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Actualités - CHRONOLOGIE

Alors que le ministère du travail veut favoriser les adversaires d'Abou Rizk Hraoui prône la neutralité du pouvoir dans les élections de la CGTL

Comme prévu, deux sujets principaux seront au centre du Conseil des ministres qui se tiendra cet après-midi au palais de Baabda sous la présidence du chef de l’Etat, le président Elias Hraoui: l’affaire des municipales; et les nominations à des postes de première catégorie dans certains organismes étatiques, notamment à l’Office de l’Electricité du Liban et à la société de gestion et d’exploitation du port de Beyrouth. Le dossier brûlant des élections prévues pour jeudi prochain à la CGTL sera en outre évoqué par le président Hraoui qui insistera notamment, selon les sources de Baabda, sur la nécessité de tenir le gouvernement à l’écart de tout clivage au sein du mouvement syndical .
Dans le cadre des préparatifs de la séance du Cabinet, le chef de l’Etat a tenu hier soir une réunion de travail — la deuxième en 24 heures — avec le premier ministre Rafic Hariri, en présence du ministre d’Etat chargé des Affaires financières, M. Fouad Siniora. Cette rencontre, qui a duré une heure (de 18h30 à 19h30), a permis au président Hraoui et à M. Hariri de dissiper définitivement le malaise qui avait marqué leurs rapports au cours des dernières semaines du fait des tiraillements apparus entre eux au sujet des municipales et de divers autres sujets d’actualité, dont notamment les nominations aux postes de doyens à l’Université libanaise.
Pour bien sceller leur «réconciliation», le chef de l’Etat et le premier ministre se seraient entendus sur les principales nominations prévues pour aujourd’hui. Selon des sources proches de M. Hariri, M. Joseph el-Hawa (maronite) sera nommé président directeur général de l’EDL, en remplacement de M. Mouhib Itani (sunnite) qui prendra en charge la société de gestion et d’exploitation du port de Beyrouth en remplacement de M. Antoine el-Rayess. Le poste de directeur général de l’Institution nationale de l’Habitat (nouvel organisme public qui se substitue à la Caisse autonome de l’Habitat) sera confié à M. Antoine Chamoun (maronite).
Quant au problème des municipales, il sera longuement débattu, sur base du rapport transmis au gouvernement par la commission ministérielle ad hoc qui avait été chargée de plancher sur la question. S’il est désormais acquis que les mandats des conseils municipaux (qui viennent à expiration fin juin) seront prorogés, l’incertitude persiste, par contre, au sujet de la date à laquelle les élections municipales auront lieu. Les milieux proches du président Hraoui, dont notamment le ministre Chawki Fakhoury, suggèrent que le scrutin ait lieu peu avant la fin de l’année, plus précisément en novembre prochain. M. Hariri, quant à lui, avance comme date le printemps prochain, soit en mars 1998.
Lors de sa séance d’aujourd’hui, le Conseil des ministres pourrait ne pas trancher le débat sur ce plan, dans l’attente, sans doute, de l’élaboration d’un nouveau projet de loi sur les municipales, lequel serait accompagné, le cas échéant, d’un autre projet sur la décentralisation administrative.

La bataille syndicale

En tout état de causse, à sa sortie hier soir du palais de Baabda, M. Hariri devait affirmer qu’une «entente totale» s’est dégagée entre le chef de l’Etat et lui-même au sujet des élections municipales. En réponse à une question sur l’échéance électorale à laquelle est confrontée la centrale syndicale, jeudi prochain, le premier ministre a répondu: «Le gouvernement ne s’immisce pas dans ce problème qui revêt un caractère syndical».
Cette affirmation du chef du gouvernement laisse les observateurs quelque peu sceptiques. Les efforts intensifs déployés tous azimuts par le ministre du Travail Assaad Herdane en vue de faire pencher la balance en faveur du courant syndical hostile au directoire actuel de la CGTL ne laissent planer aucun doute sur les véritables intentions du pouvoir à ce propos. Certes, le candidat loyaliste à la direction de la centrale syndicale, M. Ghoneim Zoghbi, a affirmé hier, au cours d’une conférence de presse, qu’il n’était pas «le candidat du pouvoir». Il reste que les faits démontrent clairement que le gouvernement le soutient activement sans sa bataille contre le président sortant de la CGTL, M. Elias Abou Rizk.
Force est de constater dans ce cadre que le Cabinet Hariri tente depuis près de trois ans d’affaiblir, voire de démembrer, la centrale syndicale en créant des pôles d’influence syndicaux acquis au pouvoir. L’ancien ministre (baassiste) du Travail Abdallah el-Amine (dans le premier Cabinet Hariri) s’était déjà engagé sur cette voie en favorisant l’émergence de syndicats et de fédérations syndicales à coloration confessionnelle et politique uniques. Tel est le cas, notamment, de quatre des cinq fédérations que l’actuel ministre du Travail (membre dirigeant du PSNS) insiste à vouloir intégrer au sein de la CGTL, contre l’avis du comité exécutif de la centrale syndicale. Ces quatre fédérations controversées sont à écrasante majorité chiite et, de surcroît, proches du mouvement Amal et du chef du Législatif Nabih Berry. Quant à la cinquième fédération controversée, elle est proche des milieux pro-syriens.
L’entrée de ces cinq fédérations au sein de la CGTL aura incontestablement pour conséquence de provoquer un déséquilibre confessionnel et politique au niveau de la centrale syndicale. Une telle modification du rapport de forces pourrait rapidement rogner la liberté d’action du mouvement syndical du fait que ce dernier risquerait de se transformer en un instrument de manœuvres et de pressions aux mains de certains pôles du pouvoir. A titre d’exemple, s’il obtient l’intégration de «ses» fédérations au sein de la CGTL, M. Berry pourrait fort bien être tenté d’utiliser la centrale syndicale dans ses manœuvres politiciennes face à d’autres pôles d’influence de l’establishment politique actuellement en place.
Dans l’immédiat, c’est l’indépendance et l’autonomie d’action du mouvement syndical qui est en jeu. Par son comportement sur ce plan au cours des trois dernières années, le Cabinet Hariri a prouvé, en effet, qu’il avait du mal à s’accommoder à une centrale syndicale qui a su s’imposer, au fil des ans, sans être sous la coupe du pouvoir central. Mais au-delà du cas ponctuel de la CGTL, l’échéance du 24 avril pourrait marquer également, d’une manière plus générale, un tournant décisif au niveau du sort des libertés publiques (et individuelles) dans le pays.

M. T.
Comme prévu, deux sujets principaux seront au centre du Conseil des ministres qui se tiendra cet après-midi au palais de Baabda sous la présidence du chef de l’Etat, le président Elias Hraoui: l’affaire des municipales; et les nominations à des postes de première catégorie dans certains organismes étatiques, notamment à l’Office de l’Electricité du Liban et à la...