L'UNICEF demande une législation contre la promotion du lait en poudre

GENEVE, 9 Janvier (AFP). — L’UNICEF a demandé que les pays se dotent de législations nationales contre la promotion du lait en poudre pour remplacer l’allaitement maternel, jugé mieux protéger la santé des enfants, a rapporté jeudi l’ONU.
Des responsables du Fonds des Nations Unies pour l’enfance ont fait cette proposition mercredi devant le Comité des droits de l’enfant de l’ONU alors que les grands fabricants de lait artificiel ont été accusés une nouvelle fois de mettre en péril la santé des bébés en décourageant l’allaitement maternel, notamment dans les pays en développement, selon un communiqué de l’ONU.
Les représentants de l’UNICEF ont proposé devant les dix experts du comité, réunis pour une de leurs deux séances annuelles à Genève, de recommander aux gouvernements l’introduction dans leur législation d’un code de commercialisation adopté en 1981 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Celui-ci interdit notamment la publicité pour le lait concentré ou en poudre et la distribution d’échantillons gratuits.
Une experte de l’UNICEF en nutrition, Lidia Lhotska, a affirmé devant le comité que le lait artificiel accroissait les risques de diarrhées et d’infections respiratoires, une augmentation de la déficience en vitamine A, de la malnutrition et de la mortalité.
Les experts du comité, qui examinent régulièrement l’application par les pays de la Convention des droits de l’enfant de 1989, se sont cependant demandés si le lait artificiel ne correspondait pas à certains besoins comme ceux des femmes qui travaillent ou des orphelins.
Les experts ont également demandé s’il était réaliste de vouloir interdire la publicité. Ils ont aussi posé des questions sur le risque de transmission du virus du sida par le lait de mères séro-positives.
Une étude publiée mercredi à Londres et menée par des organisations caritatives et l’église d’Angleterre accuse les fabricants de lait artificiel de violer systématiquement les règles de commercialisation de l’OMS.
En raison de sa cherté, le lait est souvent administré aux enfants sous forme trop diluée, ce qui entraîne des cas de malnutrition, ajoute l’étude.
L’OMS a établi en 1993 qu’un million et demi de morts d’enfants pourraient être évitées chaque année par l’allaitement maternel.