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Actualités - ANALYSE

Jérusalem, principale pierre d'achoppement du processus régional

Un diplomate occidental relève que «le projet d’implantation à Abou Ghneim et l’appel de Netanyahu pour le démarrage de la phase finale de négociations avec les Palestiniens viennent confirmer que la principale pierre d’achoppement du processus de paix régional reste la question de Jérusalem. Un problème que les accords d’Oslo ont éludé, sans quoi ils n’auraient tout simplement pas pu être conclus. Mais il faudra inévitablement y venir et si les Arabes n’unifient pas leur position à ce sujet — comme les travaillistes et le Likoud l’ont fait en Israël — ils courent à l’échec et risquent d’aller tout droit dans le mur... des lamentations».
Ce diplomate souligne ensuite que «l’Union européenne ne peut pas être plus royaliste que le roi. Elle ne peut pas défendre des positions que les Palestiniens eux-mêmes abandonnent...» Et d’estimer que «le camp arabe se trouve aujourd’hui placé devant la double alternative suivante:
— Soit tout lâcher sur Jérusalem, pour éviter le blocage et essayer d’obtenir en contrepartie qu’Israël accepte la création d’un véritable Etat palestinien.
— Soit durcir le ton, cesser effectivement la normalisation avec Israël et amener les pays membres de la Ligue qui ont des relations diplomatiques avec Israël à les rompre immédiatement, en confirmant le gel de négociations jusqu’à ce que Netanyahu reconnaisse les principes de Madrid.
— Soit attendre que la dynamique de refus vienne des masses, non des régimes, et de leur recours à la violence».
«Cette troisième option cogne aujourd’hui à la porte», dit le diplomate «et c’est tout aussi normal que regrettable. En effet on entend l’Administration Clinton répéter après le gouvernement de Netanyahu qu’il faut mettre fin à la violence avant de reprendre les pourparlers, ce qui reviendrait à traiter les effets plutôt que la cause, à savoir l’évidente provocation israélienne d’Abou Ghneim. On peut adresser beaucoup de reproches aux Arabes et aux Palestiniens, mais force est de constater que c’est à eux que les U.S.A. demandent toujours de faire des concessions, pas aux Israéliens et c’est là une injustice flagrante qui ne sert pas du tout la cause d’une paix véritable. Ainsi, Washington exige aujourd’hui que les Palestiniens cessent de lancer des pierres, que les Libanais cessent de tendre des embuscades sans penser un seul instant à enjoindre à Netanyahu de gommer ses projets de nouvelles implantations qui pourtant battent en brèche les principes de Madrid sur lesquels s’édifie le processus — américain! — de paix».

Guêpier

Comment se dégager de l’impasse, comment dépasser la question de Jérusalem pour reprendre les négociations, notamment au sujet du Golan et du Liban-Sud? Serait-ce par la formation en Israël d’un Cabinet dit d’union nationale incluant les travaillistes aux côtés du Likoud?

A ces questions le diplomate occidental répond en notant qu’il faut «tout d’abord, pour que le dialogue palestino-israélien puisse être réengagé, que Tel-Aviv suspende le projet de création d’une colonie juive à Jérusalem-Est, projet qui d’ailleurs pourrait être inscrit comme sujet à discuter, entre autres, dans le cadre des pourparlers bilatéraux. On peut à la rigueur donner raison à Israël quand il affirme qu’il n’est pas possible de reprendre les négociations à l’ombre de la violence de rue; mais il est également logique, comme le soutient l’Autorité palestinienne, qu’on ne peut pas non plus parler à l’ombre de cette autre violence qu’est la construction d’une colonie juive dans la partie arabe de la cité sainte. Cela étant, il reste évident qu’on a laissé le plus dur pour la fin du côté du volet palestinien: Jérusalem, les réfugiés (le sort de la diaspora), les colonies d’implantation, le statut de l’entité palestinienne... Or, répétons-le, les Israéliens de tous bords, contrairement aux Arabes, ont eu au sujet de ces problèmes le réflexe qui s’impose: unifier leurs positions...»

Deux catégories

De fait, on relève que Pérès le travailliste, interrogé par une revue américaine, déclare en substance: «Il est certain que les Arabes ont à Jérusalem des intérêts spéciaux. Mais ces intérêts on peut les classer en deux catégories distinctes: l’aspect religieux et le volet politique. Pour ce qui est de la religion, il n’y a aucun problème: la liberté de culte serait assurée pour tous, musulman,s chrétiens et juifs. Par contre dans le domaine politique, nous ne permettrons pas que Jérusalem soit divisée par un nouveau «mur de Berlin» car il n’est pas possible de la partager politiquement sans la morceler sur le terrain. Sur le plan purement administratif, municipal, on peut envisager une répartition d’ordre pratique, mais jamais sur le plan politique. Nous respectons les Palestiniens qui vivent à Jérusalem, nous leur permettrons de vivre leurs traditions propres et c’est ce que souligne le message que j’ai adressé dernièrement au premier ministre norvégien. Je pense pour ma part, conclut Pérès, que la «Maison de l’Orient» peut être conservée à Jérusalem, à condition qu’elle soit gérée par la population palestinienne locale non par l’Autorité palestinienne...»

Sur le fond donc aucune différence de discours entre Netanyahu et Pérès: pas question de reconnaître aux Palestiniens un droit politique quelconque à Jérusalem. Ce n’est pas nouveau: le document négocié jadis et connu sous le nom «Belin-Abou Mazen» n’avait été approuvé ni par Rabin ni par Pérès quand il lui avait succédé. Cela pour la «bonne raison» que les deux négociateurs proposaient la reconnaissance d’un Etat palestinien indépendant quoique n’ayant pas le droit d’avoir une armée; ils suggéraient également que les Palestiniens aient le droit de considérer à titre tout à fait symbolique Jérusalem-Est comme la capitale de leur Etat, la vraie capitale devant être située à Abou Dbeyss, non loin d’ailleurs de la Ville sainte.

E.K.
Un diplomate occidental relève que «le projet d’implantation à Abou Ghneim et l’appel de Netanyahu pour le démarrage de la phase finale de négociations avec les Palestiniens viennent confirmer que la principale pierre d’achoppement du processus de paix régional reste la question de Jérusalem. Un problème que les accords d’Oslo ont éludé, sans quoi ils n’auraient...