Il a ajouté: «J’ai été déçu par le général Emile Lahoud sur lequel je comptais sérieusement, mais les choses ont changé et il est toujours bon de rappeler que le général reste, en fin de compte, soumis à l’autorité politique qui connaît actuellement un laisser-aller qui risque de provoquer d’autres dérapages».
Dans une interview à la «Voix du Liban», M. Joumblatt a affirmé n’avoir jamais voulu mener campagne contre la visite du pape au Liban.
«Je me devais de participer, pour des raisons protocolaires au moins, à la réception du pape, d’autant plus que je garde de solides relations avec les membres de la curie romaine et notamment avec Mgr Silvestrini et Mgr Guatti et avec le nonce apostolique au Liban, Mgr Puente».
Commentant le texte de l’Exhortation apostolique, que le Saint -Père a signé à Harissa, M. Joumblatt a souligné «la nécessité de le lire attentivement et en profondeur».
Selon lui, le message pontifical adressé aux chrétiens du Liban est clair: «Ils font partie de l’Orient arabe». Estimant en outre que certains tentent d’exploiter les propos du pape à des fins politiques mesquines, M. Joumblatt a ajouté: «Nous sommes voués à coexister dans la région et le patriarche Sfeir doit concrétiser l’Exhortation». Dans ce cadre, le ministre des Déplacés a qualifié de «superficiel» le dialogue islamo-chrétien tel qu’entrepris à ce jour.
«Vous n’avez qu’à entendre les commentaires qu’en fait cheikh Mohammad Hussein Fadlallah pour comprendre que ce dialogue en est toujours à des balbutiements préliminaires et qu’il a besoin d’être approfondi».
Et de poursuivre: «Le pape a éludé les questions délicates, concernant notamment la présence syrienne et l’occupation israélienne du Sud. Dans un souci d’équilibre, il a occulté l’une et l’autre. En revanche, les propos du pape ont mis l’accent sur l’interaction politique et culturelle des chrétiens du Liban avec l’Orient et la participation de ceux-là à la civilisation arabe. L’essentiel est que les milieux de Bkerké comprennent ce message. Le souverain pontife a couronné le patriarche seul leader des chrétiens», a-t-il dit.
Par ailleurs, M. Joumblatt a proposé l’organisation d’un colloque à Deir el-Kamar — «symbole chrétien dans le Chouf» — au sujet des massacres de 1860. «Il y avait une raison à cette tuerie mais jusqu’à maintenant aucun dialogue en profondeur n’a eu lieu à ce propos», a-t-il ajouté en précisant qu’il y inviterait les jeunes. Le ministre croit dans ce cadre «en une unité libanaise fondée sur une claire identité du Liban. Mais jusqu’à présent, nous ne nous sommes pas encore entendus sur cette identité», au point que, selon M. Joumblatt, le Centre pour la recherche et le développement pédagogique a abouti à la découverte de deux identités: l’une libanaise et l’autre arabe. Comment en sortir? Le ministre a répondu: «Je me réfère une fois de plus aux propos du pape et à la contribution fondamentale des chrétiens du Liban à la création du nationalisme arabe».
Les préoccupations
de Sfeir
Par ailleurs, en réponse à une question, M. Joumblatt a déclaré que le patriarche Nasrallah Sfeir a deux préoccupations principales: «La présence syrienne qu’il a qualifiée d’occupation dans l’une de ses déclarations, et les prisonniers, notamment Samir Geagea». Le ministre a ainsi proposé un dialogue syro-libanais portant sur «les aspects positifs ou négatifs de la présence syrienne au Liban», estimant par ailleurs que «l’Histoire ne devrait pas s’arrêter à Samir Geagea». Il s’est déclaré disposé «en tant que laïc» à entamer un dialogue fructueux avec la jeunesse chrétienne concernant l’avenir du Liban.
Sur un autre plan, M. Joumblatt a souligné la nécessité de mettre un terme aux tiraillements politiques dans la nomination d’un nouveau président à la tête de la Caisse des déplacés. M. Joumblatt s’est référé à ce sujet à un accord entre les présidents Hraoui, Hariri et lui-même.
Par ailleurs, le ministre a estimé que le président du Conseil constitutionnel, M. Wajdi Mallat, a démissionné parce qu’il s’est trouvé dans une situation «embarrassante». Celui-ci ne voulait pas s’impliquer dans une polémique politique dans l’affaire des recours en invalidation «dont certains pourraient remettre en question toutes les élections législatives».
Enfin, M. Joumblatt a réclamé la désignation du nouveau cheikh Akl druze «car cette fonction est actuellement usurpée», a-t-il affirmé.
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