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Actualités - CHRONOLOGIE

Des dizaines de milliers de partisans du Hezbollah commémorent Achoura à Beyrouth, à Baalbeck et au sud Nasrallah : qui reconnaît Israël perd sa propre légitimité Sobhi Toufeily appelle à la désobeissance civile le 4 juillet dans le cadre de la Révolte des affamés

La commémoration par le Hezbollah de Achoura, le martyre de l’imam Hussein tué en 680 à Karbala (Irak), s’est transformée vendredi en manifestation hostile à Israël et aux Etats-Unis lors d’importants meetings qui ont rassemblé à Baalbeck, au Liban-Sud et dans la banlieue-sud des dizaines de milliers de personnes. Une autre manifestation organisée par l’ancien secrétaire général du Hezbollah, cheikh Sobhi Toufeily, a rassemblé à Baalbeck plusieurs milliers de personnes. Cheikh Toufeily a appelé à la désobéissance civile le 4 juillet prochain dans le cadre de «la révolte des affamés», un mouvement revendicatif qu’il a décidé de lancer il y a un mois.
Aux cris de «Mort à Israël, Mort à l’Amérique» les partisans du Hezbollah ont exprimé leur hostilité à l’Etat hébreu et ont réaffirmé leur détermination à poursuivre la résistance jusqu’à la «libération de tous les territoires occupés».
Devant le secrétaire général du Hezbollah, sayed Hassan Nasrallah, la foule a «exécuté» symboliquement le premier ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu et le président américain, M. Bill Clinton. Devant des jeunes gens survoltés, le chef du parti islamiste a déclaré qu’«Israël est une entité illégitime, inhumaine (...) et celui qui la reconnaît perd sa propre légitimité».
«Nous renouvelons notre engagement de poursuivre la lutte (...) jusqu’à la libération de toute la terre de Palestine usurpée par les juifs, ennemis de Dieu et assassins des prophètes», a lancé sayed Nasrallah, devant une foule galvanisée par l’attaque qui, quelques heures plus tôt, avait fait trois morts parmi les forces d’occupation israéliennes au Liban-Sud.
Devant des milliers de combattants sans armes et de partisans vêtus de noir, le front ceint d’un bandeau rouge, qui ont afflué de toutes les régions du Liban vers la banlieue sud, il a vitupéré contre les Etats-Unis, «plus Grand Satan que jamais».

