GENEVE, 10 Janvier (AFP). — Une femme de 42 ans, accusée d’avoir battu durant des années son mari, un avocat lausannois, a été condamnée vendredi à 18 mois de prison avec sursis.
Le tribunal correctionnel de la Vallée de Joux, près de Lausanne, n’a pas suivi le ministère public qui demandait une peine de 3 ans et demi de prison ferme pour les sévices qu’elle a infligés à son mari, mais aussi à son fils né d’un premier lit.
Les faits concernant ce dernier sont en effet couverts par la prescription, et les juges ont reconnu que la femme souffrait de troubles psychotiques graves.
Le représentant du ministère public s’était déclaré effrayé jeudi, dans son réquisitoire, par des photos de la victime au visage transformé «en steack tartare».
Un tuyau d’arrosage, une canne, une tringle à rideau et une rallonge électrique avec des nœuds figuraient parmi les pièces à conviction au procès.
Le procureur avait estimé que la victime, âgée de 47 ans, a «frôlé la mort», allant durant des années de médecins en services d’urgence.
Sa femme l’accompagnait aux consultations, et il déclarait aux médecins s’être blessé lors de chutes ou de maladresses.
«Mon client présentait lors de l’arrestation de l’accusée pas moins de cent cicatrices sur tout le corps», avait souligné l’avocat du plaignant.
L’accusée répondait notamment de «lésions corporelles graves intentionnelles, contrainte et mise en danger de la vie d’autrui».
Selon l’accusation, les nombreux hématomes et plaies, mais aussi un décollement de la rétine, un tympan crevé et des lésions neurologiques prouvent qu’il n’y a pas eu consentement de la part du mari.
La défense a cependant réussi à ébranler cette certitude, soutenant que le mari était masochiste et rappelant qu’il a écrit des lettres d’amour à sa femme pendant ses neuf mois de détention préventive, lui demandant de reprendre la vie commune.
L’épouse, qui fut un temps la secrétaire de son mari, actuellement président du Tribunal des prud’hommes, avait été dénoncée en 1994 par sa belle-mère.
Aucun matériel ou littérature sadomasochiste n’a été découvert au domicile du couple, bien connu dans les milieux de la magistrature et de la vie politique communale à Lausanne.
Les enquêteurs avaient par contre saisi deux cahiers d’écolier où l’homme devait consigner ses fautes et recopier des centaines de fois des «bonnes résolutions», notamment à propos de penchants homosexuels que sa femme lui reprochait et qu’il nie.
La tortionnaire a été accueillie depuis sa sortie de prison dans un foyer pour femmes délaissées et battues.
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