomatique; résultat: sur 482 candidats, deux seulement avaient alors réussi! Le 2 septembre 1993, un examen était organisé pour l’admission à des postes de troisième catégorie: trois candidats se sont présentés et ont réussi. D’autres concours et examens ont été organisés le 19 octobre 1993, le 1er décembre 1994, et le 19 octobre 1995, avec un taux de réussite plutôt déplorable...
Le Conseil de la fonction publique veut ainsi prouver que s’il reste un grand nombre de postes vacants au sein du ministère des AE, ce n’est pas faute de concours d’admission mais en raison des échecs essuyés par les candidats.
Bien que le palais Bustros ait agréé le point de vue du Conseil de la fonction publique concernant la nécessité de limiter les épreuves organisées par les AE aux seuls postes de troisième catégorie, le gouvernement a fait fi de l’opinion du conseil, comme si celui-ci n’existait pas. Il semble, comme d’habitude, que les ministres cherchent à se partager le gâteau au sein des institutions publiques, en l’occurrence, ici, le ministère des AE.
Reste un dernier projet de loi que M. Farès Boueiz a exposé au Conseil des ministres: la prolongation de l’âge de la retraite d’une période de quatre années supplémentaires et ce, en raison de l’impossibilité dans laquelle se trouvait le ministère des AE de désigner de nouveaux diplomates durant une période de douze ans; sans compter les nouvelles ambassades libanaises qui ont été créées dans certains pays.
E.K.
Le gouvernement a récemment approuvé la requête du ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, concernant la nomination dans le corps diplomatique — à titre exceptionnel — de fonctionnaires des deuxième et troisième catégories. Ces derniers doivent passer au préalable un examen supervisé par le ministère des AE. Le motif essentiel de cette requête est le manque...