LA BOURSE DE PARIS
PARIS, 31 Décembre (Reuter). —Le potentiel de hausse de la Bourse de Paris est jugé limité pour 1997 après la bonne performance de 1996.
Les analystes, stratégistes et gérants interrogés estiment dans l’ensemble que le CAC 40 ne devrait pas aller au- delà de 2.450 points. Il était à 2.319 points lundi en clôture.
De plus, ajoutent-ils, l’essentiel de cette progression se fera au premier semestre. Ils expliquent que l’influence des taux longs risque ensuite d’être défavorable aux Etats-Unis, ce qui pourrait provoquer une correction à Wall Street.
«Comme Wall Street est le marché directeur, toutes les places européennes seraient touchées», dit l’un d’eux.
Les plus optimistes expliquent toutefois que sans atteindre les 24,7% enregistrés au cours de l’année boursière 1996, le gain pourrait être de l’ordre de 10% à 15%, ce qui propulserait l’indice des principales valeurs entre 2.550 et 2.650 points.
Un gérant actions d’une importante banque étrangère rappelle que le marché parisien a progressé en 1996 grâce à la baisse des taux, aussi bien courts que longs, grâce à des conditions générales favorables, notamment une inflation faible, ainsi qu’avec l’amélioration des perspectives des entreprises.
«Il n’y a aucune raison majeure que ça change. J’ajoute que les restructurations financières ne sont pas terminées. Cela devrait doper les cours de certaines valeurs», explique-t-il en visant une hausse de 12 à 15% par rapport au niveau actuel.
Pour Georges De Nesmeskeri-Kiss, responsable de la stratégie à la Société Générale, il y a effectivement «de la place pour de nouvelles fusions-acquisitions» après les opérations AXA-UAP, Auchan-Docks de France ou Carrefour-Cora de 1996.
Mais il se montre prudent en fixant un objectif à 2.450 points: «La Bourse va continuer à monter. Mais le meilleur de cette performance se fera au premier semestre».
Selon lui, outre les opérations financières, la baisse des taux de l’année écoulée devrait faire sentir ses effets sur les frais financiers. Il cite également les flux de liquidités, d’autant que l’échéance de «l’emprunt Balladur» est juillet 1997. L’encours est actuellement de 94 milliards de FF.
La balance risque toutefois d’être «légèrement moins favorable» en raison de la mise sur le marché, au printemps, de 20% de l’opérateur public France Télécom. Selon les estimations retenues, cela nécessitera entre 20 et 40 milliards de FF.
Georges De Nesmeskeri-Kiss ne s’attend toutefois pas à une nouvelle baisse des taux longs en 1997.
Restructurations
financières à venir
«Cela devrait être un facteur neutre, peut-être négatif, dans la deuxième partie de l’année», déclare-t-il en ajoutant qu’il ne faut pas compter non plus sur le dollar.
Pour Michèle Jardin, stratégiste sur les marchés actions européennes de Crédit Lyonnais Securities, les restructurations devraient animer le marché parisien et l’amélioration de la croissance constituera un facteur de soutien.
Mais, assure-t-elle, la Bourse de Paris ne risque pas de connaître la même progression qu’en 1996. Elle souligne que la performance de l’année écoulée est en ligne avec celle des autres grandes places boursières européennes.
Elle explique qu’avec 23% au 27 décembre, le gain du CAC 40 est inférieur aux 26% de Francfort et aux 40% de Madrid.
«En termes de performance relative, Paris devrait bien performer en 1997 mais pas en termes de performance absolue», dit-elle en citant un objectif de 2.400 points d’ici l’été.
Un chartiste d’une importante charge de la place s’exprimant sous le couvert de l’anonymat pense que le CAC 40 est sur le point de terminer un cycle. «Entre la mi-janvier et le début février, il devrait se situer entre 2.380 points et 2.450 points au maximum. Mais on devrait corriger rapidement et redescendre jusqu’à 2.150 points au printemps», souligne-t-il.
Pour les gérants actions, les restructurations financières continueront si les taux restent à leurs niveaux actuels. «On ne joue plus un secteur. Tous peuvent être concernés, aussi bien la pharmacie que le secteur financier», dit l’un d’eux.
Parmi les opérations escomptées, les professionnels citent de prime abord celles qui sont déjà engagées, notamment la privatisation de Thomson-CSF, qui aura un impact sur le repreneur, Alcatel Alsthom ou Lagardère.
Ils évoquent ensuite la mise sur le marché probable du groupe GAN-CIC. La plupart d’entre eux pensent qu’un groupe étranger est mieux armé pour enlever cet ensemble.
Enfin, les spéculations vont bon train sur des rapprochements entre Rhône-Poulenc et Elf, entre Paribas et Crédit Lyonnais, entre la BNP et le CCF, entre la Société Générale et les AGF. Les boursiers estiment aussi que le groupe Havas devrait évoluer, certains n’excluant pas une fusion avec sa filiale Canal + sous la pression d’Alcatel, qui détient 20% du groupe de communication présidé par Pierre Dauzier.
En dehors de ces opérations financières, Michèle Jardin insiste sur «le discours plus marqué sur la restructuration interne des entreprises». Elle cite la Générale des Eaux, où la remise en ordre a séduit les investisseurs.
Enfin, certains estiment que certaines sociétés risquent d’être perturbées par des actions judiciaires. «Il faudrait aller vers plus de protection des minoritaires. On ne comprend pas pourquoi la COB (Commission des opérations de Bourse) ne saisit pas elle-même la justice dans certains cas ou ne suspend pas des titres après des déclarations imprudentes de leurs dirigeants», dit le gérant d’une grande institution.
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