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Moyen-Orient - Syrie

« César », l'homme derrière des photos de torture dans les prisons syriennes révèle son identité

Farid al-Mazhan est originaire de Deraa, berceau de la révolution syrienne et travaillait à Damas au sein du commandement de la police militaire. 

Farid al-Mazhan, l'homme à l'origine de milliers de photos de corps suppliciés dans des centres de détention en Syrie, surnommé « César », a révélé jeudi pour la première fois son identité lors d'un entretien à la chaîne qatarie Al Jazeera. Capture d'écran.

L'homme à l'origine de milliers de photos de corps suppliciés dans des centres de détention en Syrie, surnommé « César », a révélé jeudi pour la première fois son identité lors d'un entretien à la chaîne qatarie Al Jazeera, deux mois après la chute du président Bachar el-Assad.

« Je suis l'adjudant-chef Farid al-Mazhan, chef du bureau des preuves judiciaires à la police militaire de Damas, connu sous le nom de César, fils de la Syrie libre, originaire de Deraa, berceau de la révolution syrienne », a déclaré l'homme arborant une barbe grisonnante, costume sombre et chemise blanche. « Je travaillais à Damas au sein du commandement de la police militaire, et je résidais à al-Tal, en banlieue de la capitale », a-t-il ajouté.

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Il a souligné, qu'après le début du soulèvement en Syrie en 2011, sa mission a consisté à « photographier les corps des morts en détention, vieillards, femmes et enfants arrêtés aux postes de contrôle à Damas, ou lors de manifestations appelant à la liberté et à la dignité ». « Ils étaient arrêtés, torturés, exécutés de manière méthodique et sanglante, avant que leurs corps ne soient transférés vers des morgues militaires pour être photographiés, puis enterrés dans des fosses communes », a-t-il poursuivi.

Régime Assad « assassin »

En 2014, il a fait défection, emportant plus de 50.000 clichés effroyables, après la répression brutale par le pouvoir de Bachar el-Assad des manifestations prodémocratie. « C'était un choix existentiel : soit je restais avec ce régime assassin et j'en devenais complice, soit je le quittais, en assumant les conséquences de ma décision, à savoir la traque, les poursuites et les menaces de mort », a-t-il expliqué. Il a précisé avoir retardé son départ pour collecter « le plus grand nombre possible de photos documentant et incriminant les services du régime syrien pour crimes contre l'humanité ».

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Il a ajouté également avoir exfiltré les clichés sur des clés USB dissimulées dans ses chaussettes ou de la nourriture, franchissant des points de contrôle tenus aussi bien par les forces gouvernementales que par des factions de l'opposition, en pleine guerre. Aujourd'hui installé en France, il a dit avoir fui d'abord vers la Jordanie, puis le Qatar.

Ses clichés sont à l'origine d'une loi américaine dite « César », entrée en vigueur en 2020, qui impose des sanctions économiques contre la Syrie, et à l'origine de procédures judiciaires en Europe contre d'ex-collaborateurs de Bachar el-Assad.

Dans cet entretien de 50 minutes, il a appelé à la levée des sanctions et à un « soutien international et régional pour reconstruire notre pays libre ».

L'homme à l'origine de milliers de photos de corps suppliciés dans des centres de détention en Syrie, surnommé « César », a révélé jeudi pour la première fois son identité lors d'un entretien à la chaîne qatarie Al Jazeera, deux mois après la chute du président Bachar el-Assad. « Je suis l'adjudant-chef Farid al-Mazhan, chef du bureau des preuves judiciaires...
commentaires (4)

Il y a parfois de simples hommes qui parviennent à devenir des sortes de résistants héroïques malgré la contingencs sévère dans laquelle ils évoluent. Combien de personnel pour un seul comme lui ? A quel moment et pourquoi a t il décidé de combattre ce système si inhumain ? C'est partout et à différentes époques la même question. Une minorité de tempérament "divergent", environ 20 % paraît-il comme pour cette loi immuable dite de Paretto. Mais parmi cette minorité, il faut y soustraire une majorité encore qui refuse de combattre et se contente simplement de se sauver eux-mêmes. I

Nicolas ZAHAR

18 h 07, le 09 février 2025

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Commentaires (4)

  • Il y a parfois de simples hommes qui parviennent à devenir des sortes de résistants héroïques malgré la contingencs sévère dans laquelle ils évoluent. Combien de personnel pour un seul comme lui ? A quel moment et pourquoi a t il décidé de combattre ce système si inhumain ? C'est partout et à différentes époques la même question. Une minorité de tempérament "divergent", environ 20 % paraît-il comme pour cette loi immuable dite de Paretto. Mais parmi cette minorité, il faut y soustraire une majorité encore qui refuse de combattre et se contente simplement de se sauver eux-mêmes. I

    Nicolas ZAHAR

    18 h 07, le 09 février 2025

  • Un héros. Grace à lui, la Justice peut etre rendue et l'Histoire écrite.

    Moi

    11 h 54, le 07 février 2025

  • Un Juste, parmi les justes.

    Fingal Victor

    11 h 45, le 07 février 2025

  • Un véritable héros de l’ombre, d’autant plus qu’il était issu de l’appareil sécuritaire du tyran . I; mérite sa statue, et s’il s’intéresse un poste de ministère pour pouvoir aider son peuple. La bonne volonté ne manque chez ce peuple voisin qui une fois la peur dépassée n’a jamais renoncé malgré toutes les sauvageries qu’il a dû subir pour tenter d’enroyer le cours de l’histoire.

    Liban Libre

    10 h 03, le 07 février 2025

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