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Actualités - REPORTAGE

Le maqam Soufi au Pinacle Abou Mrad et la voix de Chami explorent la douce démence de Kayss... (photo)

Une quête d’amour absolu, voici ce qu’illustre le dernier en date des concerts soufis de Nidaa Abou Mrad, «Evocation de Layla». Présenté par le Cercle culturel arabe à l’Assembly Hall (AUB), ce parcours initiatique et poétique sous forme de dialogue entre le quêteur d’amour, à savoir le chanteur (Mohammed Saïd Chami) et le porteur de souvenance, l’alto (Nidaa Abou Mrad), sera donné deux samedis de suite, les 15 et 22 mars à 20h30.
Dans cet oratorio maqâm, quand les notes du violon d’Abou Mrad commencent à s’égrener, la voix grave de Chami emplit l’espace. Les variations du violon font écho aux chaudes vibrations de la voix. Sur le chemin de l’initiation mystique, la tension va crescendo, jusqu’à l’exaltation du «tarab» et du «wajd».
Dans la première partie, c’est l’initiation à l’amour terrestre: celui que porte Kayss, «majnoun Layla», à sa bien-aimée. Toutes les affres de la passion y passent: espoir, désespoir, possession...
C’est ensuite, en deuxième partie, la séparation définitive. «On dit Layla malade en Irak; que ne suis-je le médecin qui la soigne?» se lamente Kayss, sentant Layla mourante, à mille lieues de là.
Pour arriver, dans une troisième partie, à transcender le concret afin de tendre à l’amour divin. Layla prend alors la forme d’une lumière, d’une vision...
L’amour absolu qui ne se nourrit que de lui-même... c’est ce que recherche «Majnoun Layla». L’attrait initial se mue initiatiquement en amour mystique.
Le violoniste porteur de souvenance dévide des phrases musicales qui induisent un état d’extase chez le chanteur mais également chez l’auditeur, au souvenir de Layla et de son monde mystérieux.
«Chaque tâqsim est une entité vivante, explique Nidaa Abou Mrad. Il y a des êtres musicaux qui habitent mon corps et qui sont le reflet de mon être profond dans un miroir». Tout ce qu’entreprend Abou Mrad musicalement, il le fait en fonction de «Rouh al maqâm» (l’esprit du maqâm). «Je vis par le maqâm, il devient moi et je deviens lui. Au moment de cette révélation, j’atteins au «wajd», la face cachée du «tarab». Et c’est ce qui permet à mon univers intérieur de s’unir à celui de l’auditeur. Le «musiqué» et le «musiquant» sont à ce moment-là en présence de l’esprit du maqâm qui les habite totalement. Ce n’est pas de la théorie, mais du vécu». Cette symbiose mène à un état d’amour.
Les textes dans lesquels Kayss rend hommage à Layla sont d’une grande, d’une belle richesse. «Majnoun Layla» est un troubadour de l’amour entravé à l’instar de Jamil Bousayna. Tous deux aiment une femme qu’ils ne peuvent épouser, car en réalité, elle n’est que la flamme qui entretient le rêve. Cet amour absolu peut se comparer à l’amour platonique des romantiques...
Compositeur et interprète, Nidaa Abou Mrad a étudié à Paris la musique classique arabe de maqâm auprès d’un des derniers maîtres oudistes, Fawzi Sayeb. Depuis son retour à Beyrouth en 1993, il explore l’univers musical du maqâm. Ses improvisations sont l’expression d’une quête mystique. Leurs variations sont le reflet d’un état d’âme...
Mohammed Saïd Chami est un des rares spécialistes du chant arabe classique au Liban. Jadis, il ne chantait que des «hymnodes», des «Tawchîh et Madîh», à la louange du Prophète et des siens. Avec Nidaa Abou Mrad, Chami retrouve un répertoire plus profane, bien qu’à tout prendre, le maqâm ne soit jamais en rupture de spiritualité.
Les modulations de sa voix font écho aux notes de l’alto, s’élevant en chœur vers l’infini...

Aline GEMAYEL
Une quête d’amour absolu, voici ce qu’illustre le dernier en date des concerts soufis de Nidaa Abou Mrad, «Evocation de Layla». Présenté par le Cercle culturel arabe à l’Assembly Hall (AUB), ce parcours initiatique et poétique sous forme de dialogue entre le quêteur d’amour, à savoir le chanteur (Mohammed Saïd Chami) et le porteur de souvenance, l’alto (Nidaa Abou Mrad), sera...