
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Joe Raggi, arrive à la conférence de Bruxelles IX « Aux côtés de la Syrie : répondre aux besoins d'une transition réussie », au bâtiment Europa à Bruxelles, le 17 mars 2025. Photo Nicolas Tucat / AFP
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Joe Raggi, a affirmé jeudi que le Liban « a été clairement informé qu’aucune aide internationale ni reconstruction n’auront lieu sans l’exclusivité des armes au nord et au sud du Litani, dans un entretien au média Asharq al-Awsat.
Le ministre a précisé que ce message a été de nouveau transmis aux autorités libanaises par l’envoyée américaine, Morgan Ortagus, lors de sa visite à Beyrouth le week-end dernier, sans pour autant fixer de calendrier pour cette exigence, tout en soulignant la nécessité d’agir « au plus vite ».
L'émissaire de Washington a également parlé d’une « fenêtre d’opportunité » pour le Liban, tout en rappelant que ce soutien américain reste soumis à plusieurs conditions : « L’administration américaine souhaite aider le Liban à libérer ses territoires, reconstruire et relancer son économie, mais en contrepartie de certaines exigences, notamment des réformes économiques, réclamées aussi bien par la communauté internationale, les pays arabes du Golfe, que par les Libanais eux-mêmes, ainsi que l’exclusivité des armes au sein des institutions étatiques », a déclaré M. Raggi.
Et d'ajouter : « Le message est clair : la communauté internationale veut que l’État libanais exerce sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, pas seulement au sud du Litani. (..) Il n’existe pas d’État au monde qui accepte la présence d’armes en dehors de ses institutions. Il s’agit donc autant d’une exigence internationale que d’une volonté libanaise ».
L'entretien du ministre Raggi a été publié alors que la question du désarmement du Hezbollah et du monopole des armes aux mains de l'État fait polémique entre les membres du cabinet de Nawaf Salam ces derniers jours. Une sortie, dimanche, du ministre de la Culture Ghassan Salamé, qui s'oppose au terme de « désarmement » mais prône le « monopole du pouvoir aux mains de l'État », liant sous ce concept, d'une part la remise de l'arsenal du Hezbollah et de l'autre la reconstruction du Liban-Sud, avait ainsi provoqué la colère des Forces libanaises, dont est proche M. Raggi. Ghassan Salamé est d'ailleurs revenu à la charge sur cette question jeudi, dans un entretien sur l'agence russe Sputnik.
Négociations avec Israël « techniques et complexes »
Au sujet des comités de négociation avec Israël, M. Raggi a confié que les Israéliens et les Américains ont proposé la création de « trois comités pour discuter des cinq points occupés, des prisonniers et des points frontaliers contestés ». Il a cependant affirmé que le Liban avait refusé de négocier sur les deux premiers sujets : « Nous n’occupons pas de terres israéliennes, ni ne détenons de prisonniers israéliens. Israël doit se retirer immédiatement et sans condition des cinq points, et libérer les détenus ».
De plus, il a précisé que seul le dossier de la délimitation des frontières, qu’il a qualifié de « technique et complexe », est sujet à négociation. Il a également mentionné qu’une idée avait circulé concernant la composition civile de ces comités, mais qu’elle n’avait pas été discutée davantage, notamment par l’émissaire américaine.
Le chef de la diplomatie a souligné que le Liban œuvre quotidiennement à faire pression sur Israël pour qu’il se retire des territoires occupés. Selon lui, cette démarche priverait le Hezbollah de tout argument pour conserver ses armes et renforcerait la position de l’État, qui prône une libération pacifique. « Si nous avions une force militaire et économique, notre action diplomatique serait plus efficace, mais nous ne disposons que de l’amitié des pays qui veulent nous aider », a-t-il souligné.
À propos des négociations entre les États-Unis et l’Iran, M. Raggi a indiqué qu’il n’était « pas encore clair jusqu’où celles-ci pourraient aller » et qu'elles porteraient selon lui « sur le programme nucléaire, les missiles balistiques et les organisations militaires affiliées à Téhéran, dont le Hezbollah ». « Il est toutefois peu probable que tout accord puisse inclure une demande iranienne pour que le Hezbollah rende ses armes », a-t-il commenté.
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