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Cinéma - Film

Quand Maria voulut retrouver Callas

Diffusé sur Netflix États-Unis depuis le 11 décembre, « Maria » est le troisième biopic de Pablo Larrain. La performance d’Angelina Jolie dans le rôle-titre vaudra-t-elle un Oscar ?

Quand Maria voulut retrouver Callas

Angelina Jolie dans la peau de Maria Callas. Photo Pablo Larrain

Le mois de décembre 2024 a été marqué par la diffusion très attendue, sur le réseau américain Netflix (accessible par VPN), de Maria, le film du réalisateur et scénariste chilien Pablo Larrain, dont le personnage principal, Maria Callas, est joué par Angelina Jolie. Alors que le distributeur au Moyen-Orient Italia Film l’a annoncé pour le 16 janvier, le film sortira à Paris, exclusivement en salle, le 5 février 2025.

Après les biopics Jackie en 2016 sur Jackie Onassis et Spencer en 2021 sur la princesse Diana, Pablo Larrain s’intéresse dans Maria à la fin de vie de la cantatrice née à New York dans une famille de migrants grecs. La vie de Maria Callas, qui bouleversa l’opéra au XXe siècle en fusionnant performance théâtrale et vocale, fait partie de ces parcours tragiques dont on tisse les grands récits. Une bonne histoire suffit-elle pour faire un grand film ? Pour l’heure, Maria est nominé aux Oscars 2025 dans la catégorie « Maquillage », en attendant la désignation des finalistes dans les catégories reines.

Pour jouer le rôle-titre de Maria Callas, Angelina Jolie s’est astreinte à des cours de chant lyrique pour les séquences où elle campe la cantatrice s’essayant à ressusciter sa voix qui défaille. L’actrice a dû aussi répéter, des mois durant, la posture, le regard, la démarche et les hésitations de la diva. Avec ses pommettes saillantes, ses lèvres charnues et les artifices des maquilleurs, la blonde américaine affublée des grandes lunettes à double foyer de la très myope Callas incarne de manière convaincante cette Méditerranéenne au tempérament de feu.

Engourdie par l’abus de Mandrax

Sur le scénario de Steven Knight, Larrain a adopté une approche introspective. Il s’est concentré sur la dernière semaine de la vie de Maria Callas, quasi recluse avec ses souvenirs entre les murs de son appartement parisien, 36, avenue Georges Mandel, dans le 16e arrondissement. L’appartement a été reproduit à l’identique d’après des photos d’archives dans un immeuble désaffecté de Budapest. Seules les vues sur Paris ont été prises des fenêtres de l’appartement d’origine. Deux éléments de décor de ce lieu privé sont quasiment des personnages à part entière. Ils contribuent à l’effet dramatique d’un film conçu en trois actes selon le plan d’une tragédie classique. Le lit d’abord, démesuré, dont la tête rococo habillée de satin ciel, ornée d’un tableau ovale en son centre et entourée de moulures dorées, monte en pointe jusqu’au plafond. Maria y passe de plus en plus de temps, engourdie par l’abus de Mandrax, un sédatif hypnotique qui lui donne des hallucinations. Il est si vaste qu’elle y paraît minuscule. Un effet « princesse au petit pois » délibérément créé par Larrain.

L’autre élément est le piano à queue Steinway de la diva, reproduit à une échelle plus petite pour passer par les portes. La cantatrice oblige son majordome Ferruccio Mezzardi, campé par Pierfrancesco Favino, à le déplacer d’une pièce à l’autre, selon son humeur et jusqu’à plusieurs fois par jour, malgré qu’il souffre de problèmes de dos chroniques. Le décor restitue la palette de couleurs des années 1970, nuances de fauve ou de bleu, selon que la scène est intime ou tournée en extérieur.

