Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Affirmant que le libanais ne peut vivre sans liberté et démocratie Sfeir invite les maronites du Brésil à sauvegarder leur identité spécifique

Sao Paulo — De Habib CHLOUK
Durant les quinze jours qu’aura duré son périple au Brésil, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a pu se rendre compte de l’ampleur de l’implantation maronite — et libanaise, en général — dans la plupart des grandes villes brésiliennes.
Une implantation qui pourrait constituer, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, un impressionnant soutien potentiel pour les maronites et les chrétiens du Liban. Si bien qu’avant son départ, tard hier soir, du Brésil pour Beyrouth (où il est attendu ce soir), le cardinal Sfeir a lancé un appel aux maronites du Brésil et aux chrétiens d’origine libanaise, les invitant à sauvegarder leur identité spécifique.
Au dernier jour de sa visite à Sao Paulo, le patriarche maronite a inauguré une rue de la localité portant le nom de Saint Maron. Cette rue relie deux grands avenues: l’avenue Henrique Chamma et l’avenue du président Juscelino Kubitschek, fondateur de la capitale Brasilia. Le président de la municipalité de Sao Paulo, M. Celso Pitta, avait signé, jeudi, en présence du cardinal Sfeir, le décret donnant le nom de Saint Maron à cette rue principale. Parallèlement à Sao Paulo, le nom de Saint Maron avait également été donné à une grande place à Rio de Janeiro et à Porto Allegre.
La cérémonie à Sao Paulo s’est déroulée en présence du consul général du Liban, M. Charbel Aoun, du président de la municipalité Celso Pitta, du vice-président de l’ULCM, M. Elie Hakma, du président de l’Association de bienfaisance maronite, M. Antonio Chahine, et d’une foule d’émigrés et de notables d’origine libanaise.
Mgr Sfeir a prononcé à cette occasion une allocution dans laquelle il a évoqué l’Histoire mouvementée des maronites du Liban, soulignant que ces derniers ont vécu longtemps dans les hautes montagnes où ils se sont retranchés afin de «se défendre face aux envahisseurs» et de «préserver leur liberté, leur indépendance et leur souveraineté sur leur terre». Le patriarche maronite a souligné dans ce cadre que si les Libanais ont choisi le Brésil comme terre d’accueil, c’est parce qu’ils ont trouvé dans ce pays un climat de liberté, de démocratie et de respect des droits de l’homme. «Le Libanais, a déclaré le cardinal Sfeir, ne peut pas vivre sans liberté, sans démocratie et sans le respect des droits de l’homme».
A l’issue de l’inauguration de la rue Saint-Maron de Sao Paulo, le patriarche maronite a rendu visite aux chefs spirituels des communautés chrétiennes. Il s’est ainsi rendu auprès des évêques grec-orthodoxe, grec-catholique, arménien-catholique et arménien-orthodoxe.

