Dans un entretien à la télévision suédoise diffusé il y a une semaine, l'évêque intégriste avait affirmé : « Je crois qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz (...) Je pense que 200 000 à 300 000 juifs ont péri dans les camps de concentration, mais pas un seul dans les chambres à gaz. »
Face au tollé, le supérieur général de la communauté intégriste de la Fraternité Saint-Pie X, Mgr Bernard Fellay, a demandé « pardon » au pape pour les propos négationnistes de Mgr Williamson. Il a aussi « interdit » à l'évêque intégriste « toute prise de position publique sur des questions politiques ou historiques ».
Mais hier, c'était au tour d'un autre prêtre intégriste de la même congrégation de tenir de nouveaux propos négationnistes. Dans une entrevue accordée au quotidien La Tribune de Trévise, le prêtre Floriano Abrahamowicz, responsable de la communauté intégriste catholique de la Fraternité Saint-Pie X pour le nord-est de l'Italie, a affirmé que les chambres à gaz dans les camps de concentration ont servi « à désinfecter », précisant « ne pas savoir si elles ont fait des morts ».
Un effet dévastateur
La concomitance des déclarations négationnistes de l'évêque britannique et du prêtre italien, de leur réintégration dans l'Église catholique et de la Journée internationale de commémoration des victimes de l'Holocauste a eu un effet dévastateur. En signe de protestation, le grand rabbinat d'Israël a décidé, hier, d'annuler sa participation à une réunion à Rome avec des représentants catholiques qui était prévue en mars. Dans une interview hier au quotidien italien La Repubblica, le rabbin David Rosen, conseiller du grand rabbinat d'Israël, a déclaré que la prise de distance de Benoît XVI avec les propos de l'évêque négationniste n'avait « pas mis fin complètement » au grave différend né de cette affaire. Pour éliminer toute ambiguïté, le rabbin a estimé que Richard Williamson devrait « s'excuser » ou que sa communauté devrait exiger « des excuses publiques » pour qu'il en demeure membre.
Le Conseil central des juifs d'Allemagne, principale organisation juive du pays, a également entrepris une démarche similaire à celle du grand rabbinat d'Israël en suspendant « pour le moment » tout dialogue avec l'Église catholique.
Par ailleurs, plus de 200 prêtres et théologiens de Suisse ont exprimé hier leur désaccord avec la levée de l'excommunication de quatre évêques intégristes par le pape Benoît XVI, estimant qu'elle s'inscrivait dans une série de décisions « fortement régressives ». Selon eux, cette décision constitue une source d'inquiétude quant aux tendances du Vatican.
Mercredi, le pape Benoît XVI avait exprimé sa « solidarité » avec les juifs et a condamné la négation de la Shoah. Il a aussi demandé aux quatre évêques dont il a annulé l'excommunication, parmi lesquels Mgr Williamson, de reconnaître « l'autorité du pape et le concile Vatican II », qui avait rompu avec une tradition chrétienne attribuant aux juifs la mort du Christ.