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Dernières Infos - Bosnie

L'entité serbe prépare une riposte après la condamnation de son président

Le leader des Serbes de Bosnie Milorad Dodik (C) prononce un discours en compagnie du président de la Serbie, à Banja Luka, dans le nord de la Bosnie-Herzégovine, le 26 février 2025, après la condamnation de Milorad Dodik à un an de prison. Photo AFP

Le Parlement de l'entité serbe de Bosnie se réunit jeudi en urgence pour préparer une riposte et débattre d'une batterie de mesures en réponse à la condamnation en justice du chef politique des Serbes de Bosnie Milorad Dodik.

Le président de la Republika Srpska (RS, entité serbe), M. Dodik, 65 ans, a été condamné mercredi à une peine d'un an de prison, assortie d'une interdiction d'exercer pendant six ans sa fonction actuelle par la Cour d'Etat de Sarajevo. Il a été reconnu coupable de non-exécution des décisions du haut représentant international, chargé de veiller au respect de l'accord de paix de Dayton qui a consacré la division de la Bosnie d'après-guerre en deux entités : la RS et la Fédération croato-musulmane.

Ces deux entités largement autonomes sont reliées par un gouvernement central, solidifié pendant des années après la guerre, souvent sous la pression internationale. Un processus qui est remis en question par Milorad Dodik, qui veut l'arrêter, voire même faire marche arrière et supprimer certaines institutions.

Le verdict a été aussitôt qualifié de « coup d'Etat » par l'Assemblée des Serbes de Bosnie. Plusieurs lois sont à l'ordre du jour jeudi au Parlement de la RS, à Banja Luka (nord de la Bosnie, chef-lieu de l'entité serbe), notamment celles portant sur l'interdiction pour la Cour d'Etat, le Parquet d'Etat et la force de police centrale (SIPA), d'exercer sur le territoire de la RS.

Test important

Un tel scénario serait un test important pour les institutions centrales du pays, estiment des analystes. Le membre bosniaque (musulman) de la présidence tripartite de la Bosnie, Denis Becirovic, a tenu à rassurer les habitants du pays. « Pas besoin de paniquer. Les gens doivent garder leur calme. Les institutions de l'Etat, ensemble avec nos alliés, doivent faire des actions, compliquées et légales, voire décisives lorsque c'est nécessaire », a-t-il déclaré à une télévision locale. « Personne ne doit jouer avec l'Etat », a-t-il mis en garde.

Dans une réaction jeudi, l'Union européenne a appelé « tous les acteurs politiques » à « respecter les décisions de justice (...) sans exercer de pression ou d'ingérence », a déclaré un porte-parole de la Commission européenne, Anouar El Anouni. De son côté, la porte-parole du Département d'Etat américain Tammy Bruce a dit sur X que Washington s'opposait « fermement à toute action des dirigeants locaux qui porterait atteinte à la sécurité et à la stabilité ».

Par ailleurs, un projet de loi sur la mise en place d'un « registre spécial » pour les organisations non-gouvernementales, inspirées des lois russes sur les « agents étrangers », a également été préparé par le gouvernement serbe de Bosnie.

Ce gouvernement a lancé cette procédure même si M. Dodik semblait vouloir d'abord proposer un « dialogue » aux autres acteurs politiques en Bosnie, après s'être entretenu mercredi soir à Banja Luka avec le président serbe Aleksandar Vucic. Ce dernier l'a encouragé à résoudre « des problèmes par le dialogue, et pas par les menaces et les chantages ».

Condamnation « politique »

Le jugement prononcé contre M. Dodik a été prononcé par une juridiction de première instance. Son avocat, Me Goran Bubic a déclaré jeudi matin à une télévision locale que son client n'avait pas encore décidé s'il allait interjeter appel. Moscou a dénoncé jeudi la condamnation « politique » de M. Dodik. Ce dernier a soigné ses relations avec le président russe Vladimir Poutine même après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.

« Les poursuites visant M. Dodik sont tout à fait politiques et sont dirigées non seulement contre lui, mais contre toutes les forces patriotiques », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d'un briefing à Moscou auquel participe l'AFP. La Russie « condamne de tels actes puisqu'ils sont capables d'aboutir à des conséquences négatives (...) pour l'ensemble des Balkans », a-t-il souligné.

Milorad Dodik a régulièrement accusé l'ancien ambassadeur américain à Sarajevo Michael J. Murphy -- qui a tout juste quitté le pays -- d'avoir été « l'instigateur » de son procès monté avec l'objectif de l' »éliminer de l'arène politique ». Le patron de la RS, au pouvoir depuis 2006, est visé par des sanctions américaines depuis 2017, notamment à cause de ses actions « séparatistes ».

Le Parlement de l'entité serbe de Bosnie se réunit jeudi en urgence pour préparer une riposte et débattre d'une batterie de mesures en réponse à la condamnation en justice du chef politique des Serbes de Bosnie Milorad Dodik.Le président de la Republika Srpska (RS, entité serbe), M. Dodik, 65 ans, a été condamné mercredi à une peine d'un an de prison, assortie d'une interdiction d'exercer pendant six ans sa fonction actuelle par la Cour d'Etat de Sarajevo. Il a été reconnu coupable de non-exécution des décisions du haut représentant international, chargé de veiller au respect de l'accord de paix de Dayton qui a consacré la division de la Bosnie d'après-guerre en deux entités : la RS et la Fédération croato-musulmane.Ces deux entités largement autonomes sont reliées par un gouvernement central,...