Affaire Sawan-Ayoubi : controverse sur l'état mental du principal inculpé

Plus il progresse et plus le procès de Yahya et Mohamed Ayoubi — accusés du meurtre de Samir et Ibrahim Sawan en septembre dernier, dans un terrain vague proche de Zghorta, à la suite d’un conflit sur l’achat d’une Range Rover — se complique. A tel point qu’au cours de l’audience d’hier devant la cour criminelle, le président Labib Zouein a décidé de convoquer de nouveaux témoins, notamment des spécialistes en psychiatrie, afin de déterminer si réellement le principal inculpé était pris de folie au moment du crime.
C’est que le tribunal se trouve devant un grave dilemme. Ayant désigné une commission médicale formée de trois spécialistes et chargée d’examiner l’inculpé et de préciser s’il souffre d’un mal héréditaire constant, la cour s’est trouvée devant deux rapports médicaux différents. Après de longues discussions, la cour a finalement décidé d’entendre les spécialistes au cours de la prochaine audience — fixée au 17 février — et après avoir étudié les deux rapports. La cour a aussi décidé d’entendre à titre de témoins, les Drs Antoine Boustany, Antranik Manoukian et Bahige Naufal, qui, selon le dossier, ont déjà traité Yahya Ayoubi pour des troubles divers. Elle a aussi prévu de convoquer le capitaine des FSI Mrad Mrad qui aurait reçu de l’inculpé un document écrit dans lequel celui-ci reconnaît être l’auteur du crime et innocente son cousin et complice Mohamed Ayoubi.
Interrogé d’ailleurs sur ce document par la cour, Yahya Ayoubi a répondu qu’il avait conçu ce texte comme un testament, car il voulait se suicider après avoir appris de la bouche du colonel Raëd Mitri que son père, le général des FSI Mohamed Ayoubi, l’avait renié.
L’inculpé a ensuite révélé aux juges qu’il souhaitait toujours se suicider car, a-t-il dit, «je n’ai plus qu’une hâte: retrouver ma mère qui s’est suicidée devant moi alors que j’avais 14 ans...»
Pressé de questions, Yahya a répété sa version des faits, selon laquelle Mohamed a tiré pour effrayer samir Sawan mais comme il ne sait pas manier les armes, le coup a blessé ce dernier à la hanche.
La cour poursuivra le 17 février l’audition des témoins.