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Actualités - ANALYSE

Les tiraillements entre dirigeants : une histoire sans fin

Le conflit entre gens de pouvoir tourne à la guerre générale, dans ce sens qu’il ne se limite plus comme autrefois à des sujets déterminés de passage mais se traduit par des prises de position opposées sur toute question qui se présente. Ainsi la Nouvelle Alliance de fraîche date Berry-Hariri, entamée avec la création d’une nouvelle faculté à l’U.L., confortée ensuite par le report des municipales, se trouve maintenant couronnée avec éclat par le front uni déployé à Saïda au sujet des élections intersyndicales... On peut donc estimer que M. Berry, qui avait donné lecture du faire-part de décès de la troïka, se console de cette perte en se rabattant sur la doïka, sœur cadette à deux têtes seulement de la défunte...
Ce développement confirme les hraouistes dans leur conviction que «l’on cherche à isoler systématiquement Baabda, voire à éroder les prérogatives mais aussi l’influence politique globale de la première magistrature de l’Etat. C’est une campagne qui a pris corps, estiment ces fidèles de Baabda, lorsque M. Elias Hraoui a annoncé son intention de faire amender la Constitution. M. Berry en avait fait sinon une jaunisse du moins une affaire d’Etat, allant jusqu’à laisser entendre qu’il continuerait à bouder le palais tant que son hôte n’aurait pas renoncé à ce projet d’amendements constitutionnels».
Mais sur ce point (de détail) précis, les proches du président de la Chambre indiquent pour leur part que «la route comme les portes de Baabda restent ouvertes devant tout Libanais, M. Berry peut s’y rendre à tout moment... Mais plus probablement, précisent-ils, le 10 mai à l’occasion de la visite du pape, occasion cérémonielle à laquelle il ne peut se dérober, ayant lui-même été reçu antérieurement au Vatican par le Saint-Père». Il reste à savoir si la rencontre protocolairement forcée entre les deux dirigeants libanais va se traduire par une réconciliation politique. «C’est peu probable, répondent les hraouistes pour qui l’attitude de M. Berry semble signifier qu’il veut mettre à pied d’égalité Aïn el-Tineh et Baabda. Une comparaison inadéquate, ajoutent ces sources, car Aïn el-Tineh n’est que la résidence privée de fonction du président de l’Assemblée, alors que Baabda est le siège de la présidence de la République comme du Conseil des ministres quand le chef de l’Etat en dirige les débats...»
On voit que la discussion, au moment où le pays se débat dans d’énormes difficultés de toutes sortes, porte entre responsables sur des points vraiment vitaux... Toujours est-il que les hraouistes laissent entendre que «pour le 10 mai, le président n’est pas obligé d’inviter M. Berry puisqu’il est entendu que le souverain pontife n’effectuera au Liban qu’une visite apostolique, pastorale, ecclésiale, sans caractère d’Etat. De plus après le refus de M. Berry de participer à l’iftar auquel il avait été convié à Baabda, il n’y a plus lieu de lui adresser un carton d’invitation qu’il risquerait de déchirer en petits morceaux. M. Berry, ajoutent avec amertume ces sources, affirme qu’il ne prendra l’initiative de rencontrer le chef de l’Etat que si le besoin s’en fait sentir; ne pense-t-il pas que la coopération entre pouvoirs est un besoin, un impératif permanent, surtout quand le pays connaît tant de problèmes...» Et de s’étonner ensuite que «le président de la Chambre, à seule fin de se trouver un allié dans son conflit avec Baabda, ait permis au président du Conseil de transgresser la loi à travers le retrait du projet d’amendement de la loi des municipalités effectué par M. Hariri sans l’aval obligatoire du Conseil des ministres et sans consultation du chef de l’Etat.» Enchaînant donc par une attaque contre le chef du gouvernement, les hraouistes l’accusent «d’avoir successivement torpillé les travaux du Conseil constitutionnel sur les invalidations en poussant son président à la démission, reporté les municipales puis entamé à Saïda la dislocation de la CGTL, opération qu’il semble vouloir parachever le 24 avril, lors des élections au sein de cette Confédération syndicale qui représente pour le Cabinet une constante menace de grèves et de revendications sociales».

Ph.A.-A.
Le conflit entre gens de pouvoir tourne à la guerre générale, dans ce sens qu’il ne se limite plus comme autrefois à des sujets déterminés de passage mais se traduit par des prises de position opposées sur toute question qui se présente. Ainsi la Nouvelle Alliance de fraîche date Berry-Hariri, entamée avec la création d’une nouvelle faculté à l’U.L., confortée...