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Pressée par Bruxelles, Meloni en mission délicate à Washington

Pressée par Bruxelles, Meloni en mission délicate à Washington

La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, au Palazzo Chigi à Rome le 14 avril 2025, et le président américain Donald Trump s'adressant à la presse avant de monter à bord d'Air Force One à la base aérienne d'Andrews le 14 mars 2025, dans le Maryland. Combo de photo AFP/ALBERTO PIZZOLI, BRENDAN SMIALOWSKI

Avocate du « Made in Italy » mais pressée par Bruxelles de parler au nom de ses partenaires européens, Giorgia Meloni doit rencontrer Donald Trump jeudi à Washington pour une mission délicate sur les droits de douane. Seule dirigeante de l'UE invitée à l'investiture du président américain en janvier, la cheffe de la coalition ultraconservatrice au pouvoir à Rome a l'oreille du locataire de la Maison-Blanche.

Ils partagent un large socle idéologique, des restrictions à l'accès à l'avortement aux entraves à l'immigration, du credo chrétien au combat contre les « wokistes ». Les sépare néanmoins le dossier ukrainien: Mme Meloni, dépositaire d'une tradition anticommuniste ancrée dans le fascisme qui a forgé son atlantisme, compte au nombre des plus fervents soutiens de Kiev depuis l'invasion russe.

Tandis qu'elle a fustigé dimanche la « barbarie » en cours en Ukraine après la frappe russe sur la ville de Soumy qui a fait 35 morts, Donald Trump, tout en déplorant « une chose horrible », a repris à son compte l'argumentaire du Kremlin qui a invoqué une « erreur ».

Surtout, avec les droits de douane punitifs annoncés par Donald Trump, s'est grippée une certaine idée du patriotisme économique que l'un et l'autre défendent dans un contexte d'échanges mondialisés. Dépendante des exportations de son industrie, laquelle pèse près d'un quart de son PIB, Mme Meloni a critiqué ces droits de douane tout en jouant le dialogue et exhortant Bruxelles à ne pas prendre de mesures de rétorsion.

Son pas de deux et sa proximité avec M. Trump n'ont pas laissé d'inquiéter ses partenaires européens, à l'instar du ministre français de l'Industrie, Marc Ferracci, qui a dit craindre, à l'annonce de la visite de Mme Meloni à Washington, qu'elle ne fasse cavalier seul. « Si nous commençons à avoir des discussions bilatérales, il est évident que cela brisera la dynamique actuelle », a-t-il averti la semaine dernière. « Je ne sens aucune pression », a plaisanté l'intéressée mardi soir en marge d'une cérémonie devant un parterre de chefs d'entreprise. « Je suis consciente de ce que je représente et je suis consciente de ce que je défends. »

L'Italie réalise plus de 10% de ses exportations vers les Etats-Unis, troisième partenaire commercial de la péninsule. 10% des exportations de l'Allemagne se font également aux Etats-Unis, et 7% des exportations françaises. Alors le mot d'ordre, à Rome, est à l'apaisement. « Nous devons absolument éviter une guerre tarifaire », a plaidé le ministre de l'Industrie, Adolfo Urso, ajoutant que Mme Meloni chercherait à Washington à « convaincre tout le monde de la nécessité de discuter ».

Message des Européens 

La Commission européenne a aussi voulu rassurer. Sa présidente, Ursula von der Leyen, et la dirigeante italienne « sont en contact régulier », a assuré lundi une porte-parole à Bruxelles. « Elles ont été en contact à propos de cette mission, au cours des derniers jours, et elles seront en contact avant la mission. »

Rappelant que la Commission est seule compétente en matière d'accords commerciaux, elle a insisté sur le fait que « toute démarche auprès des Etats-Unis est la bienvenue » et « étroitement coordonnée ». Selon un diplomate européen interrogé par l'AFP, « il n'y a aucun problème » dès lors que tout dirigeant du bloc se rendant à l'étranger « porte le message des Européens » pour « renforcer l'unité européenne ».

Hormis Forza Italia, formation de droite libérale créée par Silvio Berlusconi, les deux autres partis de la coalition gouvernementale à Rome, Fratelli d'Italia de Mme Meloni et La Ligue de Matteo Salvini sont de culture eurosceptique. Giorgia Meloni a néanmoins mis de l'eau dans son vin depuis son arrivée aux affaires fin 2022, l'Italie étant le principal pays bénéficiaire du plan de relance post-pandémie de l'UE, avec près de 200 milliards d'euros de subventions et de prêts en échange de réformes d'ici 2026.

Sur sa droite, son vice-Premier ministre, Matteo Salvini, n'en finit pas, lui, de défendre Donald Trump contre « l'Allemande Ursula von der Leyen ». « Aucune polémique pendant mon voyage », a mis en garde la dirigeante italienne. Mme Meloni n'effectuera qu'une visite-éclair à Washington et reviendra vendredi à temps pour accueillir le vice-président américain JD Vance à Rome.



Avocate du « Made in Italy » mais pressée par Bruxelles de parler au nom de ses partenaires européens, Giorgia Meloni doit rencontrer Donald Trump jeudi à Washington pour une mission délicate sur les droits de douane. Seule dirigeante de l'UE invitée à l'investiture du président américain en janvier, la cheffe de la coalition ultraconservatrice au pouvoir à Rome a l'oreille du locataire de la Maison-Blanche.Ils partagent un large socle idéologique, des restrictions à l'accès à l'avortement aux entraves à l'immigration, du credo chrétien au combat contre les « wokistes ». Les sépare néanmoins le dossier ukrainien: Mme Meloni, dépositaire d'une tradition anticommuniste ancrée dans le fascisme qui a forgé son atlantisme, compte au nombre des plus fervents soutiens de Kiev depuis l'invasion russe.Tandis...