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Actualités - CHRONOLOGIE

Turquie : Erbakan cède face aux militaires

La crise est réglée en Turquie — du moins dans l’immédiat. Necmettin Erbakan a signé en fin d’après-midi une série de mesures réclamées par l’armée et destinées à mettre un frein à l’influence des islamistes radicaux, a déclaré un haut responsable militaire. Le Conseil national de sécurité, organisme dominé par les généraux, a soumis au premier ministre qui l’a signée «sans modification» une déclaration contenant les résolutions adoptées au cours d’une réunion tenue à la fin de la semaine dernière, ainsi que l’a déclaré le général Ilhan Kilic, secrétaire général du Conseil (MGK).
Le ministre des Affaires étrangères, Mme Tansu Ciller, a confirmé de son côté que «le problème (entre militaires et le premier ministre) a été totalement résolu», selon l’agence de presse turque Anatolie.
M. Erbakan avait jusqu’alors refusé d’obtempérer à l’exigence des militaires pour qu’il mette un frein aux activités islamistes extrémistes.
Cette attitude, qu’il avait justifiée en invoquant la prééminence du gouvernement et du Parlement en matière législative, avait été qualifiée de «dangereuse» par de nombreux analystes.
Dans la journée, il apparaissait que la situation était bloquée. De fait, le premier ministre confirmait devant la presse son refus de se soumettre aux exigences des militaires.
«Le Conseil national de sécurité n’est qu’un organe consultatif, c’est au gouvernement qu’il revient de décider de la politique du pays, y compris en matière de sécurité», déclarait M. Erbakan dans une conférence de presse, après un entretien avec un des leaders de l’opposition, Mesut Yilmaz.
Organe dominé par les militaires, le MGK est effectivement consultatif mais ses résolutions sont d’ordinaire suivies à la lettre. Lors d’une réunion vendredi, il avait mis en demeure le gouvernement de coalition de M. Erbakan de prendre une vingtaine de mesures strictes pour mettre un frein à la «subversion extrémiste islamiste», mesures que M. Erbakan refusait d’appliquer.
«La Turquie est un pays démocratique, son régime est sûr et il n’y a pas de crise. Personne ne doit créer de crise artificielle», affirmait M. Erbakan.
«La volonté du peuple est représentée par le Parlement qui a renouvelé hier sa confiance en notre gouvernement», ajoutait-il mercredi.
L’Assemblée a rejeté mardi une motion de censure déposée contre la politique salariale du gouvernement et une autre motion réclamant l’ouverture d’une enquête sur le ministre de la Justice Sevket Kazan, un «dur» du Parti de la prospérité (Refah) de M. Erbakan.
De son côté, M. Yilmaz indiquait avoir refusé tout soutien à M. Erbakan face au diktat des militaires et l’avoir invité à démissionner «pour ne pas aggraver la crise».
«La cause principale de la crise actuelle est la contradiction entre le Refah et la Constitution. Le Refah n’a pas assimilé les principes fondamentaux de l’Etat, notamment la laïcité», déclarait M. Yilmaz à la presse.
Il affirmait que selon M. Erbakan, des «négociations» se déroulaient entre les partenaires de la coalition gouvernementale (M. Erbakan et le vice-premier ministre Tansu Ciller) et les autres membres du MGK. «Mais, à en juger par ce qu’il m’a dit, une conciliation paraît difficile», précisait M. Yilmaz.
Deux autres leaders de l’opposition, Bulent Ecevit et Deniz Baykal, avaient eux aussi appelé M. Erbakan à démissionner, lundi.
«Il joue avec le feu», déclarait un haut fonctionnaire, en parlant du refus de M. Erbakan de mettre en œuvre le programme d’action en 20 points exigé par les militaires pour mettre un coup d’arrêt à la montée de l’extrémisme religieux.
«La situation est plus grave qu’avant la réunion du Conseil de Sécurité. M. Erbakan sous-estime la détermination des militaires à défendre le caractère laïc de la république», ajoutait le haut fonctionnaire sous couvert de l’anonymat.
«C’est «High Noon» à Ankara», disait-il encore, dans une allusion à un célèbre western américain, ajoutant: «On verra qui reculera le premier. Si M. Erbakan croit que ce sera les militaires, il se trompe».
La crise est réglée en Turquie — du moins dans l’immédiat. Necmettin Erbakan a signé en fin d’après-midi une série de mesures réclamées par l’armée et destinées à mettre un frein à l’influence des islamistes radicaux, a déclaré un haut responsable militaire. Le Conseil national de sécurité, organisme dominé par les généraux, a soumis au premier ministre qui...