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Actualités - CHRONOLOGIE

L'avant garde de l'armée chinoise arrive à Hong Kong (photo)

Le sourire d’un général chinois et les propos apaisants d’un responsable du gouvernement colonial devaient rassurer la population de Hong Kong, après l’arrivée hier des premiers soldats chinois depuis 156 ans.
Acceuilli à la caserne Prince of Wales par le major-général Bryan Dutton, dernier commandant de la garnison britannique, le major-général Zhou Borong arborait un large sourire en descendant d’une limousine noire.
Intentionnellement ou non, l’avant-garde de 40 militaires chinois, chargée de préparer matériellement l’entrée à Hong Kong des troupes de l’Armée populaire de libération (APL), le 30 juin prochain à minuit, a raté de très peu le dernier salut à la Reine pour son anniversaire. Ancré dans le port de Hong Kong face à la caserne Prince of Wales, un bâtiment de la Royal Navy avait tiré vers midi les 21 coups de canon traditionnels.

L’arrivée de l’APL «ne doit pas inquiéter la population», a affirmé Nicholas Ng, secrétaire aux Affaires constitutionnelles dans le gouvernement colonial.

«Je comprends la préoccupation du public», a dit M. Ng devant le Conseil Législatif, «mais je suis sûr qu’ils (les militaires chinois) conduiront leur mission avec discrétion».
Nicholas Ng a évoqué les plaques d’immatriculation de Hong Kong posées sur les véhicules de l’avant-garde de l’APL comme le signe que les militaires chinois seront soumis aux lois de Hong Kong et ne jouiront d’aucun privilège ou immunité pendant cette mission.

Tienanmen

«J’espère que les soldats se conduiront de manière à lever les craintes de la population de Hong Kong», a commenté de son côté Martin Lee, le président du Parti démocrate, rentré hier d’une tournée triomphale en Amérique du Nord.
Depuis juin 1989, l’image de l’APL est identifiée dans la population de Hong Kong à l’écrasement dans le sang, sur la place Tienanmen, du mouvement démocratique en Chine. L’événement avait provoqué une immense émotion dans le territoire, où un million de personnes, soit un habitant sur six, étaient descendues dans la rue pour exprimer leur indignation.
Dans son message de bienvenue à son homologue chinois, le major-général Dutton a insisté sur la volonté des Britanniques d’«apporter à la future garnison toute l’assistance possible dans sa préparation à son nouveau rôle».
Mais il a aussi exprimé l’espoir «que sa relation avec la communauté locale sera aussi constructive et gratifiante que celle que nous avons eue nous-mêmes».
Evoquant les 71 jours de cohabitation avec les officiers britanniques d’ici au 1er juillet, Zhou Borong a indiqué que ses collègues et lui-même «utiliseront pleinement ce temps précieux et espèrent que la partie britannique leur apportera le soutien nécessaire».
Bien qu’il parle couramment l’anglais pour avoir fréquenté le Royal College of Defense Studies, Zhou s’est exprimé en mandarin.
Le langage ne sera qu’un des obstacles qui rendront difficile l’intégration de la future garnison chinoise, sélectionnée parmi les troupes d’élite de l’APL, dans la vie locale. L’immense majorité de la population chinoise du territoire parle le cantonais, le dialecte de la province voisine du Guandong.
L’autre barrière sera financière. La solde très faible des soldats chinois leur interdira de se livrer aux délices de la consommation à Hong Kong, où le revenu par tête est plus de vingt fois supérieur à celui de la Chine. Et même les plus hauts gradés de l’APL, comme Zhou lui-même, auront une solde inférieure au salaire mensuel des «amahs», les aides ménagères philippines.
Ce fossé social et culturel a fait naître à Hong Kong la crainte d’une criminalité liée à la future présence des militaires chinois, exposés brutalement aux tentations d’un paradis capitaliste.
Le sourire d’un général chinois et les propos apaisants d’un responsable du gouvernement colonial devaient rassurer la population de Hong Kong, après l’arrivée hier des premiers soldats chinois depuis 156 ans.Acceuilli à la caserne Prince of Wales par le major-général Bryan Dutton, dernier commandant de la garnison britannique, le major-général Zhou Borong arborait un...