
Le député druze libanais Taymour Joumblatt aux côtés de son père, Walid Joumblatt. Photo AFP.
Le Parti socialiste progressiste (PSP) a condamné mardi « l’offense inacceptable faite au prophète Mahomet à travers un enregistrement audio suspect diffusé dans la région de Jaramana », une banlieue à majorité druze en Syrie, tout en mettant en garde contre « le piège de la discorde ».
Dans un communiqué, le parti dirigé par le député druze libanais Taymour Joumblatt « réitère son appel au respect du caractère sacré des symboles religieux, dans le cadre plus large du respect du droit et de la liberté de croyance », et met en garde contre « le piège de la discorde, qui ne sert que l’ennemi israélien et son agenda de division et d’attisement des conflits ».
Le PSP souligne également « l’importance de préserver l’unité de la Syrie ainsi que son tissu social ». Il appelle à « une enquête transparente sur les faits et leurs motivations », insiste sur « la nécessité d’assurer la paix à Jaramana comme dans toutes les régions de Syrie », et exhorte l’État syrien à prendre « les mesures nécessaires pour garantir la sécurité et prévenir toute dérive ».
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), « les forces de sécurité ont lancé un assaut » contre Jaramana, une banlieue située au sud-est de Damas, après la diffusion sur les réseaux sociaux d’un message vocal, attribué à un druze, jugé blasphématoire envers l’islam. Quatorze personnes ont été tuées dans les affrontements, selon l’OSDH. Ces violences ravivent le spectre des affrontements confessionnels, un mois après les massacres visant la minorité alaouite dont était issu l’ex-président Bachar el-Assad, renversé en décembre par la coalition islamiste au pouvoir.
Le ministère syrien de l'Intérieur a indiqué qu'il enquêtait sur le message « blasphématoire à l'égard du prophète » Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.
Les autorités religieuses druzes locales ont « vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) » , tout en dénonçant dans le même temps « toute atteinte au prophète ». Les plus hauts dignitaires ont appelé au calme, l'un d'eux, l'influent cheikh Hikmat al-Hajri, dénonçant « les attaques terroristes » contre les « innocents ». Il a dans le même temps accablé les nouvelles autorités, les accusant de vouloir « marginaliser » les druzes, à l'instar du pouvoir précédent.
Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël. Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre, après plus de 13 ans de guerre civile en Syrie, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté. Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes. Les dignitaires druzes avaient immédiatement rejetés ces propos, réaffirmant leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants négocient avec le nouveau pouvoir central à Damas un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.
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