Israël avait annoncé dimanche soir au cours d’une réunion avec cette délégation dirigée par le numéro deux palestinien Mahmoud Abbas (Abou Mazen) qu’il se retirerait de 9% du territoire de Cisjordanie. Ce retrait devait être le premier des trois prévus, jusqu’à la mi-98, dans le cadre de l’accord israélo-palestinien sur Hébron du 15 janvier dernier.
Exigeant un départ d’Israël nettement plus ample — de l’ordre de 30% — les Palestiniens ont rejeté la proposition israélienne. Israël a alors décidé de reporter l’opération prévue pour les prochains jours.
«Israël et les Palestiniens divergent totalement dans leur vision du processus de paix», a reconnu le chef de la délégation israélienne, le ministre des Affaires étrangères David Lévy.
En guise de protestation contre «la façon dont les Israéliens veulent dicter leurs conditions», M. Abbas a présenté sa démission ainsi que celle de toute son équipe à M. Arafat, qui ne l’avait toutefois pas officiellement acceptée lundi en soirée.
«Ce n’est pas une question technique, mais un véritable problème de fond», a affirmé à la radio le ministre palestinien de l’Information Yasser Abed Rabbo.
«Il y a une véritable crise, parce qu’il y a une véritable violation de ce qui a été convenu», a déclaré M. Arafat, le président palestinien qualifiant l’attitude d’Israël de «machination» et de «conspiration contre le processus de paix».
Les Palestiniens n’ont pas non plus réussi à obtenir d’Israël une annulation de deux autres décisions récentes concernant Jérusalem-Est: le projet de construire un nouveau quartier juif, Har Homa, et l’ordre de fermeture de quatre institutions palestiniennes.
S’agissant de Har Homa, M. Lévy a répondu à ses interlocuteurs que la décision n’était «pas rediscutable». «Nos accords avec les Palestiniens ne nous obligent pas à ne pas construire à Jérusalem», a-t-il dit.
Autre signe que le ton ne cesse de monter, M. Lévy a mis en garde les Palestiniens contre un éventuel recours à la violence: «Nous ne pouvons pas être l’otage des menaces et n’admettrons pas qu’à chaque désaccord l’ensemble du monde arabe et de la communauté internationale soit systématiquement mobilisé», a-t-il déclaré.
Le ministre israélien de la Défense Yitzhak Mordehaï a lui aussi conjuré les Paestiniens «de faire preuve de responsabilité et de retenue» et de «comprendre que la violence et le terrorisme ne peuvent que ralentir ou torpiller le processus de paix».
Plusieurs hauts responsables militaires israéliens ont indiqué craindre une vague d’attentats des intégristes palestiniens et des manifestations violentes en Cisjordanie et à Gaza.
La suspension éventuelle des négociations compromettrait la relance prévue en mars des pourparlers sur le statut définitif de la Cisjordanieet de Gaza au enu desquels figure notamment le dossier de Jérusalem.
M. Netanyahu a demandé à son conseiller diplomatique Dore Gold et au secrétaire du gouvernement Danny Naveh de ne pas l’accompagner en Russie. M. Lévy de son côté a ajourné son voyage aux Etats-Unis.
Les plus commentés
Don européen : qui dira quoi lors de la séance parlementaire du 15 mai ?
Le temps des engourdis
Bilan de sept mois de guerre : 1,5 milliard de dollars de dégâts et plus de 350 morts