
Des chars israéliens à Wadi Hojeir, dans le sud du Liban. Photo obtenue par notre correspondant Mountasser Abdallah
Que se passe-t-il au Liban-Sud ? Alors que l'armée israélienne s'est déployée pendant une bonne partie de la journée de jeudi, avec des dizaines de soldats et des véhicules dont des blindés, dans la vallée stratégique de Wadi Hojeir, l'armée libanaise a dénoncé une « infiltration en plusieurs points » et affirmé avoir « renforcé son déploiement » dans la zone. En parallèle de ces développements, des sources au sein de l'armée israélienne ont déclaré au quotidien Haaretz que les troupes « se préparent à la possibilité de rester au Liban-Sud au-delà des 60 jours prévus par l'accord de cessez-le-feu », date à laquelle toutes leurs forces sont censées se retirer de la région. « Ce report aura lieu si l'armée libanaise ne remplit pas les obligations prévues par l'accord et ne parvient pas à reprendre le contrôle total du Liban-Sud », ont-elles précisé. Dans un tel scénario, l'armée israélienne « devrait rester sur place jusqu'à ce que l'armée libanaise puisse remplir ses engagements. »
Lors de sa mobilisation sur la route de Wadi Hojeir, près d'un mois après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu qui lui donne 60 jours pour se retirer du Liban-Sud, l'armée israélienne a notamment érigé un mur de terre pour couper un axe routier et blessé par balles et brièvement arrêté un homme, identifié comme contractuel pour la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul).
Ratissage et monticule de terre
Selon les informations de sources locales et sécuritaires de notre correspondant Mountasser Abdallah, le déploiement de l'armée israélienne vers Qantara et Wadi Hojeir, à au moins sept kilomètres à l'ouest de la Ligne bleue, a commencé vers 7h du matin et les militaires israéliens ont rapidement commencé à ratisser la zone.
Wadi Hojeir relie plusieurs régions, notamment les cazas de Marjeyoun et Nabatiyé. L'armée israélienne n'était pas parvenue à y entrer avant le cessez-le-feu, dans le cadre de son offensive terrestre lancée le 30 septembre. Elle y a aujourd'hui déployé des véhicules sans opposition. Des images obtenues par notre correspondant montrent des soldats israéliens déployés dans la réserve de Wadi Hojeir, en train de surveiller la zone. Sur une autre vidéo, l'on peut voir des tanks au bord d'une route, en train d'ériger un monticule de terre et de fermer un axe reliant Wadi Hojeir à une autre vallée clé du Sud, Wadi Slouki.
Déploiement renforcé de l'armée libanaise
Dans un communiqué, l'armée libanaise a dénoncé en début d'après-midi une « infiltration » israélienne « en plusieurs points » au Liban-Sud, notamment à Qantara, Adaïsset el-Qousseir et Wadi Hojeir. La troupe a accusé l'armée israélienne de « continuer à violer l'accord de cessez-le-feu et de porter atteinte à la souveraineté du Liban ». En réaction, l'armée libanaise a « renforcé son déploiement dans ces zones », après que nos informations avaient fait état de son avancée sur la périphérie de Kaakaïyet el-Jisr. Le commandement militaire libanais « suit la situation avec la Finul et le comité international de surveillance » des termes de l'accord de trêve.
Cette avancée israélienne a poussé dans la matinée les habitants de villages des alentours, notamment Qantara, à fuir les lieux. Plusieurs municipalités, dont celles de Majdel Selm et Touline, ont appelé leurs habitants à ne pas emprunter la route reliant les vallées de Wadi Hojeir et Wadi Slouki ainsi que les axes secondaires allant jusqu'à Qabrikha.
Civil blessé par balles et enlevé
Un avertissement lancé à juste titre, alors qu'un homme originaire de Tebnine, qui avait été porté disparu, a été brièvement enlevé par l'armée israélienne alors qu'il circulait dans la vallée. Selon une source sécuritaire citée par notre correspondant dans le Sud, ce civil, identifié comme un contractuel travaillant avec un contingent de la Finul, était parti de Tebnine dans la matinée et a été blessé par balles à la tête puis arrêté lors de son passage à Wadi Hojeir. Il a été libéré peu après et remis à la Finul et à la Croix rouge, puis hospitalisé.
Contacté par L'Orient-Le Jour, l'expert militaire Riad Kahwagi a indiqué qu'avec cette avancée, Israël veut mener des opérations dans une zone « allant jusqu'à dix kilomètres à l'intérieur du Liban », ce qui était « l'objectif initial de son offensive terrestre ». L'Etat hébreu « profite du cessez-le-feu » pour se déployer, ajoute le spécialiste, qui souligne « l'importance stratégique » de cette vallée au nord de la ville de Bint Jbeil, qui était au coeur d'une bataille importante en 2006. L'armée israélienne est également entrée dans cette zone « parce qu'elle pense que le Hezbollah y a des tunnels et des armes ».
Pour Imad Salamey, analyste politique et professeur à l'université libano-américaine de Beyrouth, l'avancée d'Israël dans la zone « reflète sa confiance croissante dans sa position, en particulier après la chute du régime syrien » et les perturbations que cet événement a causé sur l'approvisionnement du Hezbollah. « Israël profite de cette dynamique pour obtenir des conditions plus favorables dans tout futur arrangement concernant le Liban », selon l'analyste.
Le Hezbollah appelle l'Etat à « réévaluer la situation »
Réagissant à ce développement sur le terrain, Ali Fayad, député du Hezbolla, a dénoncé une « évolution grave et une menace sérieuse » pour l'application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, sur laquelle se base l'accord de cessez-le-feu. Ce déploiement « sape également la crédibilité déjà fragile du comité chargé de superviser » le respect de l'accord. Cela oblige, selon lui, l'Etat libanais à « réévaluer immédiatement la situation », face à un « échec flagrant à limiter » les violations israéliennes.
Dans la journée, toujours au Liban-Sud, l'armée israélienne a fait exploser des maisons à Kfar Kila, dans le même caza de Marjeyoun et a tiré un missile à partir d'un drone sur la périphérie de Khiam. Le missile n'a toutefois pas explosé.
Mercredi, jour de Noël, une frappe israélienne avait visé la région de Baalbeck, au Liban, selon les sources de notre correspondante Sarah Abdallah, dans un premier bombardement mené par l'aviation israélienne sur la vallée de la Békaa depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël, le 27 novembre. Au Liban-Sud, l'armée israélienne a poursuivi ses tirs et dynamitages de maisons dans des localités frontalières, selon les informations de notre correspondant local Mountasser Abdallah, alors que les autorités ont à nouveau réclamé mardi soir la fin des violations du cessez-le-feu par l'Etat hébreu.
Est ce que le HB a déposé les armes comme,il a été stipulé dans l’accord du cessez-le-feu? Non. Alors pourquoi s’étonner de la réaction d’Israel? Ce parti mise sur le long terme pour lasser les israéliens et reprendre du service, cette fois il peut courir ils seront là jusqu’à ce que la dernière soit déposée et ça n’est que pour nous ravir.
18 h 20, le 27 décembre 2024