La Vierge noire

Tard dans la soirée de jeudi (heure de Beyrouth), le cardinal Sfeir avait eu droit à un véritable bain de foule à l’occasion de sa visite à la cathédrale de la Vierge noire — la Vierge du Brésil — à Aparecida. Cette cathédrale est située à 200 kilomètres de Sao Paulo, sur une autoroute d’une longueur de 400 kilomètres reliant Sao Paulo à Rio de Janeiro.
Des dizaines de voitures à bord desquelles se trouvaient des émigrés libanais ont accompagné le patriarche maronite dans sa visite, à partir de Sao Paulo. Avant d’arriver à Aparecida, le convoi a été rejoint par une vingtaine de voitures transportant des Brésiliens originaires de Kobeyate (Akkar) et vivant dans une localité de 200.000 habitants où est implantée une importante communauté libanaise de Kobeyate.
A l’entrée de la gigantesque cathédrale de Notre-Dame du Brésil, à Aparecida, un accueil populaire particulièrement émouvant avait été réservé au patriarche maronite. A l’arrivée du long convoi accompagnant le cardinal Sfeir, les cloches de la cathédrale ont sonné sous les applaudissements nourris d’une foule de Brésiliens et d’émigrés libanais. Des milliers de jeunes, agitant des drapeaux brésiliens et libanais, s’étaient massés sur un long pont reliant la cathédrale de la Vierge Noire à une ancienne église.
Après avoir visité le site, Mgr Sfeir a participé à un office divin célébré en latin et en syriaque.
Dans la nuit de jeudi (heure de Beyrouth), l’Association de bienfaisance maronie de Sao Paulo a offert au club Monte Libano un dîner en l’honneur du patriarche maronite, en présence de plus de 2000 personnes, dont de nombreuses personnalités politiques brésiliennes (la plupart d’origine libanaise).
Le cardinal Sfeir a prononcé à cette occasion un discours dans lequel il a invité les maronites du Brésil à œuvrer par tous les moyens pour préserver et renforcer la présence de l’Eglise maronite au Brésil. Soulignant la nécessité de consolider l’appartenance à l’Eglise et au patrimoine maronites, Mgr Sfeir a déclaré: «L’expérience de la vie de tous les jours peut conduire à une intégration dans l’Eglise locale et à un reniement de ses racines. Progressivement, les spécificités peuvent ainsi disparaître sous prétexte que nous sommes tous catholiques et qu’il n’y a pas de différence entre les maronites et les latins puisque la Foi est une. Cela n’est pas conforme, toutefois, à la pensée et aux orientations de l’Eglise. Le Concile Vatican Deux s’est en effet prononcé pour la sauvegarde du patrimoine des Eglises orientales car il s’agit là d’une source de richesse. La diversité met en relief les différentes expressions d’une même Foi».
Et le patriarche maronite d’ajouter: «Notre appel sur ce plan ne constitue nullement un repli sur soi. Il vise à affirmer notre identité tout en faisant preuve d’ouverture envers les autres Eglises, dont notamment l’Eglise brésilienne qui a accueilli nos fils. Quant aux émigrés libanais, nous leur disons que leur loyauté envers le Brésil ne doit pas signifier un reniement de leur origine libanaise orientale. Le Liban est porteur d’un message, comme l’a souligné le souverain pontife qui a précisé que le Liban représente le message de la liberté et du pluralisme». En conclusion, le cardinal Sfeir a rappelé que le Liban continue de pâtir de «l’occupation d’une partie de son territoire et de la présence de troupes non libanaises sur son sol».
Le député fédéral Ricardo Azar devait prononcer de son côté une allocution au nom de 43 députés, sénateurs et ministres brésiliens d’origine libanaise. Rendant un vibrant hommage aux positions nationales du patriarche maronite sur le plan de «la défense de l’indépendance, de la souveraineté et de la décision libre du Liban», M. Azar a indiqué qu’il avait présenté au président Jacques Chirac au nom des députés, ministres et sénateurs brésiliens d’origine libanaise un mémorandum demandant à la France d’œuvrer afin que le Liban recouvre son indépendance, sa souveraineté et sa décision libre.
Le secrétaire général de l’ULCM, M. Joseph Francis, a pris ensuite la parole pour souligner que «le Liban est constitué de deux entités, la mère patrie et la diaspora». «Ces deux entités se complètent et forment la nation libanaise, a-t-il déclaré (...). Nul n’ignore, a-t-il ajouté, que sans les maronites, le Liban n’aurait pas existé. De même, les maronites ont fait beaucoup pour la nation arabe. Ils ont notamment développé la culture arabe». Et M. Francis de poursuivre: «Nul n’ignore que les maronites et le Liban sont indissociables. Bkerké est une nécessité pour le Liban et elle représente un recours pour tous les opprimés». En conclusion, le responsable de l’ULCM a souligné la nécessité de restituer la nationalité libanaise à tous les émigrés libanais.
Sao Paulo — De Habib CHLOUKDurant les quinze jours qu’aura duré son périple au Brésil, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a pu se rendre compte de l’ampleur de l’implantation maronite — et libanaise, en général — dans la plupart des grandes villes brésiliennes.Une implantation qui pourrait constituer, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, un...