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Actualités - ANALYSE

Campagne d'apaisement des haririens...

Retour de voyage, le chef du gouvernement s’efforce, durant sa présente escale beyrouthine, de calmer le jeu sur le front politique intérieur, de résorber les séquelles de la crise dite des municipales qui, se conjuguant aux effets de la crise dite syndicale, n’a pas manqué d’aggraver la crise dite socio-économique que traverse le pays. Un créneau auquel M. Rafic Hariri est sensible, dans la mesure où de trop pénibles aléas socio-politiques finissent comme on l’a vu la semaine dernière par menacer la Livre dont la stabilité est sacro-sainte à ses yeux.
C’est ce qui explique sans doute que, cette fois, M. Hariri a abrégé son séjour à l’étranger: il est revenu du Canada à tire d’aile voici une semaine, sans s’attarder auprès de Chirac à Paris d’où il comptait initialement ne rentrer qu’hier. Il a de suite visité Baabda, pour rester fidèle certes à son engagement antérieur de ne jamais bouder le palais comme le fait M. Berry... Mais aussi, mais surtout, pour s’expliquer sans tarder avec M. Elias Hraoui, vider l’abcès et commencer à amortir la crise. Il a donc pris soin, dans ce cadre opérationnel, de préciser à la presse, à sa sortie du palais, que le dialogue d’une heure avec le chef de l’Etat s’était déroulé dans un climat positif, ce qui ne veut rien dire mais rassure beaucoup. M. Hariri a de même affirmé qu’il n’est pas en conflit avec M. Hraoui, que les problèmes sont réglés dans un esprit constructif. Ainsi, a-t-il expliqué, il est personnellement comme tout le monde pour les municipales, encore qu’il doive avouer que le gouvernement avait fait preuve d’une regrettable précipitation en fixant des dates si rapprochées, sans prendre en compte «toutes les têtes de chapitres relatives à ce sujet, toutes les situations ou circonstances qui ont été cristallisées lors du débat à la Chambre».
Poursuivant cette action lénifiante en privé, M. Hariri a, par la suite, chanté régulièrement les louanges de M. Hraoui devant ses visiteurs, répétant qu’il est à cent lieues de toute idée de porter atteinte au symbole, au prestige de la Présidence qu’il est inadmissible d’attaquer ou de bafouer.
Bien entendu, les hraouistes ont bu du petit lait en voyant M. Hariri écourter son absence et en l’entendant tenir de tels propos. L’un d’eux veut y voir «l’effet des pertinentes critiques adressées par M. Hraoui à l’insatiable appétit de mouvement du président du Conseil dont les trop fréquentes absences ont un effet tout à fait néfaste sur le rendement du gouvernement, nombre de ministres ne pointant plus au bureau qu’en de rarissimes occasions». En effet, quand le chat n’est pas là, les souris dansent... Mais un autre hraouiste pense pour sa part qu’au-delà «de ces éléments relativement anodins, il faut voir dans la réaction positive du chef du gouvernement la preuve que son sens politique commence à s’aiguiser. Il a dû réaliser en effet que les positions adoptées par M.Hraoui sont largement populaires. Et il a peut-être compris aussi que, dans un système aux contours assez mal définis — ce que M. Hraoui se propose de faire corriger par des amendements constitutionnels — l’Exécutif ne doit pas trop se désunir face au Législatif...»
Pour sa part, un opposant se demande «si on n’est pas en train de jouer entre les présidents à malin malin et demi. M. Hariri se dit pour les élections municipales mais s’avise qu’il est plus logique de résoudre d’abord la question des amendements à la loi sur les municipalités, notamment la question de l’interdiction du cumul des mandats, le problème des villages occupés ou celui de l’élection du président de municipalité au suffrage universel... Autrement dit, les délais prévus jusqu’à juin seraient trop courts. Il faut donc attendre le Conseil des ministres de ce mardi pour savoir qui a emporté le morceau...».
Cette personnalité oublie cependant que la politique est l’art du compromis, surtout dans un pays composite comme le Liban. Les prochaines heures devraient donc permettre de savoir avec plus de précision quel arrangement, quel scénario on aurait mis au point... Et de voir aussi comment le troisième joueur, M. Nabih Berry, va réagir...
Ph.A-A.
Retour de voyage, le chef du gouvernement s’efforce, durant sa présente escale beyrouthine, de calmer le jeu sur le front politique intérieur, de résorber les séquelles de la crise dite des municipales qui, se conjuguant aux effets de la crise dite syndicale, n’a pas manqué d’aggraver la crise dite socio-économique que traverse le pays. Un créneau auquel M. Rafic Hariri...