Une demande de création d’un fonds spécial a été adressée lundi au ministre des Affaires étrangères, Flavio Cotti, par le président de la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI), Rolf Bloch, selon le vice-président, Thomas Lyssy, de l’organisation qui regroupe les 17.500 juifs de Suisse.
Cette demande se base sur le refus de Berne de prendre en charge l’accueil de 22.000 réfugiés juifs d’Europe admis en Suisse dans les années 1930-40, a précisé M. Lyssy.
Alors que l’Etat avait assuré le financement de 300.000 réfugiés non juifs, il avait fait financer le séjour des réfugiés juifs par les israélites de Suisse et des Etats-Unis, tout en refoulant quelque 30.000 autres réfugiés juifs. La FSCI considère qu’il s’agit d’une discrimination antisémite.
Un total de 55 millions de francs suisses de l’époque, 10 millions de Suisse et 45 millions des Etats-Unis, ont été versés, soit plus de 200 millions de dollars actuels.
M. Bloch souhaite que Berne «fasse un geste de bonne volonté» en instituant un fonds spécial et propose une rencontre avec M. Cotti.
Le gouvernement souhaite que la rencontre ait lieu et que des discussions commencent rapidement, selon un porte-parole gouvernemental, Corinne Goetschel, qui ne s’est pas prononcée sur la réponse de Berne.
Aucune date n’a encore été fixée mais l’entretien pourrait avoir lieu dès la semaine prochaine. Le gouvernement est en vacances cette semaine.
La demande de la FSCI ne précise pas de montant mais l’idée serait une somme aux alentours de celle versée par les organisations juives pour l’accueil des réfugiés, a dit M. Lyssy.
Le gouvernement s’est dit prêt en début de semaine à discuter la création d’un fonds d’aide aux victimes de l’holocauste et leurs héritiers, mais qui serait financé par des avoirs en déshérence dans les banques suisses. Celles-ci se sont déclarées favorables au principe, mais sont réticentes à utiliser de l’argent non réclamé, soulignant qu’il ne leur appartenait pas.
Une solution
plus rapide
D’autre part, la FSCI fait remarquer que la question des réfugiés n’est pas historiquement contestée et permet une solution plus rapide que les autres dossiers du contentieux avec la communauté juive internationale.
Les autorités suisses ont jusqu’à présent souligné qu’un règlement de la querelle sur les fonds juifs non restitués dépendait de l’établissement préalable des faits. Une commission d’enquête indépendante a été nommée, mais ses travaux prendront plusieurs années.
La communauté juive de Suisse souhaite que l’argent qui serait versé sur le fonds lié aux réfugiés aille en majorité à des organisations étrangères s’occupant des victimes de la shoah et non à des particuliers.
La proposition de la FSCI représente une tentative de désamorcer une polémique de plusieurs mois sur le rôle de place financière suisse dans la gestion de l’or nazi pillé en Europe et de fortunes déposées dans les banques par des victimes du nazisme.
Les plus commentés
Comment les Arabes peuvent-ils dire non à Trump ?
Le CPL hors du gouvernement, mais pas de la vie politique ?
Affrontements à la frontière libano-syrienne : nouveau revers pour le Hezbollah ?