
Nabil et Sarah Sader recevant le trophée. Photo DR
La maison d’édition libanaise Dar Sader, la plus ancienne encore en activité dans le monde arabe, a été mise à l’honneur lors du Salon international du livre d’Abou Dhabi 2025. Cet hommage, organisé par le Centre de la langue arabe relevant du département de la Culture et du Tourisme de l’émirat, s’est inscrit dans un contexte diplomatique fort, marqué par la visite officielle du président libanais et du ministre de la Culture aux Émirats arabes unis. Le geste symbolique témoigne du renforcement des relations culturelles entre les deux pays.
Un film produit pour l’occasion a retracé le parcours de Dar Sader, fondée à Beyrouth en 1863, et a mis en lumière ses auteurs phares et son rôle dans la vie intellectuelle arabe. À l’issue de la projection, un trophée a été remis à la maison d’édition. D’autres éditeurs arabes ont également été salués, dont Dar al-Maarif (Égypte), maison fondée en 1890 par un Libanais.
Dar Sader a également présenté une sélection rare de ses archives dans l’espace « Founoun » du salon. Parmi les œuvres exposées : des éditions originales de Alf Layla wa Layla (1926), Kalila wa Dimna (1912), et des textes d’al-Moutanabbi, offrant aux visiteurs un aperçu de l’évolution de la littérature arabe.
Au cours d’une table ronde intitulée « De Beyrouth au monde : Dar Sader et l’édition arabe depuis 1863 », Nabil Sader, PDG et représentant de la quatrième génération familiale, a rappelé les débuts de la maison : son arrière-grand-père, Ibrahim Sader, venu de Darb el-Sim, avait ouvert une librairie à Beyrouth, vendant d’abord des chapelets avant de se tourner vers la littérature. Il a cité l’orientaliste Louis Cheikho, qui écrivait : « Le 9 mai 1915, à Beyrouth, mourait le tout premier libraire et éditeur de la ville, Ibrahim Sader. Il avait mis pendant plus de cinquante ans des œuvres rares à la disposition des jeunes Beyrouthins. »
Sarah Sader, responsable de la communication et cinquième génération de la famille, a évoqué les débuts du marketing du livre : « Nos ancêtres pratiquaient le marketing avec brochures, timbres, témoignages clients… comme une sorte d’avis Google avant l’heure. » Elle a conclu : « En 1863 comme à l’ère de l’intelligence artificielle, notre mission reste la même : publier, préserver et transmettre le patrimoine littéraire arabe. »