Un drapeau jordanien flotte dans le vent. AFP
La Jordanie a annoncé mardi l’arrestation de 16 individus liés aux Frères musulmans, entraînés et financés au Liban. Ils sont accusés d’avoir planifié des attaques à l’intérieur du royaume en utilisant des roquettes et des drones. Les autorités ont précisé qu’au moins une roquette était prête à être lancée, dans le cadre d’une opération surveillée par les forces de sécurité depuis 2021.
Une source de sécurité a affirmé que les suspects sont affiliés aux Frères musulmans, principal groupe d’opposition en Jordanie, et que le chef de la cellule responsable de la formation de certains d'entre eux est basé au Liban.
Les Frères musulmans sont accusés d’avoir incité à des manifestations antigouvernementales dans un pays à forte population palestinienne. Les forces de sécurité ont découvert un site de fabrication de roquettes ainsi qu’un atelier de production de drones, selon un communiqué du département général du renseignement diffusé par les médias officiels. « Le complot visait à nuire à la sécurité nationale, semer le chaos et causer des destructions matérielles dans le royaume », indique le communiqué.
Les suspects ont été déférés devant la cour de sûreté de l’État pour y être jugés. « Nous parlons de nouvelles tactiques : des roquettes et des drones. Cela marque un changement radical dans la manière avec laquelle les Frères musulmans traitent avec la Jordanie et ciblent sa sécurité », a déclaré Amer al-Sabaileh, un analyste sécuritaire de renom.
Les Frères musulmans ont démenti tout lien avec le complot présumé dans une déclaration transmise à Reuters. Le groupe a affirmé avoir toujours privilégié une démarche politique pacifique et souligné que sa branche jordanienne opérait légalement depuis plusieurs décennies.
Le porte-parole du gouvernement, Mohammad al-Momani, a précisé dans un point presse que les aveux complets des suspects, dont certains avaient été entraînés au Liban, seraient rendus publics.
Les roquettes, retrouvées dans une cache secrète en périphérie de la capitale Amman, étaient conçues avec une portée de 3 à 5 kilomètres pour atteindre des cibles à l’intérieur du royaume, a ajouté M. Momani. Une source de sécurité a indiqué que des dizaines de roquettes avaient été découvertes.
Nawaf Salam contacte son homologue jordanien
Selon la présidence du Conseil, le Premier ministre Nawaf Salam est entré en contact avec son homologue jordanien, Jaafar Hassan, « afin d’exprimer la pleine solidarité du Liban avec la Jordanie face à toute tentative de porter atteinte à sa sécurité et à sa stabilité ». M. Salam a exprimé « la disponibilité totale du Liban à coopérer avec les autorités jordaniennes » et réaffirmé « le refus catégorique que le pays serve de base ou de point de départ à toute action susceptible de menacer la sécurité d’un pays frère ou ami ».
Avant cela, une source gouvernementale libanaise citée par l’agence al-Markaziya, avait indiqué que « le Liban n’a reçu aucune plainte officielle de la Jordanie ». La même source avait ajouté que « des contacts sont en cours entre Beyrouth et Amman pour comprendre la nature des menaces et les parties accusées ».
La Jordanie avait affirmé avoir déjoué l'année dernière plusieurs tentatives de contrebande d’armes par des infiltrés liés à des milices pro-iraniennes en Syrie et à des groupes palestiniens radicaux basés au Liban. Certaines de ces armes étaient destinées à la Cisjordanie occupée par Israël, ont indiqué les autorités, précisant avoir arrêté plusieurs Jordaniens en lien avec des activistes palestiniens. Les responsables de la sécurité ont estimé que ces incidents étaient liés au terrorisme, compte tenu des quantités d’explosifs retrouvées. Ils ont affirmé que ce complot s’inscrivait dans le cadre des efforts clandestins de l’Iran et de ses alliés visant à recruter des agents pour mener des actes de sabotage à l'intérieur du royaume, dans le but de déstabiliser l’un des alliés de Washington dans la région.
La Jordanie héberge plus de 3 500 soldats américains répartis sur plusieurs bases. Depuis le début de la guerre entre Israël et les groupes palestiniens à Gaza en octobre 2023, la monarchie hachémite est de plus en plus ciblée par des groupes soutenus par l’Iran et opérant en Syrie et en Irak.
Cet article est une traduction de l'anglais d'une information diffusée par Reuters.
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