L’esthétique tantôt médiévale, tantôt rétrofuturiste, de la décennie est également reproduite. À part le fidèle Ferruccio et Bruna Lupoli, sa femme de chambre jouée par Alba Rohrwacher, Maria ne voit pas grand monde. Elle se promène occasionnellement dans Paris avec un jeune journaliste qu’elle rebaptise « Mandrax », tant le passé qu’il fait ressurgir est hallucinatoire. Ainsi, celle que le public italien baptisait « la Divina » et qui n’a plus chanté en public depuis 12 ans, ayant arrêté la scène en 1965, voit venir vers elle au Trocadéro une foule qui devient le Chœur des forgerons du Trouvère de Verdi.

Une mission pour Angelina Jolie : rendre la diva accessible. Photo Pablo Larrain

« Ne chante pas, crie ! »

Maria voit aussi, malgré l’avis du Dr Fontainebleau (Vincent Macaigne), son médecin parisien inquiet pour son fragile organisme, un accompagnateur et admirateur, Jeffrey (Stephen Ashfield), avec lequel elle s’efforce de répéter sans résultats les airs qui ont fait sa gloire. Invariablement, sa voix tombe et se casse au niveau des notes sur lesquelles, naguère, elle funambulait comme personne. Bruna s’extasie, Ferruccio se tait avec éloquence. Mais Jeffrey lui dit : « Ne chante pas, crie ! Crie jusqu’à ce que Puccini et Onassis t’entendent. » Onassis, l’armateur grec milliardaire avec lequel elle vécut une histoire d’amour toxique. Campé par Haluk Bilginer, celui qui épousera Jackie Kennedy interdit à Maria de chanter. Toute son enfance, ayant découvert son talent, sa mère, quant à elle, l’oblige à chanter.

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Rendre la diva plus accessible

Nous sommes en septembre 1977. Le film s’ouvre sur une scène lointaine, dans l’appartement inondé de lumière, où l’on distingue une civière. Maria est morte. Le Mandrax a-t-il eu raison de ses organes vitaux ? Souffrait-elle d’une maladie auto-immune responsable de l’affaiblissement de sa voix ? Larrain veut qu’à quelques minutes de son arrêt cardiaque, alors que Bruna et Ferruccio sont sortis faire des courses, Maria, restée seule, chante enfin comme au temps de sa gloire, sans spectateur ni témoin. Elle chante pour elle-même, pour le bonheur qu’elle a ardûment poursuivi, de transmettre non pas la perfection, mais l’émotion suprême. Ce chant ultime la consume peut-être, mais il lui permet enfin de réparer sa vie en même temps que sa voix, fût-ce avec son dernier souffle.

Malgré quelques pointes d’humour destinées à rendre l’opéra moins élitiste et la diva plus accessible, et malgré la justesse d’Angelina Jolie qui livre ici une performance de grande qualité, on reprochera au film de 2 h 3 mn une linéarité lassante. Rien dans ce destin pourtant exceptionnel ne bouleverse le spectateur, sinon les films d’archives glissés dans la trame, mais ils viennent de la réalité. On aurait voulu y trouver matière à inspiration, matière à émerveillement, mais ce n’est qu’une banale histoire de plus sur une célébrité déchue. C’était pourtant la Callas.

Le mois de décembre 2024 a été marqué par la diffusion très attendue, sur le réseau américain Netflix (accessible par VPN), de Maria, le film du réalisateur et scénariste chilien Pablo Larrain, dont le personnage principal, Maria Callas, est joué par Angelina Jolie. Alors que le distributeur au Moyen-Orient Italia Film l’a annoncé pour le 16 janvier, le film sortira à Paris,...
commentaires (2)

La BLONDE Americaine Angelina Jolie...Avec tout mon repect, je crois que c'est vous qui avez besoin de lunettes double foyer.

Liban Libre

14 h 29, le 06 janvier 2025

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Commentaires (2)

  • La BLONDE Americaine Angelina Jolie...Avec tout mon repect, je crois que c'est vous qui avez besoin de lunettes double foyer.

    Liban Libre

    14 h 29, le 06 janvier 2025

  • Comme un porno, à chacque 10 minutes on a droit à un chant de la callas. Film ennuyeux

    Zampano

    08 h 50, le 06 janvier 2025

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