Ces bonnes perspectives relèguent au second plan une année médiocre en terme de chiffres d’affaires pour les deux grands constructeurs mondiaux d’avions civils, dont les livraisons n’ont cessé de décliner depuis 1991.
Airbus Industrie a annoncé lundi un chiffre d’affaires de 8,8 milliards de dollars en 1996, en baisse de 8,3% par rapport à 1995 malgré la livraison de deux appareils de plus, 126 contre 124. Boeing n’a pas encore annoncé ses résultats, mais a livré en 1996 215 avions civils.
En 1991, année de ventes record pour les deux avionneurs, Airbus avait livré 163 appareils et Boeing 446.
Pour les commandes en revanche, 1996 a été une année faste des deux côtés de l’Atlantique, confirmant la fin de la crise du transport aérien et de l’aéronautique civile provoquée par la guerre du Golfe en 1991.
Airbus a ainsi annoncé 326 commandes fermes pour 23,6 milliards de dollars, un chiffre qui passe à 498 appareils et 34,4 milliards de dollars en incluant les engagements d’achats. Boeing, qui ne fait pas le détail entre commandes fermes et simples engagements d’achat, a annoncé de son côté avoir reçu 645 commandes pour 47,2 milliards de dollars.
Airbus a ainsi sérieusement regonflé son carnet de commandes fermes qui comprend désormais 753 appareils pour une valeur totale de 58,4 milliards de dollars, après cinq années difficiles qui avaient vu ce carnet fondre de 1.038 à 578 avions entre 1990 et 1995. Boeing annonce pour sa part un total de plus de 1.350 appareils en commande.
«1996 aura été l’année de la reprise du marché», soulignait lundi à l’AFP un responsable d’Airbus Industrie.
Surtout, les deux avionneurs estiment que cette reprise devrait encore s’accélérer en 1997 et au cours des années suivantes, grâce à une croissance attendue du trafic aérien de 5% par an en moyenne d’ici 2015.
Conséquence: Airbus prévoit de produire 183 appareils en 1997 et plus de 220 à partir de 1998, tandis que Boeing va augmenter sa cadence de production de 22 à 36 appareils par mois, tous modèles confondus, d’ici la fin de 1997.
Compte tenu de la croissance du trafic et du nécessaire renouvellement des flottes des compagnies aériennes, Airbus et Boeing évaluent le marché des avions civils de plus de 100 places à quelque 15.000 à 16.000 appareils au cours des 20 prochaines années, pour une valeur totale de l’ordre de 1.100 milliards de dollars.
Un pactole qui exacerbe la rivalité entre les deux avionneurs, désormais seuls à se disputer ce marché après l’absorption de McDonnell-Douglas par Boeing annoncée le mois dernier.
Airbus, qui est parvenu à prendre en 25 ans un tiers du marché mondial des gros jets civils aux deux constructeurs américains, ne cache pas son ambition d’accroître encore sa part du gâteau.
Le constructeur européen dispose pour cela d’une gamme d’appareils désormais quasi complète, qui devrait encore s’étoffer à l’horizon 2000 par un gros porteur à long rayon d’action A340-600 destiné à concurrencer le B747 de Boeing, pour l’instant sans rival.
Les quatre partenaires européens d’Airbus Industries — le Français Aerospatiale, l’Allemand DASA, British Aerospace et l’Espagnol CASA — sont également parvenus la semaine dernière à un accord pour transformer leur structure actuelle, un groupement d’intérêt économique, en société de droit privé: une transformation qui devrait intervenir avant la fin du siècle pour permettre à Airbus de se battre à armes égales avec le nouveau géant Boeing-McDonnell Douglas.
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