Tumeur cancéreuse

«Nous disons aux gouvernements du monde entier, en particulier aux Arabes qui ont reconnu l’Etat hébreu ou entendent le faire, qu’Israël est une entité illégitime, inhumaine, barbare, raciste, terroriste, fondée sur des massacres successifs et que celui qui la reconnaît perd sa propre légitimité», a ajouté sayed Nasrallah.
«Israël est une tumeur cancéreuse qui doit être éradiquée. Il n’a d’autre choix que la mort alors que le choix de notre nation est de vivre», a-t-il encore dit, reprenant une phrase célèbre de l’ayatollah Khomeiny, fondateur de la République islamique d’Iran.
Il a dénoncé les Etats-Unis «qui ne se contentent plus d’user de leur droit de veto à l’ONU, mais font pression sur les Etats du monde entier pour qu’ils se mettent à genoux devant Israël», a-t-il ajouté.
«Auparavant, les juifs étaient présents en coulisses dans l’administration américaine. Désormais, quatre ministres importants sont juifs ainsi que de nombreux adjoints du département d’Etat désignés pour des régions sensibles comme le Moyen-Orient», a-t-il dit.
Sayed Nasrallah a en outre réitéré son appel aux Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie à «se soulever contre leurs dirigeants» engagés dans «un compromis basé sur l’injustice et qui ne saurait être couronné de succès».
«Les juifs doivent repartir là où ils sont venus, s’ils ne le font pas, tôt ou tard, les moudjahidine de la nation vont jeter à la mer tous les occupants et les envahisseurs», a-t-il dit.
«Il n’y a de place que pour un seul drapeau à Jérusalem, celui de l’islam», a-t-il ajouté.
Le chef du Hezbollah a par ailleurs tiré à boulets rouges contre les responsables libanais qui «prônent le développement et la reconstruction et enfoncent la population dans la pauvreté».
«Nous considérons que tout politicien qui ne déploie pas des efforts pour lever cette oppression est un Israélien qui complote contre la paix civile. Il est vrai que nous sommes attachés à la priorité de la lutte contre Israël, mais (...) nous devons lutter contre cette injustice fin que notre peuple puisse continuer à faire face aux défis», a-t-il ajouté.
«Les responsables reconnaissent que les institutions civiles n’existent plus et tentent d’en rejeter la responsabilité sur d’autres institutions, a-t-il dit. Si les dirigeants continuent de se comporter avec cette mentalité il n’y aura plus d’Etat au Liban».
Sayed Nasrallah a vivement critiqué la décision d’annuler «d’un coup de crayon», les élections municipales, et les ingérences du pouvoir dans les affaires syndicales. «Le peuple libanais n’a plus le droit de s’exprimer démocratiquement», a-t-il ajouté.
Sayed Nasrallah a accusé Israël, «incapable de briser la résistance, de s’en prendre aux civils désarmés». Il a fait état du moral très bas de l’armée d’occupation israélienne au Liban-Sud. «Des milliers de soldats désertent, beaucoup d’autres payent des centaines de milliers de dollars pour être exemptés du service militaire lorsqu’ils savent qu’ils sont appelés au Liban», a-t-il dit.
«Depuis le 16 avril, a ajouté le leader islamiste, la résistance a mené 27 opérations et a fait 20 victimes dont des officiers supérieurs dans les rangs des collaborateurs et de l’armée sioniste (...) Israël est une entité qui n’aura pas de légitimité jusqu’à l’heure du jugement dernier».
Sayed Nasrallah a assuré que «l’axe satanique qui rassemble la Turquie kémaliste et Israël la sioniste sous la direction des Etats-Unis a pour but d’encercler la forteresse de l’islam, l’Iran, la forteresse de l’arabité, la Syrie et celle des moujahidines au Liban. Cet axe sera voué à l’échec».
«Certains négocient avec Israël pour un mètre de terre en Cisjordanie, a-t-il dit. Mais pendant ce temps, les sionistes sont arrivés en Erythrée, en Ethiopie, au Zaïre, dans la région des Grands lacs, au Sud-Soudan, aux sources du Nil (...). Honte à tous ces gouvernants et aux Arabes et musulmans qui se contentent d’un mètre de terre et font semblant d’ignorer que les sionistes encerclent toute la nation et contrôlent ses richesses».
A Nabatiyé, plus de 25.000 partisans du Hezbollah ont défilé dans les rues, à trois kilomètres d’une position de l’armée israélienne.
Deux combattants, sans armes et vêtus de noir, ont brandi sur la place principale les effigies de Benjamin Netanyahu, transpercé par une épée, et de Bill Clinton, pendu à une corde et portant une pancarte: «Mort à l’agent des sionistes».
La foule en délire criait d’une seule voix «Mort à Israël», «Mort à l’Amérique», chaque fois que les combattants agitaient la corde et l’épée.
Les jeunes gens sont allés crier leur colère et leur douleur jusqu’au pied de la colline où sont retranchés les soldats israéliens.

«La révolte des affamés»

Dans la localité de Nabi-Chit (Békaa), des milliers de membres du Hezbollah ont participé à un meeting commémoratif au cours duquel le secrétaire général adjoint du parti, cheikh Naïm Kassem, a prononcé une allocution mettant l’accent sur la nécessité de poursuivre la résistance contre l’occupant israélien.
Pour la première fois depuis la fondation du Hezbollah en 1982, le parti islamiste a commémoré Achoura dans la division. Même si ses principaux dirigeants assurent que la formation reste unifiée, il n’en reste pas moins que cheikh Toufeily a tenu à organiser une manifestation indépendante du parti.
L’ancien secrétaire général du Hezbollah est arrivé à Baalbeck pieds-nus, comme il le fait tous les ans à Achoura. Des milliers de partisans l’ont accueilli en scandant des slogans hostiles à Israël et en se frappant la poitrine le poing fermé. Les partisans du Hezbollah ne se tailladent pas le cuir chevelu avec le plat d’une épée comme le font ceux du mouvement «Amal».
Prenant la parole devant la foule, cheikh Toufeily a invité ses sympathisants à un rassemblement le 4 juillet prochain devant le sérail de Baalbeck pour appeler à la désobéissance civile dans le cadre de «la révolte des affamés». Ce mouvement lancé il y a environ un mois vise à protester contre la politique socio-économique du gouvernement. Cheikh Toufeily a d’ailleurs consacré une bonne partie de son discours pour critiquer la situation économique et a annoncé une série de revendications dont voici les plus importantes:
— Trouver des emplois à l’«armée de chômeurs».
— Fixer à 700.000 le salaire minimum.
— Elaborer des lois strictes pour lutter contre les monopoles.
— Renforcer la gratuité de l’éducation.
— Exempter des impôts les individus à revenus limités.
La commémoration par le Hezbollah de Achoura, le martyre de l’imam Hussein tué en 680 à Karbala (Irak), s’est transformée vendredi en manifestation hostile à Israël et aux Etats-Unis lors d’importants meetings qui ont rassemblé à Baalbeck, au Liban-Sud et dans la banlieue-sud des dizaines de milliers de personnes. Une autre manifestation organisée par l’ancien...