Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Droits humains

Amnesty exhorte à suspendre un méga-projet d'urbanisme en Éthiopie et cesser les expulsions forcées


Des voitures sur une avenue d'Addis Abeba, capitale de l'Éthiopie, le 27 juillet 2024. Photo d'illustration AFP

Un niveau d'expulsions forcées « sans précédent », sans indemnisation et un climat de peur : les autorités éthiopiennes doivent « immédiatement suspendre » un vaste projet de rénovation urbaine en cours à Addis Abeba et dans des dizaines d'autres villes à travers le pays, a exhorté lundi Amnesty International.

Le « projet de développement de corridor », qui consiste en un élargissement et rénovation des rues, est porté à l'échelle nationale par le Premier ministre Abiy Ahmed, au pouvoir depuis 2018, et qui a obtenu l'année suivante le prix Nobel de la paix. Des habitations et commerces qui se trouvent sur le périmètre du projet sont rasés depuis plusieurs mois à Addis Abeba et dans plus d'une cinquantaine de villes.

Selon un rapport publié par Amnesty, les autorités éthiopiennes « n'ont pas mené de consultation adéquate avec les populations concernées, n'ont pas donné de préavis suffisant et aucune des personnes n'a déclaré avoir reçu d'indemnisation ». L'ONG de défense des droits humains a exhorté les autorités à « cesser immédiatement » les expulsions forcées et suspendre le projet « jusqu'à ce qu'une enquête indépendante soit menée sur ses conséquences en matière de droits humains ».

Interrogées, les autorités n'ont pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.

Le niveau des expulsions est « sans précédent en Éthiopie », s'est alarmé Amnesty, évoquant le climat de peur des résidents qui vivent dans les villes où se développe le projet, ignorant « s'ils seront les prochains à être déplacés ». L'ONG s'est entretenue en janvier et février avec 47 familles qui ont été expulsées à Addis Abeba, et qui ont toutes requises l'anonymat, pour des raisons de sécurité. Selon ces derniers, une semaine après une réunion publique, « des membres de l'administration municipale ont fait du porte-à-porte, demandant aux habitants de quitter leur domicile dans les trois jours et les avertissant que leurs logements seraient démolis ». Pour les personnes interrogées par Amnesty, « leurs logements avaient été démolis dans les 24 à 72 heures ». Les personnes expulsées ont été contraintes de louer des logements situés en périphérie de la ville.

« Mon enfant souffre parce que son école est désormais trop loin (...) Notre vie sociale est détruite. La vie est également devenue chère à cause des frais de transport et de loyer supplémentaires », a déclaré une personne citée dans le rapport.

Deux journalistes contactés par Amnesty International ont affirmé avoir été « victimes de harcèlement » lorsqu'ils ont tenté de faire des sujets sur le corridor, sans donner plus de détails sur les responsables.

Les partenaires internationaux « devraient inciter les autorités éthiopiennes à mettre fin aux expulsions forcées sans plus tarder », soutient à l'AFP Haimanot Ashenafi, chercheuse à Amnesty.

Les autorités d'Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé du continent avec quelque 130 millions d'habitants, sont régulièrement critiquées par les organisations internationales et les ONG pour les atteintes aux droits humains et la répression des voix dissidentes.

Un niveau d'expulsions forcées « sans précédent », sans indemnisation et un climat de peur : les autorités éthiopiennes doivent « immédiatement suspendre » un vaste projet de rénovation urbaine en cours à Addis Abeba et dans des dizaines d'autres villes à travers le pays, a exhorté lundi Amnesty International.Le « projet de développement de corridor », qui consiste en un élargissement et rénovation des rues, est porté à l'échelle nationale par le Premier ministre Abiy Ahmed, au pouvoir depuis 2018, et qui a obtenu l'année suivante le prix Nobel de la paix. Des habitations et commerces qui se trouvent sur le périmètre du projet sont rasés depuis plusieurs mois à Addis Abeba et dans plus d'une cinquantaine de villes.Selon un rapport publié par Amnesty, les autorités éthiopiennes «...