Le président Joseph Aoun a reçu mardi au palais de Baabda une délégation d'officiels émiratis pour aborder l'évolution des relations bilatérales entre le Liban et les Émirats arabes unis (EAU), exprimant l’espoir que sa visite prochaine dans l'émirat marquera « l’ouverture d’une nouvelle page » dans les relations entre Beyrouth et Abou Dhabi.

Le chef de l'État recevait le président du Conseil national fédéral des Émirats, Sakr Ghobash, accompagné notamment du chargé d'affaires de l’ambassade des Émirats au Liban, Fahd Salem al-Kaabi, et en présence de l’ambassadeur du Liban à Abou Dhabi, Fouad Dandan. « Les relations entre le Liban et les Émirats sont profondément ancrées, et j'attends avec impatience ma visite à Abou Dhabi pour rencontrer Cheikh Mohammed ben Zayed », a déclaré M. Aoun selon un communiqué publié par le palais. « Nous avons de grands défis à relever et une nouvelle page dans la relation entre nos deux pays à ouvrir », a-t-il ajouté en évoquant la reconstruction du Liban après 14 mois de guerre dévastatrice entre le Hezbollah et Israël.

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Sakr Ghobash a transmis au chef de l'Etat les salutations et la confiance du président des Émirats, Cheikh Mohammad ben Zayed, ainsi que son attachement au Liban. Il a salué les « avancées réalisées en un temps record » dans le pays, y voyant « un pas qualitatif qui nous rassure quant à l’avenir ». Et d'ajouter : « Le Liban occupe une place particulière dans le monde arabe par sa richesse culturelle et sa diversité. Il nous est proche par sa nature, sa culture et son peuple. Le président des Émirats réaffirme sans cesse son soutien au Liban, à son unité et à son retour dans le giron arabe ».

Rétablir la confiance avec les pays arabes

M. Ghobash a également qualifié le discours d’investiture du président Aoun de « document fondateur » qui vient compléter la constitution libanaise et l’accord de Taëf, soulignant que le respect du droit est le fondement de tout État moderne. Il a salué les compétences libanaises qui « constituent une richesse durable », particulièrement les contributions de la diaspora libanaise aux Émirats.

De son côté, le président Aoun a remercié les EAU pour leur accueil de nombreux citoyens libanais, rappelant que « ce pays frère a toujours été aux côtés du Liban ». Il a assuré que, malgré les difficultés, le gouvernement a su avancer sur plusieurs dossiers cruciaux et souligné la nécessité pour le Liban « de restaurer la confiance avec les pays frères et amis », après plusieurs années d'une grave crise économique.

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Évoquant les réformes en cours, l'ancien chef de l'armée a mis en avant les nominations sécuritaires et judiciaires, notamment celle de Karim Souhaid à la tête de la Banque du Liban. Il a mentionné l’adoption des lois sur la levée du secret bancaire et la restructuration du secteur, annonçant qu’un « projet sur le traitement du déficit financier » était en cours.

Sur le plan régional, il a salué l'« amélioration » que connaît selon lui l'évolution du dossier syrien après la récente visite du Premier ministre Nawaf Salam à Damas. Des « comités bilatéraux » doivent désormais travailler sur les questions du trafic, de la démarcation des frontières et de la normalisation des relations, a-t-il précisé.

Au sujet du Liban-Sud, Joseph Aoun a dénoncé la poursuite de l’occupation des cinq points stratégiques où sont toujours positionnées les troupes israéliennes, « freinant l’application de la résolution 1701 de l’ONU et le déploiement de l’armée libanaise jusqu’à la frontière ».

Il a enfin réitéré le principe selon lequel tout sujet de discorde, qu’il concerne le désarmement du Hezbollah, la restructuration bancaire ou la crise économique, doit être abordé « dans le cadre du dialogue national ». « Je ne détiens pas de baguette magique, mais je suis animé par la volonté et la détermination d’accomplir des réalisations concrètes et de conduire le Liban vers la stabilité et de la sécurité », réaffirmant que « la lutte contre la corruption et le crime » constituait ses « deux batailles prioritaires ».

La délégation émiratie a par la suite été reçue à Aïn el-Tiné par le président du Parlement Nabih Berry, en présence du vice-président Elias Bou Saab, président du Comité d'amitié parlementaire libano-émirati. La réunion a notamment permis de discuter du renforcement de la coopération entre les parlements des deux pays, rapporte la dépêche de l'Agence nationale d'information (ANI, officielle).