
Un ouvrier assis au milieu des débris du port de Beyrouth, le 27 juin 2024. Mohammad Yassine/L'OLJ
Une organisation a appelé mercredi les autorités libanaises à traiter le problème du blé en fermentation qui reste stocké depuis des années à l'intérieur des silos encore debout du port de Beyrouth, partiellement détruits par la double explosion du 4 août 2020, mettant en garde contre les risques d'incendie et donc d'effondrement de ce qu'il reste de cette structure.
La campagne de solidarité pour les silos, « image iconique de la tragédie de l'explosion du 4 août 2020 », a lancé son appel, dans un communiqué transmis à L'Orient-Le Jour par l'association des proches de victimes, au Conseil des ministres, gouverneur de Beyrouth, Conseil supérieur de défense, Conseil supérieur de l'armée, ainsi que plusieurs ministres et la Direction de la Défense civile. Elle les a exhortés à « assumer leurs responsabilités » et agir rapidement pour « régler le problème de la fermentation des graines dans les silos, qui constitue un danger majeur pour la santé publique ». Le texte réclame une « stratégie efficace pour retirer ces graines », en faisant appel à des experts locaux et internationaux afin de se « procurer les équipements nécessaires pour mener à bien cette opération ».
Parmi les membres fondateurs de ce collectif se trouvent des associations de familles des victimes ainsi que des habitants de la zone touchée par les explosions, l’Ordre des ingénieurs et architectes de Beyrouth, Beirut Urban Lab/AUB, Legal Agenda, et de nombreuses autres organisations patrimoniales et locales.
Chaque été, retour à la fermentation du blé
Chaque début d’été, ou lors de vagues de chaleur traversant le pays, comme celle de ces derniers jours, les conditions météorologiques favorisent la fermentation et la détérioration du blé stocké dans les silos, entraînant une mauvaise odeur dans certains quartiers de la capitale. En 2022, au moins un incendie aurait été causé par des céréales en fermentation abandonnés dans la partie nord du silo effondré.
À quelques semaines de l’arrivée des températures élevées, la campagne, qui œuvre pour la préservation du site en tant que « patrimoine culturel », déplore l'inaction des autorités et le fait que la démolition du site soit toujours envisagée. En mars 2022, le gouvernement de Nagib Mikati avait approuvé leur démolition, avant que cette décision ne soit remise en question deux jours plus tard, par le ministère de la Culture ayant classé les silos sur la liste du patrimoine national. Toutefois, le 14 avril 2022, le cabinet était revenu à la charge, confiant au Conseil du développement et de la reconstruction la démolition de la structure.
« Les silos ainsi que le site de la tragédie sont la représentation de la mémoire collective du peuple et de la ville », souligne le collectif dans son communiqué de mercredi. Le texte rappelle qu’en 2021, la société Recygroup avait été chargée de vider les silos des graines, avec un financement français, mais que cette mission n’a pas été menée à bien.
Fin 2022, des experts précisaient à L’Orient-Le Jour que « la partie sud de la structure continue de tenir bon et pourrait être préservée sans difficultés considérables ».
Alors que l'enquête sur l'explosion reste entravée par des pressions politiques, les proches des victimes ainsi que de nombreuses organisations de la société civile sont mobilisés pour exiger la préservation du site de l'explosion ainsi que du bâtiment des silos, afin d'en faire un lieu de mémoire pour honorer les victimes de l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire.
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