C’est à Millbank Tower, dans les 2.300 mètres carrés de bureaux répartis sur deux étages que «le premier cercle» travailliste s’appuyant sur une armée de 200 personnes (moyenne d’âge 35-40 ans) concocte au quotidien la reconquête, après 18 années d’opposition.
Bien qu’il s’en défende, le «Nouveau Labour» a intégré plus que toute autre formation britannique les procédés d’outre-Atlantique: recours intensif aux «spin doctors», conseillers en image chargés d’expliciter le discours auprès de médias plus acquis que jamais au Labour depuis le ralliement du tabloïd «The Sun»; utilisation de cobayes politiques sur lesquels sont testés les slogans; usage de listings destinés à cibler les électeurs utiles, indécis et autres possibles «convertis».
La meilleure chance d’approcher le Labour, de voir l’un de ses représentants frapper à votre porte, de figurer sur la liste des invités triés sur le volet à l’un de ses forums, est encore d’appartenir à cette classe déterminante de l’électorat que constituent les milieux d’affaires et «middle class».
La machine de guerre du «Nouveau Labour» n’a guère de temps pour les convaincus. On l’a vu se démultiplier en mini-QG de bataille dans les 57 circonscriptions où se jouera la victoire, pour mieux identifier les hésitants, mettre au point la stratégie promotionnelle rue par rue sur des cartes d’état-major, et élaborer des argumentaires personnalisés.
L’ancêtre Attlee
Peter Mandelson, 43 ans, le grand ordonnateur de la campagne travailliste a l’œil sur tout. Il a chapeauté le manifeste dans lequel apparaît 126 fois le mot «nouveau» et pas une fois celui de «socialisme», a contribué à gommer le sourire carnassier de son patron, et se trouve à l’origine du second souffle dans la campagne, après quelques faux pas de Tony Blair sur l’Ecosse et les privatisations. Il veille au moindre détail. Jusqu’à assurer personnellement la présentation au pays d’un supporter baveux à la gueule distordue: Fitz, le bouledogue symbole du patriotisme anglais que s’étaient appropriés les conservateurs Winston Churchill et Margaret Thatcher, et qui figure désormais en bonne place dans les spots télévisés du Labour.
Mandelson est le cerveau, assisté notamment de Medusa Anji Hunter, l’énergique chef du cabinet personnel de Tony Blair, de Alastair Campbell, chef du service de presse et ancien journaliste au populaire «Mirror», Tim Allan, 26 ans, un brillant yuppie archétype du «spin doctor».
Excalibur est le bras armé de la «force de réaction rapide». Il est capable de recracher en quelques secondes les contre-arguments à opposer aux Tories. La démonstration la plus flagrante de ses capacités a été faite à la Chambre des communes, lorsqu’un député travailliste a ostensiblement lu sa riposte à un tory sur le mini-écran de son bleeper, relié à l’ordinateur central de Millbank Tower.
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