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Actualités - CHRONOLOGIE

Les garagistes du Kremlin tiennent à leurs belles étrangères

MOSCOU, 14 Avril (AFP). – Portes qui coincent, capots hermétiques et prix astronomiques: les automobiles de production russe ont encore du chemin à faire pour retrouver la voie des garages officiels, en dépit des ordres gouvernementaux.s
Fin mars, le premier vice-premier ministre réformateur Boris Nemtsov, à peine entré au gouvernement, annonçait à grand renfort de publicité que les fonctionnaires et députés n’auraient plus le droit d’acheter de voitures de fonction de marques étrangères à partir du 1er avril, et devraient progressivement mettre aux enchères celles qu’ils possèdent déjà.
Mais les Audi, Saab, Volvo et autres Mercédès ont encore de beaux jours devant elles. Vendredi dernier, le Kremlin ouvrait un de ses garages à la presse, officiellement pour présenter les nouveaux modèles Volga – l’omniprésente voiture de fonction de l’époque soviétique fabriquée par les usines GAZ.
En fait, la présentation a tourné au cauchemar comparatif pour les voitures russes.
«Pendant deux ans j’ai roulé en Volga de service. J’ai dû en changer neuf fois». La sentence est sans appel et le procureur s’appelle Pavel Borodine, chef du service d’intendance du Kremlin et chargé à ce titre de la gestion du parc automobile de la présidence.
Debout devant une Volga «grand luxe», étiquetée à 30.300 dollars, M. Borodine jubile en montrant le moteur Ford et l’allumage Bosch. «Et il faut encore importer des pièces ou l’envoyer en Finlande pour des transformations. Au total, ça revient à 70.000 dollars. A ce prix-là je peux acheter une Mercédès».

Pas d’airbag

Sous l’attention soutenue des caméras, le chauffeur d’un modèle «3105», limousine à l’esthétique fortement inspirée des Etats-Unis, peine à ouvrir la porte de sa voiture à 57.900 dollars. Puis s’y reprend à quatre fois pour soulever le capot. L’affichette posée sur le pare-brise rappelle que le véhicule ne dispose ni d’airbags, ni de fermeture centralisée des portes.
Pendant ce temps, sagement garées dans un coin du garage, Saab, Audi et Volvo affichent des prix de 22.000 à 40.000 dollars, avec une garantie de trois ans.

Nikolaï Pouguine, président de GAZ, hésite entre la gêne et l’introspection. «Bien sûr nous devons faire un gros travail sur la qualité, c’est ce qui conditionne notre avenir: être ou ne pas être?»
Et d’ajouter une note de capitalisme bien compris en soulignant que «la concurrence est une bonne chose» et que GAZ entend sortir un modèle «complètement nouveau en 1999, avec un partenaire étranger».

Mais M. Pouguine veut surtout démentir les accusations de favoritisme, nées de ce que M. Nemtsov fut longtemps patron de la région de Nijni-Novgorod, siège de GAZ.
«Pour nous c’est une toute petite commande, quelques centaines d’unités, à peine 24 heures de production. Nous ne pouvons nous orienter vers la production de véhicules spécifiques, nous sommes tournés vers la production de masse», a-t-il déclaré.
M. Borodine cherche lui aussi à calmer le jeu, en rappelant que «nous achetons déjà des Volga, qui constituent les deux tiers de notre parc, et continuerons à le faire».
Si les deux parties s’attachent en fin de compte à minimiser la portée de la décision de M. Nemtsov, certains prennent plus à cœur la défense de la production nationale.
Couvant du regard une grosse limousine ZIL, un mécanicien du garage soupire: «Regardez-la, entièrement faite à la main, elle date de 1984 mais on ne dirait pas, hein?»
Et d’évoquer l’exemple du président Eltsine, qui ne se déplace qu’en limousine Mercédès spécialement aménagée: «C’est vexant, ça fait mal au cœur».
MOSCOU, 14 Avril (AFP). – Portes qui coincent, capots hermétiques et prix astronomiques: les automobiles de production russe ont encore du chemin à faire pour retrouver la voie des garages officiels, en dépit des ordres gouvernementaux.sFin mars, le premier vice-premier ministre réformateur Boris Nemtsov, à peine entré au gouvernement, annonçait à grand renfort de publicité que les...