
Des soldats libanais déployés près de l'ambassade américaine, au nord de Beyrouth, le 5 juin 2024. Photo Joseph Eid / AFP
L’armée libanaise a annoncé, vendredi dans un communiqué, l’arrestation de 86 personnes soupçonnées d’avoir tiré en l’air pour célébrer les résultats des élections municipales au Mont-Liban et au Liban-Nord les 4 et 11 mai, précisant qu’elle « continue de surveiller la situation sécuritaire et de mener des raids pour en arrêter les responsables et les déférer devant la justice compétente ».
Les personnes arrêtées étaient en possession d’armes et de munitions qui ont été saisies, ajoute le communiqué dans lequel la troupe réitère ses avertissements contre les tirs de célébration, « sous peine de poursuites judiciaires » et affirme qu'elle « n’hésitera pas à poursuivre et à arrêter toutes les personnes impliquées sur l’ensemble du territoire libanais ».
Tous les permis de port d’armes dans les gouvernorats (mohafazats) de Beyrouth, de la Békaa et de Baalbeck-Hermel ont été suspendus du 17 au 20 mai, couvrant la veille et les deux jours suivant le scrutin du 18 mai dans ces régions.
L’armée a indiqué avoir déployé des unités spéciales en amont de ces élections, afin de « mettre en œuvre des mesures de sécurité exceptionnelles », incluant l’installation de points de contrôle temporaires et la conduite de patrouilles « dans le but de maintenir la sécurité et la stabilité durant le processus électoral et de prévenir les incidents ».
Le commandement de l’armée a appelé les citoyens à coopérer avec ces mesures, pour garantir leur sécurité et préserver une atmosphère de « liberté et de démocratie » lors du scrutin. Il les a également incités à signaler toute tentative de trouble au poste militaire le plus proche ou en contactant la salle des opérations du commandement de l’armée au 117.
Jeudi, le Parlement a adopté un texte doublant les peines contre les tirs de célébration. Ce texte, présenté par le député Achraf Baydoun, modifie la loi n° 71 du 27 octobre 2016, qui criminalise les tirs de célébration, en alourdissant les peines encourues.
Cette décision intervient après que deux personnes — la journaliste de la chaîne LBCI Nada Andraos et un jeune homme qui est dans un état critique — ont été blessées par des balles perdues à Tripoli dimanche soir, après l’annonce des résultats des municipales.
Bien qu’illégaux, les tirs de célébration sont très répandus au Liban. La loi de 2016 prévoit des peines de prison allant de six mois à trois ans, et des travaux forcés de dix ans accompagnés d’une amende en cas de décès causé par les tirs.
Malgré ces mesures, cette pratique persiste. Selon le centre de recherche beyrouthin Information International, entre 2010 et 2021, les balles perdues ont causé en moyenne sept morts et quinze blessés par an.