Le premier « danger » qui menace le Liban reste, selon le locataire de Baabda, Israël, « toujours soucieux de dynamiter le rôle du Liban et sa formule - mais en vain : l'État hébreu n'y arrivera pas, malgré les menaces quotidiennes lancées contre le Liban comme autant de violations à la résolution 1701 de l'ONU », a-t-il relevé. Le deuxième danger, « issu du premier », est une éventuelle « scission entre les Libanais » et un « démantèlement de notre unité nationale ». Quant au troisième, il s'agit du « terrorisme, que l'armée a combattu d'une façon exemplaire », a affirmé le chef de l'État, faisant référence à la bataille de Nahr el-Bared.
Pierre angulaire d'une stratégie de défense face à ces trois menaces : la troupe et les institutions sécuritaires. « Le mythe de la division de l'armée est bel et bien obsolète. La loyauté de l'armée ne va qu'aux institutions étatiques et à la patrie - pas au président de la République ni à quelque zaïm que ce soit », a insisté Michel Sleiman, faisant part de sa confiance « absolue » dans l'actuel commandement de la troupe, qu'il a appelé à « ne pas se laisser influencer par d'éventuelles critiques à son encontre - ces critiques sont nombreuses dans les pays démocratiques, et notamment en Europe », a-t-il précisé, rappelant que l'armée « a dépassé de gigantesques difficultés sans se diviser. Je suis pleinement persuadé que, quoi qu'il arrive, la troupe ne s'effritera pas », a martelé le chef de l'État.
Michel Sleiman a également jugé que l'accord et la compréhension actuels entre l'armée et la résistance constituent « une expérience saine, à même de jeter les bases de la stratégie de défense ». À ce sujet, il a avoué savoir que les Libanais se demandent chaque jour ce qu'il est advenu de cette stratégie de défense, « qu'il est impossible de mettre sur pied en improvisant, mais plutôt sur base de trois paramètres : la capacité militaire de l'armée et de la résistance, la capacité économique et la situation politique », cette dernière étant loin, du moins sur le plan régional, d'être propice, a indiqué le chef de l'État, pour lequel la table de dialogue national « pourrait être une copie de ce comité chargé de l'abolition du confessionnalisme politique tel que stipulé dans l'accord de Taëf ».
Concernant les relations libano-syriennes, analysées sous l'angle militaire, Michel Sleiman a estimé que les armées des deux pays sont liées « par une même doctrine : s'opposer à l'ennemi israélien - et cela doit rester en l'état », a-t-il affirmé, précisant que la coordination entre les institutions militaires libanaise et syrienne « doit servir l'intérêt de chacun des deux pays sans que l'un s'ingère dans les affaires de l'autre ».
Au sujet des aides militaires accordées au Liban, le président Sleiman a indiqué que Beyrouth les accepte toutes « et les acceptera toujours à condition qu'elles ne soient pas assorties de conditions politiques. Il n'en reste pas moins que ces aides étrangères ne devraient pas exempter le gouvernement de remplir son devoir à l'égard de la troupe d'abord, mais aussi des forces de sécurité, qui ont urgemment besoin d'aide - et à tous les niveaux », a-t-il estimé.
Enfin, évoquant l'échéance électorale du mois de juin, le chef de l'État a insisté sur le fait que l'armée et les forces de sécurité « se devront de confirmer, à ce moment bien précis, toute leur crédibilité. Ces élections blinderont votre crédibilité pour des années à venir », a-t-il dit à l'adresse des forces de l'ordre présentes au cours de la cérémonie. Et de poursuivre : « Vous vous devez de déployer des efforts herculéens pour préserver l'armée de tout rapport, aussi infime soit-il, avec la politique. Quant aux officiers, et surtout ceux au sein des services de renseignements, ils se doivent d'adopter un comportement extrêmement étudié, afin que le citoyen sache qu'ils ne se mêlent en rien de l'opération électorale. Ils se doivent de ne rien laisser au hasard », a-t-il ajouté, relevant que cela concerne « tout autant » les fonctionnaires au sein des diverses administrations que ceux œuvrant au sein de l'appareil judiciaire.