L’accusé, 36 ans, pratiquait «l’occultisme, le démêlage de rites vaudous, l’exorcisme, le désenvoûtement, la magie noire et les rites maléfiques» dans son cabinet à Annecy. Officiant en toge noire, dans une ambiance savamment propice aux évocations surnaturelles, il lui est reproché d’avoir effectué des attouchements ou d’avoir imposé des relations sexuelles à ses patientes et élèves, au nom des «liens du sang», pour se «régénérer».
A l’aise, disert dans le box, Daniel Habib reconnaît plus ou moins, dans un langage obscur, les pratiques qu’il qualifie de rites mais nie qu’elles aient été faites par surprise ou violence.
Il parle de «sensibilité à l’autre», de «sensibilité sensorielle», s’attribuant un don de voyance et le pouvoir «d’aider les gens», dont il use depuis l’âge de 14 ans.
Mais un médecin psychiatre le décrit à la barre comme un «pervers». «Il est intelligent, il n’est pas dupe», a expliqué le Dr Gilles Rambaud, chef de service à l’hôpital de Chambéry. «Il utilise sa force de suggestion pour obtenir ce qu’il désire (...) pour en tirer son plaisir financier ou sexuel».
L’activité de Daniel Habib répond aux trois critères de définition des sectes, former un cercle autour de soi, un discours de prosélytisme et de fanatisme auquel on adhère et un bénéfice financier, a-t-il expliqué.
Quant aux compétences de Daniel Habib en hypnose ou en psychologie, elles sont nulles, selon les experts. Ce que confirment peu ou prou à la barre trois de ses anciennes maîtresses et élèves. «C’était plutôt un jeu qu’autre chose», affirme l’une d’elles.
Deux d’entre elles et l’un des disciples assurent n’avoir «jamais été témoins» des faits qui son reprochés au mage, bien qu’ayant assisté à de nombreuses cérémonies. Elles reconnaissent néanmoins les pratiques sexuelles, ajoutant à l’adresse des plaignantes: «Elles étaient au courant de ce qui pouvait arriver», «elles étaient consentantes». «Elles revenaient et même certaines payaient», a dit l’une d’elles.
«C’était des gens en difficulté», reconnaît un témoin qui a fait elle-même la connaissance de Habib après un divorce difficile. Le profil psychologique des victimes fait effectivement apparaître des personnalités fragiles, immatures, naïves ou affectivement dépendantes.
«On ne va pas écouter un mage si on va bien», observe le Pr Rambaud. «Les médecins n’écoutent plus les gens, on n’a plus le temps», accuse-t-il. Daniel Habib écoutait et s’occupait de ses patientes.
Un dernier témoin s’effondre toutefois à la barre, révélant «avoir été abusée sexuellement» lors d’une séance d’hypnose. Les uns et les autres, reconnaissent que Habib, autoritaire et emporté, menaçait à l’occasion de jeter des sorts.
Selon son avocat, Habib avait plus d’une centaine de clients. L’enquête a montré que les séances étaient facturées entre 4.000 et 8.000 francs.
L’affaire a été découverte après qu’une jeune cliente, alors âgée de 16 ans, eut porté plainte pour des attouchements sexuels durant une hypnose. Trois autres plaintes ont été enregistrées au cours de l’enquête.
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