«L’or des Scythes», l’une des plus splendides expositions d’art nomade du monde, a été rouverte au public à l’Ermitage, le grand musée de Saint-Pétersbourg, après cinq ans de travaux et de restauration.
Les Scythes, nomades qui dominaient les steppes il y a 2.500 ans, enterraient avec leurs morts de véritables trésors. Ce sont ces bijoux et autres objets en or, retrouvés en Sibérie et dans le sud de la Russie, qui constituent la superbe collection de l’Ermitage.
«L’or des Scythes», une petite partie de la collection scythe de l’Ermitage, présente dans une seule grande salle 455 objets en or datant d’une période s’étalant sur trois siècles, du 7e au 4e siècle avant notre ère.
Parmi les objets les plus remarquables se trouvent des colliers et ceintures représentant des animaux stylisés, les premiers objets scythes découverts en Russie, sous Pierre le Grand, et le «trésor de Stavropol», 19 objets en or pesant un total de 16 kilos, trouvé par hasard en 1910 par un paysan dans son champ.
Outre les bijoux exécutés par les Scythes eux-mêmes, on trouve également des objets qu’ils rapportaient de leurs conquêtes, notamment un superbe glaive à fourreau d’or ou une coupe venant d’Assyrie, ou bien qu’ils commandaient à des artisans étrangers, comme cet impressionnant démêloir en or de plus d’un demi-kilo, œuvre d’un maître grec.
Les Scythes ont occupé pendant des siècles, avant et au début de l’ère chrétienne, un vaste territoire allant de la Sibérie à la Méditerranée et de l’Iran au Caucase du nord (partie russe du Caucase) ou à l’Ukraine. Si on sait peu de choses sur la vie quotidienne de ce peuple essentiellement nomade, on connaît en revanche assez bien leurs rites funéraires, l’essentiel des trouvailles archéologiques provenant de leurs tombes.
«Dans leur vie quotidienne ces nomades n’avaient pas besoin des joyaux. Ils les achetaient ou les faisaient exécuter pour les enterrements», souligne le guide qui fait visiter l’exposition.
Les chefs étaient enterrés dans des tertres comptant parfois plusieurs tombes, et les rois l’étaient avec leurs femmes et leurs serviteurs, sacrifiés au moment de l’enterrement.
Les pilleurs se sont évidemment souvent attaqués aux tombes scythes et aux trésors qu’elles recelaient, mais ceux-ci étaient protégés par la construction souvent complexe des tertres les plus importants, qui pouvaient faire jusqu’à 30 mètres de haut.
«Les archéologues ont souvent vu des squelettes de pilleurs ayant échoué», raconte Alexei Chiguine, un des collaborateurs du musée. «Parfois aussi les pilleurs n’accédaient qu’à une seule des tombes dans le tertre et laissaient les autres intactes. On a ainsi trouvé en 1913 un tertre qui avait été pillé à moitié, l’autre moitié était intacte».
Ce sont des bijoux volés par des pilleurs dans une tombe en Sibérie, sous Pierre le Grand au début du XVIIIe siècle, qui ont constitué la première collection d’art scythe de la Russie.
En 1860 Nicolas 1er organisait un comité archéologique et lui attribuait des fonds pour mener des fouilles. «Malheureusement aujourd’hui le travail est rendu plus difficile, car une partie des territoires concernés se trouve dans des républiques devenues indépendantes. Mais les savants gardent des rapports avec l’Ermitage», note Larisa Aérova, l’un des spécialistes des Scythes attachés à l’Ermitage. (AFP).
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