Le chef des Kataëb Samy Gemayel, lors d'une conférence de presse. Photo diffusée sur son compte X
Le chef du parti Kataëb Samy Gemayel a affirmé dans une interview lundi soir sur la chaîne saoudienne Hala Arabia que « l’Iran n’a pas financé le Hezbollah pour assurer la prospérité et la stabilité de la rue chiite, mais plutôt pour l’utiliser (...) comme bras armé à un moment donné », notamment après l'attaque du 7-Octobre. Il s'est par ailleurs dit « préoccupé » par l' « ingérence » de l'Iran dans les affaires intérieures du Liban, estimant que les événements qui ont eu lieu dans la région ces derniers jours « ont été reportés de 10 ans ».
« Pour nous, Libanais, ce qui nous préoccupe le plus, ce sont les agissements de l'Iran au Liban et son ingérence dans nos affaires intérieures », a déclaré M. Gemayel. Et de poursuivre : « Je pense que le mot « ingérence » est un euphémisme. En réalité, l’Iran a mis la main sur le Liban par l’intermédiaire du Hezbollah, utilisant le pays, son peuple, son territoire et les villages libanais pour sa politique étrangère et pour tenter d’étendre son influence dans la région ». « Il est naturel que l'Iran ne se soucie pas du peuple libanais détruit (...) il n'éprouve aucun sentiment pour les Libanais, qu'ils soient chiites ou non. La preuve est que, lorsque le Liban a été détruit, que les dirigeants du Hezbollah ont été tués et que le Sud a été anéanti, l'Iran n'a pas lancé de missiles balistiques en direction Israël, comme il l'a fait la semaine dernière (...) L'Iran a utilisé le Hezbollah et les chiites pour alimenter ses batailles », a-t-il dit.
Commentant l'évolution de la situation régionale, notamment après l'intervention américaine dans la guerre israélo-iranienne et le cessez-le-feu conclu lundi entre l'Iran et les États-Unis, Samy Gemayel a jugé que « ce qui se passe aujourd'hui a été reporté de dix ans ». « Le comportement du régime iranien crée de l'instabilité dans la région à cause de son insistance sur son programme nucléaire, et ce malgré toutes les tentatives de l'Occident pour trouver des solutions et toutes les négociations menées au cours des dix dernières années », a-t-il déclaré avant de poursuivre : « Cependant, le 7-Octobre a eu un impact direct sur la détérioration des relations entre l'Iran et l'Occident, qui a perdu patience. Par conséquent, ce que nous observons aujourd'hui est le résultat naturel d'un processus qui a duré plus de quinze ans ».
Rassurer la communauté chiite
Interrogé au sujet des chiites du Liban, le chef des Kataëb a affirmé que « la communauté chiite doit être rassurée par la présence d'un État bienveillant et d'institutions d’État à ses côtés ». « Nous devons dire aux chiites libanais : le Liban est votre pays et que nous ne voulons pas qu'il vous arrive de mal. Notre seul souhait est de vous protéger comme nous nous protégeons nous-mêmes. Ce qui vous arrive nous arrive. Cela nécessite de rompre les liens avec l'Iran et de s'éloigner de la logique de l'isolement et de l'État dans l'État », a-t-il dit.
Concernant le retard pris dans la remise à l’État des armes du Hezbollah, il a exprimé sa « compréhension face à la démarche du président de la République », expliquant que « la première étape pour résoudre tout problème passe par la voie diplomatique, et c'est ce que fait le président de la République. » « Cependant, cela ne signifie pas que cela se fera indéfiniment. Le chef de l’État a des obligations et des exigences, et bénéficie d'un soutien international et arabe. Il sait que cela ne se fera pas tant que la question des armes ne sera pas réglée. À mon avis, le président de la République s’est fixé une échéance », a souligné Samy Gemayel.
« Tout le monde rejette la possession des armes par le Hezbollah, et l’expérience a montré que ces armes n’ont pas protégé le Liban, mais qu'elles ont conduit à son exploitation par d’autres pays. Par conséquent, tous les arguments invoqués pour justifier la poursuite de la possession d’armes sont tombés à l’eau. Aujourd’hui, malgré l’affaiblissement du Hezbollah et compte tenu de la situation à Gaza et avec l’Iran, ces armes n’ont plus qu’un seul objectif : contrôler l’intérieur du pays et intimider la communauté chiite en particulier et les Libanais en général, tout en influençant la politique intérieure. Cela est inacceptable », a déclaré le chef des Kataëb.
« Nous sommes aujourd'hui confrontés à un danger imminent au Liban si le Hezbollah envoie un drone ou lance un missile. L'État est aujourd'hui mis à l'épreuve. Les autorités sont face à un test, car elles ne peuvent se soustraire à leurs responsabilités et se contenter d'une condamnation. Ce qui est demandé à l'État, c'est d'empêcher le lancement d'un missile ou d'un drone, au sud et au nord du Litani et dans tout le Liban. L'État doit intervenir partout où des actes hostiles sont commis contre un autre pays depuis le Liban », a-t-il poursuivi.
Samy Gemayel a par ailleurs appelé à « séparer le président du Parlement Nabih Berry du Hezbollah », malgré l'alliance qui existe entre les deux formations chiites. Il a estimé que « le programme de M. Berry est libanais, même si on peut ne pas être d’accord avec sa performance et son style (...) Il n’a aucune idéologie religieuse extrémiste ». « Cependant, nous avons un problème avec sa façon de gérer le pays et le Parlement, ainsi que dans son positionnement politique aux côtés du Hezbollah, sachant qu’il a tenté d'alléger les choses pour le Liban et la communauté chiite », a-t-il conclu.
Pour une fois, je suis pleinement d'accord avec les propos du Chef des Kataeb.
15 h 38, le 24 juin 2025