Le Français Louis Arnaud, qui a passé près de deux ans en détention en Iran, a décrit jeudi sur la chaîne France 24 les conditions épouvantables d'incarcération en isolement et répété l'"urgence absolue" à faire libérer les autres otages européens, dont trois Français.

Louis Arnaud, consultant âgé aujourd'hui de 36 ans, a été arrêté en septembre 2022 à Téhéran, au moment où commençaient les manifestations du mouvement Femme Vie Liberté, et libéré en juin 2024.

"Quand j'ai été arrêté, on m'a emmené dans le quartier de haute sécurité de la prison d'Evin à Téhéran, le bâtiment 209 que tous les Iraniens connaissent", a raconté pour la première fois l'ancien prisonnier.

Cellule d'environ 8 m2 sans fenêtre, lumières allumées 24 heures sur 24, surveillance permanente de caméras... "Vous êtes traité comme un animal, tout est fait pour que vous soyez déchu de votre humanité, vous vivez, dormez, mangez à même le sol. On ne vous parle pas, on vous aboie dessus, et on vous sort une à deux fois par semaine une demi-heure pour prendre l'air, c'est tout", a-t-il décrit.

Dans cet endroit, "vous êtes complètement coupés du monde... la seule chose qui vous parvient ce sont les cris, les hurlements d'autres détenus, qui tentent de se débattre ou qu'on essaye de soumettre", a-t-il poursuivi, expliquant avoir eu, en six mois, droit à trois appels de quelques minutes avec ses proches.

"Tenir, survivre dans cet endroit, c'est un combat de chaque jour, de chaque heure, de chaque minute. À tout moment, on risque de s'effondrer", a insisté M. Arnaud, en parlant de "torture psychologique".

"Moi j'y ai passé six mois qui m'ont paru six ans. Olivier Grondeau y a passé plusieurs mois. Cécile (Kohler) et Jacques (Paris) sont dans ces quartiers depuis presque trois ans", a-t-il rappelé, en référence aux trois autres Français détenus en Iran.

"Je ne sais même pas comment il est possible de tenir sur une telle durée. Il y a vraiment une urgence absolue à les sortir de là", a-t-il répété, tout en évoquant le sort des autres otages européens et des prisonniers politiques iraniens.

"Une partie de moi est restée là-bas avec eux", a-t-il dit.

L'Iran détient plusieurs Européens ou binationaux, qualifiés d'"otages d'Etat" par les chancelleries occidentales.

Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a exhorté la semaine dernière les Français à ne pas se rendre en Iran.