« Aujourd'hui, on a un président qui persiste et signe alors qu'il nous a déjà menés à la récession avec sa politique, avant même que la crise financière n'arrive », a lancé la dirigeante du Parti socialiste, Martine Aubry, dans le cortège de la manifestation parisienne qui comptait plusieurs dizaines de milliers de personnes. Selon François Chérèque, secrétaire général du syndicat CFDT, le deuxième du pays, les défilés d'hier sont les « plus grandes manifestations de salariés depuis une vingtaine d'années ». C'est « un événement social de grande importance », pas « un coup de colère passager, il y aura des suites », a averti Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, premier syndicat français. « C'est pas aux salariés de payer pour les banquiers », entendait-on dans le défilé parisien. « La grève n'est pas une réponse à la crise », a répondu de son côté le ministre du Budget, Éric Woerth, répétant la position déjà exprimée par Nicolas Sarkozy qui exclut de renoncer aux réformes pour lesquelles il a été élu.
Des salariés du secteur privé étaient présents dans les cortèges, aux côtés des employés du secteur public, qui concentre les gros bataillons des syndicats en France. Mais les arrêts de travail, surtout dans les services publics, n'ont pas paralysé le pays. Un quart des quelque 5 millions de fonctionnaires ont participé à la grève, selon des chiffres officiels.
Outre l'éducation, où au moins la moitié des enseignants ne travaillait pas, les perturbations touchaient surtout les chemins de fer, les transports en commun et aériens, mais sans atteindre les niveaux annoncés. Des agents de France-Télécom, de la poste, d'Électricité de France (EDF), de la télévision et de la radio publiques ont également observé des arrêts de travail. Le métro parisien a fonctionné à 75 % et les bus de la capitale à 85 %. À Paris, ceux qui avaient choisi de travailler se déplaçaient sans difficultés majeures. Des perturbations étaient plus importantes dans certaines villes de province, comme Marseille (Sud-Est).