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Abbé Pierre: pas d'enquête de la justice française pour cause de prescription


L'abbé Pierre à la fondation Emmaüs à Esteville, dans le nord-ouest de la France, le 6 mai 1994. Photo JOEL SAGET / AFP

Aucune enquête pénale ne sera ouverte en France pour établir des responsabilités dans les multiples accusations d'agressions sexuelles visant depuis l'été 2024 l'abbé Pierre, figure de la lutte contre la pauvreté: le prêtre est décédé en 2007 et la non-dénonciation des faits est couverte par la prescription.

La Conférence des évêques de France (CEF), qui avait demandé à la justice d'étudier la possibilité d'une enquête, a dit "regretter la décision du parquet", "tout en la comprenant".

La CEF "exprime sa proximité aux personnes victimes et redit sa détermination à agir pour que toute la vérité possible soit faite sur les actes commis par l'abbé Pierre", a-t-elle ajouté.

Longtemps figure iconique de la défense des démunis, l'abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, était visé fin janvier par 33 accusations de violences sexuelles.

Ces agressions sexuelles et viols ont été révélés dans trois rapports différents publiés depuis juillet 2024 par le cabinet Egaé, mandaté par le mouvement Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre pour faire la lumière sur les agissements du prêtre.

Le premier rapportait des témoignages de harcèlement et d'agressions sexuelles contre le défenseur inlassable des plus démunis et des mal-logés, provoquant une onde de choc en France.

A la publication du dernier rapport, mi-janvier, Emmaüs a qualifié son fondateur de "prédateur". Parmi les nouvelles accusations figuraient un viol sur mineur et des faits concernant au moins un membre de la famille du prêtre.

Les faits dénoncés s'étalent des années 1950 aux années 2000.

Action publique éteinte 

Par courrier, le 24 janvier, "le parquet de Paris a fait savoir que l'action publique était éteinte par le décès du mis en cause en 2007 en ce qui le concernait personnellement, et prescrite en ce qui aurait éventuellement pu concerner des non-dénonciations de faits", indique-t-il mardi, sollicité par l'AFP.

"Une enquête judiciaire a pour objectif de rechercher si des faits pénalement répréhensibles peuvent et doivent être jugés", rappelle-t-il. 

"L'analyse des trois rapports d'Egae n'a pas permis de révéler la situation de victimes pour lesquelles la commission d'une éventuelle non-dénonciation serait encore susceptible de poursuites", précise-t-on de même source.

Pour la ministre de l'Egalité entre les femmes et les hommes Aurore Bergé, "le sinistre +cas Abbé Pierre+ démontre une nouvelle fois combien la prescription empêche les enfants devenus adultes" d'avoir droit à "l'accès à la justice".

"C'est tout l'enjeu de la proposition de loi - que j'ai déposée et que je défends - qui permet d'instaurer l'imprescriptibilité civile des violences et agressions sexuelles commises sur des mineurs", ajoute-t-elle sur X.

La Fondation Abbé Pierre, que le prêtre avait créée avec des proches en 1987 pour lutter contre le mal-logement, a officiellement changé de nom le 25 janvier pour devenir la "Fondation pour le Logement des Défavorisés". 

De son côté, Emmaüs France, poids lourd de l'aide aux plus précaires fondé en 1949, a fermé définitivement le lieu de mémoire dédié au prêtre, à Esteville, dans l'ouest de la France, recommandé à ses structures adhérentes d'ôter tous les visuels le représentant et retiré de son logo la mention à l'abbé Pierre, son fondateur.



Aucune enquête pénale ne sera ouverte en France pour établir des responsabilités dans les multiples accusations d'agressions sexuelles visant depuis l'été 2024 l'abbé Pierre, figure de la lutte contre la pauvreté: le prêtre est décédé en 2007 et la non-dénonciation des faits est couverte par la prescription.

La Conférence des évêques de...